Aujourd'hui, pour changer, un sujet très sérieux m'occupera : la désaffection des jeunes pour les études scientifiques, et particulièrement lorsqu'elles sont longues et/ou non professionnalisantes.
(ça craint comment je cause depuis que je vais à des tas de réunions où on s'efforce de contextualiser les compétences transversales sans se casser un ongle au passage)
Prenons au hasard la licence de Physique.
Ni vous ni moi n'aurions l'idée de nous y inscrire, mais moi j'y enseigne alors il faudrait quand même qu'un minimum d'
En 2001-2002 ils étaient 18 valeureux, dont 3 valeureuses qui apportaient une indéniable touche de féminité à cet univers plutôt mâle où on compte des bosons qui passent et où on mesure des champs électromagnétiques alors qu'on n'y fait rien pousser.
Au passage, histoire de déchainer les coms indignés de mon lectorat nettement plus féminisé et féministe que le L3 Physique, je signale que cette année-là 2 des étudiantes étaient aussi brillantes que jolies, ce qui me faisait apprécier le vendredi un peu plus que les autres jours. (la 3e étudiante n'était guère remarquable dans aucun des deux domaines, la physique et le physique, ce qui prouve bien l'injustice fondamentale qui règne sur Terre, et ailleurs si on en croit Smallville).
Depuis ça baisse chaque année. (les effectifs, pas le niveau, encore que)
L'an dernier ils n'étaient plus que 11 étudiants, dont 1 seule étudiante. Qui était bonne élève aussi et peut-être jolie mais ça je n'en sais trop rien car elle ne s'est pas départie de son tchador. (je n'ai pas d'avis sur le port du tchador à l'école mais à la fac il me semble qu'elles sont majeures et que c'est un choix de leur part et non de leur famille, et du coup j'y trouve encore moins à redire, mis à part que je constate que ça enlève beaucoup de la touche de féminité sus-citée).
Cette année ils sont 8 ou 9 apparemment, et que des mecs. Je sais pas si c'est lié, mais ils semblent encore moins sérieux et ponctuels que leur prédécesseurs. Dès la deuxième semaine, le premier étudiant est arrivé à 9h02, le second à 9h05 et ils étaient enfin au complet (?) à 9h20 environ. Faut croire que c'est trop tôt, 9h00...
(ou peut-être quand il y a une jolie étudiante dans une promotion chaque étudiant essaie d'arriver à l'heure pour être le premier à s'asseoir à côté d'elle ?)
(enfin je me demande pourquoi je me suis dépêché de lâcher tirouquin à l'école à 8h30, filer sur le campus lointain par la faute de Monory, grimper les marches 4 à 4 (presque) pour arriver essouflé à 9h01 dans une salle de classe...vide)
Cette scandaleuse et attristante disparition de la Femme dans les études de Physique théorique a au moins un avantage : je ne me suis pas fatigué à me raser ce matin.
28 commentaires:
Et dans les études de lettres, c'est exactement l'inverse (au niveau de la proportion H-F), le tