27 septembre 2005

holiday on ice

Une fois n'est pas coutume, je vais faire le papa gateux.
Ce matin Tirouquin a découvert le patin à glace avec sa classe de grande section de maternelle.
Oh il en avait bien entendu parler, vu des images, mais il ne les avait pas enfilés à ses pieds.
Alors déjà mon fils a les plus mignons petits petons de sa classe. J'étais un peu inquiet mais à la patinoire municipale ils ont du 25 de pointure. Incredible.
Peut-être les pygmées viennent faire du patin à glace en France vu l'absence regrettable de patinoire olympique en afrique équatoriale.



Les autres camarades de sa classe commencent au 28, chacun ses goûts, moi personnellement je trouve ça moins beau.
Surtout que chez tirouquin tout est bien proportionné : il fait également une tête de moins qu'eux. C'est génant pour regarder ce qui se passe sur la patinoire avant d'y être :



mais c'est pratique quand on est sur la glace, on tombe de moins haut et on se fait moins mal.
D'ailleurs c'est peut-être du à un centre de gravité relativement bas, mais tirouquin tombait fort peu. Ou alors grâce à la prudence dont il faisait preuve, évitant les grands gestes des surexcité(e)s de service.



Evidemment quand on exige de lui de ramasser sur la glace un anneau en plastique en prétendant stupidement qu'il s'agit de saucisson à rapporter pour sa maman, les chutes sont plus difficiles à éviter.



J'ai montré aux grands la petite vidéo faite ce matin avec mon apn, et grandfrere s'est pris une taloche lorsqu'il a ri aux chutes de ptifrere, qui est fort susceptible sur certains sujets. On peut le comprendre aussi.

A propos si quelqu'un sait comment on fait pour montrer des petites vidéos sur un blog, je serais infiniment (ou pas loin) reconnaissant, car je pourrais vous montrer l'un faisant du patin à glace ou une autre de la danse orientale, etc... Des courts-métrages dont le monde est actuellement tristement privé.

Patin vient de patte, ce qui tendrait à prouver que l'Homme est à classer dans les bestioles à 2 pattes.
Mais de toute façon j'ai décidé de me désinteresser totalement de la classification des animaux, ayant appris que toinou avait eu tort de penser qu'il fallait classer les 16 animaux à la maison, fallait pas le faire, et en plus fallait pas le faire comme on l'a fait, et j'ai même pas compris les remarques du prof de SVT sur le cahier de fiston. Font ch..., les profs.

25 septembre 2005

week-end sylvestre pour sylphe et sylphide

hier un bois nous accueillit avec ses drôles d'habitants



ses sources enchantées d'eau qui fait grandir



ses toiles d'araignées approchant la cîme des arbres



Soeur Anne, ne vois-tu venir l'hôtesse arachnéenne de cette toile géante ?
Je ne vois que la sylve qui verdoie ... mais par prudence je redescends




L'ainé ne nous avait accompagné, préférant la compagnie d'un sien compagnon.
Ce matin il n'échappa pas à ses devoirs, dont ceux de SVT n'étaient pas les moins plaisants, avec 16 bestioles à classifier suivant les critères physiques de notre choix. (dont 2 araignées)
J'ai tu mes doutes quant à estimer à 0 le nombre de pattes de l'escargot, mais j'ai insisté pour en compter 4 à l'homme contre l'avis de fiston qui en voyait 2, ce qui avait l'inconvénient de nous oter de la compagnie du chien, du chat et de la souris pour nous faire avoisiner le pigeon et le moineau.
Toutefois nous sommes bien tombés d'accord pour classer l'homme dans les "sans queue".
Loin de ces considérations scientifiques, tirouquin n'est jamais "sans estomac", même pas à 14h30 :
- Ivan, est-ce que je peux manger un petit quelque chose ?
- Maman ne vient pas de te dire non ?
- Mais je MEURS de faim !
- J'en doute.
- Si tu ne dis pas oui je vais m'étrangler...
- Si tu veux.
- Regarde, je le fais. Tu veux vraiment que je m'étrangle ?
(il a les deux mains enserrant son mignon petit cou)
- mais oui, vas-y.
En désespoir de cause il ne s'est pas autoétrangler (avec ses propres mains ça doit pas être possible, si ?) mais il est allé voler un bout de pain dans la cuisine.


Promenades dans la langue française (suite)

Moins connu que le Seigneur de La Palice passant dorénavant à son corps défendant pour un enfonceur de portes ouvertes grâce aux lapalissades, l'évèque de Noyon, Acarius, n'est pas mieux loti : à titre posthume il a donné l'adjectif acariâtre à la langue française et il se trouve même un ou deux sites sur internet pour le déclarer comme caractériel alors que, selon toute probabilité, il était d'humeur plaisante quand on ne l'emm... pas trop et c'est parce qu'il passait pour soigner les fous, soit de son vivant, soit de ses reliques, qu'acariâtre a d'abord signifié "privé de raison" avant de prendre par glissement son sens actuel.
Il semblerait qu'Acarius, ou Saint Achaire, soit né par ici dans le Poitou, mais tout porte à croire qu'il n'a pas de lien de parenté avec les possédées de Loudun...
Mes recherches infructueuses ne m'ont pas permis de vérifier une symbolique soupçonnée entre la folie, dont protège St Achaire, et l'araignée. (avoir une araignée au plafond, par exemple). Internet, nombriliste, ne voit plus en l'araignée que la mère de la Toile.

21 septembre 2005

demande à la lune

"elle est trop loin pour la toucher
même un jedi pourrait pas l'attraper. "


(Le dit de tirouquin, extraits)

Encore un petit questionnaire, téléporté par Phoebe

Vous:

- Quel metteur en scène filmerait le mieux votre vie ?

de toute façon ce sera un film chiant alors Marguerite Duras sera parfaite pour ça.

- Quel peintre vous aurait pris(e) pour modèle ?

à part mes enfants, et encore, je vois pas. Si j'étais riche et du bon siècle j'aurais embauché Fantin-Latour pour faire mon portrait. Peut-être.



- Quel auteur aurait écrit le roman de votre vie ?

Proust l'aurait sublimée en quelque chose qui vaudrait d'être lu et me l'aurait fait découvrir.

- Quel dessinateur de BD vous croquerait le mieux ?

c'est déjà fait. Bill Waterson m'a plutôt bien représenté dans le personnage du père de Calvin.


- Quel chanteur pourrait faire une chanson sur vous ?

Bobby Lapointe aurait sans doute réussi ce tour de force.

Intérieur :

- Quel ustensile de cuisine seriez-vous ?

comme je ne me rase pas tous les jours, j'ai tout de la rape à gruyère. "Papa, tu piques" est une des phrases les plus usitées de fifille.

- Quel ingrédient de plat unique seriez-vous ?

ça doit être la maladie mais je comprends pas bien la question. A tout hasard je réponds les épinards.

- Quelle pièce de la maison seriez-vous ?

la chambre de l'ordi (c'est vrai, on a une pièce qui s'appelle comme ça, baptisée ainsi par les nains de jardin)

- Et quel meuble ?

le fauteuil de de Julia Roberts...

- Quel jeu de société seriez-vous ?

le jeu de l'amour et du hasard

Extérieur :

- Quel moyen de transport seriez-vous ?

un livre

- Quelle ville seriez-vous ?

Ur

- Quel musée ?

le musée du bonbon



- Quel pays rêvez-vous de visiter ?

la Terre du Milieu

- Quel objet emporteriez-vous sur une île déserte ?

un voilier

~~ FIN ~~

Promenades dans l'étymologie

Le verbe latin lavare (laver) a donné aussi bien naissance aux lavandières qu'à la lavande d'après mon Larousse, et si j'en crois internet, ce grand propagateur d'informations jamais vérifiées, les romains ajoutaient de la lavande à leur lessive, pour parfumer ou désinfecter, la chose n'est pas très claire.
Maintenant quand j'imagine des lavandières au bord d'une rivière, elles sentent la lavande.



Hébert, jeune lavandière songeuse

dépêches afp (amis-famille-perso)

Mon collégien personnel a des soucis avec l'apprentissage de la flûte. Plus qu'avec l'allemand. Y a des trous partout et il a plein de doigts qu'il n'a pas l'habitude d'utiliser indépendamment des autres. Pas de chance son prof de musique est la terreur du collège. Alors qu'à ma connaissance dans tous les collèges du monde ce sont les collégiens qui sont la terreur des profs de musique.
(vous noterez la belle forme emphatique, j'ai appris ce que c'était ce soir dans son cahier de français, en même temps que la distinction subtile entre interrogation totale et interrogation partielle, on est bien peu de choses)

Titefée a des soucis avec sa tête. Elle a oublié en classe les mots de sa dictée à préparer. Elle est grande et cette année il n'y a pas de copains à moi dans les parents de sa classe alors c'est elle qui téléphone à une camarade de classe. Comme je me méfie, je lui rappelle comment on fait : "tu te présentes et ensuite tu demandes à parler à ta copine".

- Je suis une copine de classe d'Ophélie, est-ce que je peux lui parler ? (c'est ça qu'elle appelle se présenter ?)
...
- ah elle n'est pas là.
...
- salut

moi : à qui tu as dit "salut" ? (ceci est un exemple d'interrogation partielle)
elle : - au papa d'Ophélie.
moi : mais euh tu le connais pas.
Elle hausse les épaules. Les pères se font vraiment des films avec rien.

Tirouquin a des soucis aussi. Quand on se promène en forêt et qu'il veut exprimer une légère critique sur la durée de la chose, il dit : "ça dure long", avec un air accablé.
Il me demande aussi : "elle est plus dure, ton école ?". (voici une interrogation totale, pour le coup)
- "Pourquoi cela ?" (autre exemple d'interrogation partielle)
- "Ben parce que tu es plus grand". (NDLR : le plus agé de la famille)
Il a des soucis avec les cailloux. Il semble y en avoir une infinité de jolis, ou brillants ou intéressants ou sortant de l'ordinaire. C'est un ramassage qui parait n'avoir jamais de fin. Encore plus que les batons car il n'y en a pas tant que ça qui peuvent faire un glaive d'Horus crédible et acceptable.

J'ai des soucis avec l'association de parents d'élèves. Je répète à tout le monde que je ne VEUX pas être président de l'association mais tout le monde s'en fiche. Je ne vais quand même pas déscolariser mes enfants pour y échapper ?

Pour me consoler je lis les étymologies des mots dans mon Larousse. Des fois c'est rigolo, ou mystérieux, et je vous mettrais régulièrement au courant de celles qui me plaisent, si vous le voulez bien. Et même dans le cas contraire...
Alors pour aujourd'hui, j'ai appris que septembre vient de sept aussi paradoxalement en apparence que la sieste vient de six, mais ce n'est qu'en apparence et mes habiles lecteurs trouveront certainement comment cela se fait, même si il n'y a toujours rien à gagner.

19 septembre 2005

quand le BTP va, tout va

Les cent jours de Dominique G. de V. sont un succès.
La croissance est là, l'économie florissante, portée par un marché de l'immobilier en pleine expansion, le chomage recule, les riches s'enrichissent, les pauvres grapillent les miettes avec reconnaissance, les petits porteurs touchent leurs petits dividendes avec une joie dans le regard qui émeut le conseil d'administration, une frénésie d'activité s'empare de l'hexagone, les bétonnières bétonnent, les goudronneuses goudronnent, les grues grutent, les pelleteuses pelletent, les camions camionnent, les décapeuses décapent, les chargeuses chargent, et tout cela grâce à nous :

maison n°1

maison n°2

maison n°3

Bien sûr c'est moins écologique que des maisons en paille, mais cela fait travailler plus de monde.

Tout n'est pas rose Barbie non plus dans le petit monde du BTP : absence de permis de construire, vols de matériaux sur le chantier du voisin ("elle a volé les colonnes de clément"), agressions physiques même ("il a essayé m'étrangler"), mais le résultat est là, trois villas superbes, de style différents et originaux.

Saurez-vous rendre à chaque promoteur sa maison de maçon ?

a- préado révolté
b- fée avec des noeuds dans les cheveux
c- tirouquin pleurnichou

La fée a trouvé une nouvelle manière d'exprimer son mécontentement suite à un conflit sur le chantier de construction : elle claque la porte de sa chambre et déplace son bureau et son lit devant la porte afin de la bloquer.
Soit elle voit trop de films où le héros, poursuivi par des monstres sanguinaires armés de haches, gagne quelque secondes de répit en empilant pianos à queue et table Henri IV,
soit l'étymologie n'a pas de secret pour elle et elle sait que les meubles proviennent du mot latin "mobilis" signifiant "mobile", tout comme l'immobilier justement.

Ou bien elle hésite encore entre une carrière de déménageuse et une carrière d'architecte.

16 septembre 2005

la musique adoucit les morts

Merci à Marianne non seulement de me rendre des petites visites virtuelles depuis sa jolie ville proche, jusqu'à mon blog (laborieux en ce moment), mais aussi de me transmettre un questionnaire, coutume de la blogosphère surprenante pour les étrangers mais finalement bien utile.

Alors c'est parti :

Le volume des fichiers de musique sur mon ordinateur

11 Go
je devrais arrêter d'en mettre, je peux même pas tous les écouter, et Lily m'a dit qu'elle ne m'apporterait pas d'oranges à la prison de la Pierre Levée.

Le dernier CD que j’ai acheté

oups ça date un peu, j'hésite entre Escapology de Robbie Williams et Paradise d'Indochine
Peut-être les deux en même temps d'ailleurs parce que j'ai encore le souvenir de m'être dit dans la galerie marchande de Géant : "contre la déprime achète-toi les cd et les mille-feuilles qui te font envie et tant pis si tu engraisses les majors d'un côté et ta bedaine de l'autre."
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La chanson que j’écoute en ce moment

j'écoutais le silence comme souvent mais pour les besoins du questionnaire j'ai mis ma préférée de la semaine :

"Au conditionnel" de Matmatah

dénotant un profond manque d'originalité et révèlant l'auditeur légèrement honteux de RTL2 (mais quand même je zappe dès que j'entends la voix langoureuse de De Palmas)

les paroles me parlent, et leur "mais il semblerait que je vous aime" sonne pour moi comme la politesse du désespoir (amoureux), avec une retenue et une pudeur dont Céline D. et Lara F. pourraient prendre modèle, pour ne citer qu'elles mais la liste pourrait être longue comme le 42 ieme nombre premier de Mersenne.



Cinq chansons que j’écoute souvent ou qui sont importantes pour moi

A 20 ans c'était "rock'n roll suicide" de David Bowie,

comme d'habitude je ne comprenais pas vraiment les paroles (mais souvent c'est mieux, je peux imaginer les songs anglo-saxonnes bien plus poétiques et mystérieuses qu'elles ne le sont sans doute en réalité), mais le sens général, je l'avais compris, et c'est plus un cri qu'une chanson, ça me broyait le coeur son "You're not alone Gimme your hands"

A 30 ans c'était plutôt le "O solitude" de Purcell en alternance avec sa déchirante "Music for the Funeral of Queen Mary".

malgré le changement total de registre, vous remarquerez une certaine constance dans les thèmes.
J'ai toujours été chaud partisan de la formule de Musset "Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots", conception non partagée par mon entourage.
A cette époque chaque fois que je mettais Chostakovitch sur la platine, ma compagne s'enfuyait en s'écriant "je ne comprends pas qu'on écoute une musique qui donne envie de se suicider tout de suite."
Quant à mes enfants ces jours-ci ils sautent sur mon lit en chantant et en écoutant le "I like to move it" du film Madagascar.
Consternant.


Cela n'étonnera donc personne d'apprendre qu'à presque 40 ans j'écoutais en boucle les chansons romantico-poético-désespérantes du premier album de Kyo, avec une prédilection marquée pour "une dernière danse".
Je me fiche royalement de ce que ça fasse ado attardé.
Dans le même genre il y avait "Quand Sally bat des ailes" du groupe du même nom. Aujourd'hui disparu et oublié pour ce que j'en sais.


Et comme j'ai toujours pas honte, j'ajoute à ma liste une chanson pas triste ni désespérée celle-là, symbolisant au contraire pour moi toute la frivolité et légèreté que je ne serais jamais capable de mettre dans ma vie : "Si j'sais pas quoi faire de mes dix doigts" de la chanteuse acidulée du groupe Cornu.
C'est sûr que ça parle pas de Bush ni du protocole de Kyoto.


"Fais-moi mal, Johnny", de Boris Vian, chantée par Magali Noël, entendue chantée pour la première fois par une jeune fille brune sur un chantier de fouilles de Locmariaquer, il y a presque 20 ans de cela.


Je file ce questionnaire à mon fan club juvénile : Zébue qui fainéantise grave, Hedwige pour lui sortir la tête du collège, Lalaith dans son exil centralien,
et puis à Miss Lulu parce qu'elle le vaut bien, et Isa en échange de bons procédés.

on a toujours besoin d'un plus petit que soi

C'est le bazar chez moi, je range jamais et du coup j'ai perdu plein de trucs qui me manquent plus ou moins, comme un dvd avec le film Bionicle 2 dessus, des corrigés d'exos que je vais devoir refaire, et l'envie de bloguer.
En attendant que je retrouve peut-être ces divers objets, tirouquin du haut de ses 5 ans et demi m'a sauvé provisoirement la mise, en venant me demander un prêt d'apn sur 10 minutes dont j'ai approuvé le dossier.
Une fois mon apn rendu, j'ai pu admirer 66 photos dont plus de 40 étaient consacrées à immortaliser (pas sur pellicule heureusement) les moments les plus poignants de sa cassette d'épisodes de Papyrus passant à la télé.
Insensible à l'art conceptuel consistant à prendre en photo l'écran d'une tv diffusant un dessin animé, j'ai supprimé la quasi totalité, et je vous montre ce qu'il reste, après censure, des premières expérimentations artistico-photographiques de tirouquin :




Les photos de fleurs sont, soit une réelle attirance esthétique surprenante chez un chevalier jedi, soit un compromis avec les canons du genre photographique, ses véritables goûts étant probablement mieux représentés par les photos d'écrans de télévision et d'ordinateur, de ballons, de la fenêtre de grandfrère.
La photo du trou seulement à moitié rempli de terre depuis des semaines est certainement une mise en accusation de ma paresse.

12 septembre 2005

ralentir travaux

Evidemment je travaille moins que la plupart d'entre vous (sauf si mon lectorat s'est soudainement augmenté de consuls honoraires en Mongolie occidentale) mais maintenant je travaille plus que quand je ne travaillais pas du tout (jusqu'à la semaine dernière presque incluse) et je suis au regret de vous annoncer que ça va se ressentir sur la prolixité de mon blog.
D'autant plus que révéler les mystères de la métrique SNCF à des L3 maths ou ceux nettement moins mystérieux des droites du plan à des L2 géosciences n'est pas une occupation que je peux narrer impunément sans perdre les 30 visiteurs par jour qui me restent encore actuellement après 2 jours sans raconter d'idioties de moments palpitants de mon existence remarquablement monotone si on la compare à celle d'Alexandra David-Néel ou, plus près de nous, à celle de Laurent Fabius qui s'est égaré à la Fête de l'Huma alors qu'il cherchait un raccourci qu'il n'a jamais trouvé pour se rendre au rendez-vous annuel des anciens normaliens du rotary club de l'ENA.

L'évènement le plus palpitant du week-end était la vision inattendue d'un héron près d'un bassin d'orage en zone urbaine,



et son envol lorsqu'il a compris que je voulais voler son image pour le mettre dans mon blog.



Le grand a enfin fait mettre la pastille jaune de demi-pensionnaire sur sa carte de collégien, et le collège s'est enfin occupé de répartir les casiers entre les élèves, au moment où ceux-ci, à force de porter toute la journée leur sac rempli de livres et de cahiers, sont devenus tellement musclés qu'ils ne voient plus l'intéret des casiers en question.
Il a décidé de faire ses devoirs tout seul, ou avec sa mère, mais plus avec moi,en représailles de remarques un peu critiques que j'aurais faites à propos de sa présentation (épouvantable) d'un exercice de maths. Qui peut croire une chose pareille ?



La moyenne ne se dispute plus avec sa maitresse pour cause de rêveries intempestives en classe, elles ont trouvé un protocole d'accord dont il me semble bien être le dindon : ce que fifille n'a pas fait pendant le temps qui lui est imparti, elle le récupère en devoirs à la maison et c'est moi qui me colle à la tâche pénible de demeurer près d'elle une heure et demie durant en répétant toutes les 45 secondes "N... chérie, arrête de révasser".



Le petit va à l'école mais continue de profiter outrageusement de la belle vie de l'écolier sans devoir et sans obligation. Qu'il en profite, ça ne va pas durer plus de 12 mois.
Il raconte des trucs improbables que je n'arrive pas à retenir tellement c'est abracadabrantesque (on dirait parfois les incompréhensibles devoirs de topologie de mes étudiants, tellement c'est surréaliste), le dernier en date étant un raisonnement dont je vous livre ce que j'ai compris :
"j'ai tout le temps envie de faire de l'ordi, c'est à cause de mon corps. Mon bras, il a besoin de la télécommande.
- la télécommande ?
- là ça, les touches.
- ça s'appelle le clavier et la souris.
- moui. En fait je vais me couper le bras et on va me mettre un bras en fer. Il ne voudra plus tout le temps appuyer sur les touches, en plus je serais très très fort.
- non ça va, vas-y, fais de l'ordi, c'est pas si grave, finalement. Et je le trouve joli comme ça, ton bras, moi.


Puis quand j'ai un manège sous la main, il n'y pense plus à l'ordi, et là il vaut mieux avoir ses deux bras pour tourner le volant.



Quoique à le regarder de plus près, je me demande s'il n'est pas nostalgique du clavier et de la souris même sur un manège.

10 septembre 2005

cherche et tu trouveras, disaient Platon, Confucius, etc...



J'ai fait quelques petits calculs et le résultat c'est que cet après-midi j'ai entamé ma 18e année d'enseignement. J'en ai donc déjà accompli 17. (Ne rigolez pas, je pensais en être vers 14 ou 15 plutôt).
Et bien je me demande encore comment m'y prendre. En me disant que je n'ai pas plus d'idée lumineuse que la première fois.

Ce n'est pas vraiment difficile de faire en sorte qu'ils comprennent tous, même ceux qui ont une forte tendance à somnoler, car à l'âge où je les récupère il y a eu un sacré écrémage de pratiqué. A la limite il suffit de répéter, en changeant les termes, voire la manière de présenter, ou de trouver une métaphore pertinente avec leur univers familier. Plus familier en tout cas que les boules ouvertes, les intérieurs, les adhérences etc...
Mais là où ça coince c'est que principalement je fais des Travaux Dirigés (TD), pas des Cours Magistraux (CM). Et que ça me fait bien marrer que les CM soient considérés par mon ministère comme plus difficiles à faire que les TD, soient confiées prioritairement aux enseignants les plus gradés (et les plus capables ?) et qu'une heure de CM compte pour une heure et demie de TD.
Pourtant en CM que les étudiants comprennent est nécessaire... et suffisant. Presque Fastoche. (et pourtant combien d'enseignants de CM, soit par flemme, soit pour aller vite, soit volontairement pour opérer une sélection, laissent une bonne partie des étudiants sans avoir compris)
En TD comprendre c'est bien mais c'est pas le but principal.
Le but c'est qu'ils trouvent, pendant les temps où je les laisse chercher.
Et j'aimerais bien que quelqu'un m'explique comment réussir à ce qu'ils trouvent.
Je passe au milieu d'eux en train de chercher, je passe silencieusement forcément, je me concentre pour les aider par télépathie, mais je ne vois pas les rouages de leur cervelle tourner, je ne peux même qu'imaginer comment elle fonctionne, je ne suis même pas sûr que ça se passe comme dans la mienne. Je regarde ce qu'ils gribouillent parfois au brouillon, ça aide un peu, ça me permet ensuite de dire en corrigeant ce qu'il ne fallait pas faire, et pourquoi. En plus d'expliquer doctement comment il fallait faire.
Mais l'exercice d'après se repose le même problème : ce sont eux qui doivent chercher, ce sont eux qui doivent trouver et ça sert à rien que je trouve à leur place.
Cependant au bout d'un temps fini, il faut bien que je leur explique ce qu'il fallait trouver, et que la plupart n'ont pas trouvé.



Même avec ce problème d'enseignement non résolu, je dois avouer que c'est bien agréable d'enseigner à des jeunes gens qui ont passé l'âge de s'étriper pendant les cours, d'insulter le monde entier, de faire des essais de balistique avec une grande variété de projectiles, et j'ai une pensée pour ceux qui les ont plus jeunes.

08 septembre 2005

le jardin des saveurs, dis-moi ce que tu mangeais et ...

questionnaire passé par de multiples plumes et arrivé ici par isa qui me croit peut-être gourmand, nostalgique et/ou épicurien, ou bien qui me sait bavard ou encore qui en a assez de lire mes histoires de rentrée scolaire...

Citez cinq aliments, plats ou autres, qui ont fait partie de votre enfance, et qui vous manquent, parfois, quand la nostalgie vous prend...

Chaque mercredi après-midi d'il y a très très très longtemps, nous trouvait, ma mère, ma soeur et moi, dans le bus menant de notre banlieue petite-bourgeoise vers Lyon. Ma mère ne s'était pas encore résolue à apprendre à manier une voiture ni retravailler.
Le bus nous déposait place Bellecour ou peut-être un peu avant, vers l'Hotel Sofitel, en tout cas dans la Presqu'île, sur la rive droite du Rhône.
Mes grands-parents maternels habitaient sur les quais en face, un vieil immeuble appartenant aux hospices civils de Lyon, dont tous les deux étaient retraités.
Juste un pont à traverser, mais quel pont !
Pour mes petites jambes d'alors il semblait ne jamais devoir finir.
Très loin en dessous je voyais par les intervalles verticaux de la rambarde le Rhône, gris sombre, couler avec une force effrayante. Ma mère me surveillait du coin de l'oeil se demandant sans doute si son chétif garçon, dont la tête ne dépassait pas du sommet de la rambarde n'était pas assez mince pour tomber par les interstices du bas.
Le pont finissait cependant, l'immeuble se présentait à nous, avec un interminable escalier en pierre, enroulé au dessus d'un abîme central encore plus effrayant que celui du Rhône, et j'avais tout loisir de m'imaginer la chute et le choc entre mon corps et le fond de pierre polie, usée, lisse.
Enfin l'appartement offrait son refuge, fait de silences et de rituels bien huilés.
Celui du goûter, celui de la revue style pif gadget venue du vieux bureau de tabac tout proche, celui de la partie de rami avec papy pendant que mamy préparait le même plat chaque mercredi. On n'avait pas le droit de soulever le couvercle de la casserole mijotant longuement sur le feu. C'était bien inutile, on savait ce qu'il y avait dedans. Le soir arrivé, mon père arrivé aussi, après son travail, on s'asseyait et mamy apportait la casserole, toujours recouverte de son couvercle.
Elle attendait un peu et une fois tous attentifs, elle soulevait le couvercle et on faisait des oh ! et des ah ! en découvrant au milieu de la fumée les énormes quenelles lyonnaises baignant comme des baleines sereines dans une onctueuse sauce tomate aux champignons de paris et aux olives vertes.
Les quenelles dégonflaient un peu mais on se dépêchait alors de les manger, fondantes et parfumées, avec beaucoup de sauce.
Un beau jour la tête de ma grand-mère s'échappat de son corps, son corps s'en alla pour de longues années s'installer dans le pavillon long séjour de l'hopital et ne fit plus jamais la cuisine. J'ai mangé depuis beaucoup de quenelles mais pas celles là, le secret de la sauce s'est perdu, je ne saurais pas la refaire alors je mets mes quenelles au four avec de la béchamel. Ben c'est pas pareil.

Mes autres grands-parents sont arméniens, on n'y allait pas aussi souvent, c'était plus loin aussi, à Villeurbanne.
Quand on arrivait chez ma grand-mère pour manger à midi, le samedi ou le dimanche, les parfums qui nous accueillaient étaient l'aboutissement de 4 heures passées à cuisiner. Il y avait des beregs (ou beureks) et des sarmas, les plats phares de sa cuisine, ceux pour lesquels on se serait damné, et les plus longs et délicats à préparer, les seuls aussi dont je n'ai pas retrouvé le goût exact, même chez mes tantes, mais aussi des keuftès et des dolmas, plus simples et que même moi je sais à peu près refaire.
Les beregs sont, au final, une sorte de feuilleté de fromage et persil, très léger malgré qu'il soit frit, ce qui tient en partie, j'imagine, à la finesse de l'ordre du micron de la pâte, feuilleté croustillant à l'extérieur, et savoureux à l'intérieur. On pouvait aider à les faire pour la partie facile : découper la fine pâte en triangles, déposer un peu du mélange fromage-persil au milieu de chaque triangle, refermer hermétiquement en pinçant les bords.
Les sarmas, ce sont les feuilles de vigne farcies, tout le monde connait, mais elles n'ont pas toutes le même goût et pour qu'elles fondent dans la bouche au point qu'on jurerait qu'on ne mange pas du tout une feuille, et qu'elles ne soient pas non plus grasses et baignant dans l'huile, il faut peut-être bien 40 ou 60 ans d'entrainement.
Les keuftès, ce sont des boulettes de viande hachée, et les dolmas ce sont des légumes (tomates, courgettes, poivrons, aubergines) farcis au riz et/ou à la viande hachée (comme les sarmas d'ailleurs)
Après le repas, souvent moi et ma soeur ressortions de l'appartement de mémé, montions un étage et allions voir pépé dans le sien. Mon père ne nous accompagnait jamais. J'étais adulte quand j'ai réalisé que mes grands-parents vivaient séparés, mais à un étage de distance. Se parlaient-ils lorsqu'ils se croisaient dans l'escalier, je ne sais pas. Pépé était sec et maigre, parlait aussi peu et aussi mal le français que mémé, il possédait 2 pièces, une cuisine où il avait préparé pour nous toutes sortes de fruits secs, une autre pièce vide à l'exception d'une vraie grande balançoire, et d'un établi de menuiserie dans un coin. Et un lit remplissant une petite alcove.

Pendant les quelques années où j'étais scout marin à Lyon (non ce n'est pas une blague), j'ai fait plusieurs longs séjours d'un mois d'été sur les grosses barques munies d'un mat que nous avions le culot d'appeler bateau ou voilier, et sur lesquelles nous cabotions d'un port breton à un autre. Le moins qu'on puisse dire c'est que nous mangions mal et n'importe quoi, à condition que ce soit dans une boite de conserve. (y avait que des gars, pas une seule fille)
Je n'aimais pas les haricots verts à l'époque, qu'ils soient en boite n'y changeait pas grand chose. Le repas de midi se passait en mer, et le seul plat qui m'a marqué c'est lorsque nous disposions la bouteille de butagaz sur le fond du bateau, posions une casserole sur le feu après y avoir vidé une grosse boite de haricots verts. Nous ouvrions un pot de moutarde forte que nous vidions à moitié dans la casserole et la magie opérait : les haricots verts en boite n'avaient plus le goût de haricots verts, en boite ou en autre chose, et, avec un peu de pain à la main, nos haricots verts à la moutarde avaient presque le goût du hot-dog.

07 septembre 2005

montre-moi ta table de chevet, je te dirai qui tu es.

J'entendais parler depuis quelques temps de mystérieux "protecteurs", ce qui troublait l'athée anti-irrationnel que je suis, et j'ai voulu en avoir le coeur net.
J'ai enfilé mon costume de Derrick et je suis allé enquêter là où j'avais surpris le mot la dernière fois : dans la chambre de tirouquin.
Des questions astucieusement posées m'ont fait découvrir la vérité : tout ce qui est déposé, rangé et ordonné avec une logique mystérieuse sur sa table de chevet sont des "protecteurs".
Protégeant de quoi, il n'a pas pu ou voulu me le dire.
Mes soupçons se sont aussitôt portés sur son gourou secret et je suis allé interroger GrandFrère qui a nié comme un arracheur de dents et un politicien de droite réunis.
- ça vient de toi cette idée idiote de protecteurs sur la table de chevet de Clem ? Ce sont des protecteurs là sur la tienne ?
- Pas du tout. C'est pour décorer.


Je ne me suis pas donné la peine d'aller questionner la dernière suspecte potentielle, une longue fréquentation de la délinquante m'ayant enseigné qu'elle n'entendait même pas les questions quand je l'emprisonnais pour interrogatoire.
Mais sa table de chevet présente le même ordonnancement surchargé d'objets hétéroclites, c'est louche, je soupçonne qu'ils sont tous complices.







Pour m'amuser j'ai mélangé les tables de chevet de Clé*ment, Noé*mie et An*toine, saurez-vous rendre à chacun la sienne ?
(j'avoue, je faisais les jeux de pif gadget dans mon enfance)

05 septembre 2005

épisode 3 : rentrée en autonomie pour un collégien



C'était vendredi et je suis allé le chercher le soir, nonmèho, et il m'a dit alors : "qu'est-ce que vous faîtes là ?"
J'avais amené petite soeur et tout petit frère pour lui faire bien honte !

Sa mère faisait sa propre rentrée, moi celle de fifille et tirouquin, ceci expliquant que je l'ai laissé aller tout seul prendre une copine dans la rue suivante, puis un copain dans la dernière rue et aller en bande faire sa rentrée (rentrée protégée, les 5e, 4e, 3e avaient été priés de rester chez eux avec leurs couteaux à crans d'arrêt), suivis par des parents des deux autres.
Il est dans la même sixième que son meilleur copain. Evidemment ils avaient choisi, ces deux fous, la sixième bilangue allemand-anglais, même que je leur souhaite bien du plaisir.

Les petits 6e sont gatés, comme lors de leur visite en juin dernier (piqure de rappel), ils ont eu au self "steaks-frites-glaces".

La veille il était venu me demander de l'entrainer à se servir du cadenas à chiffres acheté pour le casier qu'il va avoir au collège. Vu qu'ils ne s'en sont pas encore occupés ce lundi soir, de ces casiers, il aurait mieux fait de s'entrainer à ne pas oublier sa tête car en ce premier jour il s'est déjà fait remarquer en se rendant au cours de maths sans son cartable, s'attirant un "ça commence bien" de son prof de maths et une parcours découverte de quelques réglements nouveaux pour lui :

- retourner chercher son cartable oublié sous le préau.
- aller chercher à la vie scolaire une autorisation pour revenir en cours.

Ce à quoi il a ajouté, pour expérimenter un maximum de choses dès le premier jour :

- se perdre dans le collège en cherchant à retrouver sa classe.
- retourner chercher de l'aide à la vie scolaire
- ne pas se rappeler le numéro de la salle où il était censé se trouver, lui et son cartable.
- faire toutes les salles avec une brave personne de la vie scolaire.

La chance n'étant pas avec lui, il manque sur sa carte d'élève la pastille jaune le désignant comme demi-pensionnaire. J'ai insisté lourdement quand il est reparti au collège ce lundi matin pour qu'il aille faire rectifier cette erreur à la vie scolaire, mais il est revenu le soir sans l'avoir fait, sous le prétexte qu'il y avait trop de monde quand il a voulu le faire. Il est resté là-bas de 8h30 à 17h, hein. Je pourrais lui soigner sa timidité avec un coup de pied dans le derriere mais je vais plutôt attendre que le personnel du snack l'envoie s'en occuper s'il veut manger.

Bien sûr il a trouvé des petits crétins pour le traiter de paysan sous prétexte de sandales aux pieds.

Posséder sa propre clé lui plaisait beaucoup en partant vendredi matin mais il l'a enlevée, dès son retour, de son cou avec un "marre de ce truc qui se balance toute la journée", à l'amertume augmentée par le fait que notre présence rendait la clé grandement inutile, il faut bien le dire.

04 septembre 2005

épisode 2 : la rentrée de tirouquin et incidents connexes

La veille il s'était endormi en répétant "j'aimerais bien garder ma maîtresse".
Le matin confirma les rumeurs que j'avais entendues comme quoi sa maitresse gardait en grande section les moyens qu'elle avait eus. Dont tirouquin.
Exceptionnellement les parents avaient le droit de pénétrer dans la classe.
Clément est rentré sans émotion apparente dans son ancienne classe, avec son ancienne maîtresse et son ancienne atsem, et pratiquement les mêmes enfants.
La seule chose qui le déconcerta un instant ce fut que son porte-manteau avait changé de place mais une fois répéré son nom, il y accrocha son petit sac et sa petite casquette, prit son étiquette, l'accrocha au panneau "je mange à la cantine", puis une autre étiquette à son prénom, l'accrocha à "je bois de l'eau" (plutôt que du lait, au goûter du matin), le tout avec l'aisance née d'une longue habitude.
A peu de choses près il n'a pas vu une rentrée mais un retour à l'école après un très très long week-end.
Fifille et moi l'y avons laissé sans inquiétude, en train de chercher à retrouver l'emplacement habituel des jeux malgré les très gênants géants qui stagnaient un peu partout dans la classe.

A 16h15 il bondit hors de la classe à mon approche. La maîtresse adore les enfants mais semble détester les parents, on imagine aisément qu'elle aimerait n'avoir que des orphelins. Elle a donc mis au point une technique très au point pour les éviter.
Un peu avant que le premier parent pointe son nez dans la cour, les enfants sont prêts, assis par terre en attendant d'être appelés. La maîtresse elle-même a la main sur la poignée et sitôt qu'elle repère un parent de son oeil d'aigle à 50 mètres, elle appelle le prénom de l'enfant et ouvre la porte d'un même geste. L'enfant fonce tout content et rejoint son parent à environ 25 m de la porte de la classe d'où la maîtresse adresse un magnifique sourire signifiant "tout s'est très bien passé, inutile de venir me demander des explications supplémentaires", avant de refermer la porte jusqu'à la prochaine approche de parent.
La technique pourrait être mise en défaut en début d'année lorsqu'elle n'a pas encore repéré les parents et leurs enfants respectifs mais, et c'est là qu'on voit qu'elle n'est pas épouse de médecin et grande bourgeoise pour rien, en gardant les mêmes enfants d'une année sur l'autre elle évite adroitement l'écueil du parent inconnu, et comme protection supplémentaire elle possède l'atout des larges baies vitrées d'où les enfants eux-mêmes voient les arrivées et s'exclament "voila la maman d'Hedwige" (c'est un exemple).
Tout ceci pour dire que je ne sais pas comment s'est passée la première journée de tirouquin, sinon qu'il m'a montré fièrement une énorme blessure au coude en soulevant son pansement en expliquant "c'est Killian qui m'a fait un croche-pattes dans la cour".
NB : j'ai fait l'erreur de lui demander s'il avait pleuré et j'ai eu droit évidemment à un "j'ai beaucoup pleuré" qui nous a attristé brièvement tous les deux.

Un peu plus loin sur le trajet du retour, il a été un peu plus expansif mais malheureusement beaucoup moins clair :
- Y avait un morceau de colère dans mon corps.
- hein ? ah ?
- toute la journée.
- euh, tu veux dire que tu étais de mauvaise humeur ?
- oui.
- mais pourquoi ?
- à cause du bout de colère qui était dans mon corps.


J'ai laissé tomber. Parfois l'ignorance est une bonne chose.

Il n'était pas particulièrement fatigué par l'école, mais le week-end lui a été sportif :



et à la fin de ce week-end il tomba lourdement de sa chaise, ce qui nécessita sur le bas de son dos tout bleu une poche de glace comme le mollet de Zizou hier, puis il s'endormit sur son Rahan et sa poche de glace à l'heure du repas :



(au passage on voit encore sa blessure au coude, les parents de Killian ont de la chance qu'on ne soit pas aux states, je leur aurais sûrement fait un procès !)

Heureusement demain il pourra se reposer à l'école.

03 septembre 2005

Cérémonies du Blog Day

Je n'ai jamais compris pourquoi les prix récompensaient si souvent ceux qui n'en avaient pas besoin alors pas question de citer les blogs d'Anitta, de Miss Lulu ou d'Angel, elles ont déjà trop de lecteurs, y en a plus pour les autres !
Pardon ? je viens de le faire ? oups !

Dans la catégorie "pas facile de bloguer dans ces conditions", je me permets d'attirer votre attention sur le blog très spécialisé de véro&françois : notre maison en paille. Ils débutent et je ne doute pas qu'ils comprennent rapidement qu'ils sont censés répondre aux commentaires déposés sur leur blog...
ainsi que celui de Naelia. Je suis tombé dessus en cherchant de l'aide pour lire HP en anglais et j'ai découvert un blog de qualité, tenu par une jeune non-voyante. Elle-même, pas avec le secours de personnes voyantes. Chapeau bas mademoiselle.

Dans la catégorie "blogs émouvants", ceux de Lulie et Kürbis me remuent le coeur. J'imagine qu'il y en a plein des blogs de jeunes gens qui se cherchent, espèrent, désespèrent, se heurtent sans cesse aux obstacles d'un monde qu'ils n'ont pas fabriqué ni choisi, se relèvent pourtant, se demandent de quoi leur avenir sera fait, s'ils seront heureux, si l'amour existe ou seulement ses souffrances et ses déceptions, etc...
Ces deux là ont une écriture que j'envie, et une sincérité que j'admire.

Je terminerais avec le blog d'une copine virtuelle, dans la catégorie "blogs d'avenir", cela s'appelle p'tites histoires, leur auteur a le chic pour trouver des pseudos farfelus, dans la blogosphère elle se fait appeler Oulala, mais pour nous tous qui papotons avec elle depuis des années sur magicmaman, c'est Padtête, celle qui nous fait rire et sourire quotidiennement avec la vie compliquée de jeune mère de famille enseignante parisienne, livrée aux délires des gerbilles dépressives, de l'educ nat, des zenfants d'âges divers, des réparateurs d'amortisseurs, des offices d'HLM et j'en passe, j'ai la mémoire bien trop courte.
(évidemment rien que pour m'embêter elle met sur son blog des notes qui font réfléchir plus que des notes qui font sourire)

épisode 1 : la Rentrée de la Rêveuse

On était pratiquement les premiers, et sur les grandes baies vitrées des affiches placardées.
L'avantage de transmettre à ses enfants un nom impossible, c'est qu'à 15 mètres j'avais repéré ma Rêveuse sur une des listes.
avec 14 CM1 comme elle et 7 CM2.
Un coup d'oeil au sommet de la liste et étonnement, Valérie d'A., sa maîtresse de l'an dernier.
"N..., tu as Valérie".
Incrédulité puis joie se peignent tour à tour sur son visage.
Joie que ne parvient pas à dissiper l'absence sur la liste de ses meilleures copines. Plus tard, après s'être débarassé de tirouquin dans la sienne, nous revenons et montons vers sa classe, couloirs encombrés de parents et d'enfants, bruissements, retrouvailles, ambiance électrique. Valérie arrive, la Rêveuse l'accroche au passage, elles s'embrassent avec effusion et N... glisse sans gêne sa main dans celle de la maîtresse comme pour se l'approprier. Une maman à côté de moi sourit légèrement moqueuse : "tiens, la chouchoute de la maîtresse".
Je me souviens des premiers mois de l'année dernière, des sorties d'école de N..., visage fermé, se transformant soudain à ma question rituelle "comment s'est passée ta journée ?", tantôt en larmes entrecoupées de hoquets "ma maîtresse elle est méchante", tantôt en regards meurtriers "je la hais !".
Même plus tard, enfin apprivoisées l'une l'autre, il y avait encore de ses soirs où il valait mieux éviter de s'approcher trop près de N..., bouillonnante parce que Valérie avait osé, inflexible, la garder après la sonnerie pour copier ce qu'elle n'avait pas daigné copier.
L'affrontement pouvait renaître n'importe quand, mais c'était celui de deux caractères qui s'étaient reconnus et se disaient "tu es têtue et bien moi aussi".
Aux deux fêtes du printemps elles s'étaient encore surprises l'une l'autre, N... en participant au spectacle de danse orientale, Valérie en rejoignant la petite troupe sur scène à la fin pour danser elle aussi, avec N... tout sourire.

Alors peut-être ma rêveuse est la chouchoute de la maîtresse, mais une chouchoute dont je n'ai pas honte, pas une de ces chouchoutes serviles et calculatrices qui minaudent devant chaque instit successif pour s'attirer ses bonnes grâces, mais l'affection presque d'égale à égale entre 2 êtres qui se sont férocement affrontées avant de se reconnaître et apprécier.
Chaque année depuis le CP il faut longtemps avant que chaque instit se rende compte que N... n'est pas paresseuse, ne fais pas preuve de mauvaise volonté, aime apprendre mais préfère rêver que d'accomplir des tâches barbantes ou répétitives.
Je suis content parce que cette année il n'y aura pas de douloureuse période d'incompréhension totale entre le maître et l'élève.
Je n'aurais pas à aller expliquer que la Rêveuse est distraite certes, obstinée et têtue aussi mais tout prête à travailler pour peu que ce soit par affection et pas par obligation, en lui demandant aimablement plutôt que par la menace.
Comme moi autrefois, N... ne peut pas être motivée par le sens du devoir, par la coercition, ni par son avenir, mais seulement par l'envie de faire plaisir à quelqu'un quelle aime ou admire.
Pour l'instant à chaque fois ça a marché, le courant est passé, la lumière s'est allumée, N... et son instit ont noué une relation affective intense et motivante.
Je ne sais pas combien de temps cela durera mais j'ai bien travaillé jusqu'en thèse seulement pour faire plaisir à mes professeurs...et arrêté ensuite en n'en ayant plus mais c'est une autre histoire.
Bien sûr ma fille ne me ressemble pas entièrement, je n'ai pas comme elle de sang breton et je ne me suis jamais opposé à mes maîtres comme elle le fait souvent, ma Rêveuse qui n'a pas froid aux yeux.



et prochainement les rentrées de tirouquin et grandtoinou, mais aussi les amours de la mante religieuse enfin dévoilées sans censure, et le Blog Day en retard pour pas faire comme tout le monde. (bon en vrai parce que le 31 août a été un jour funeste)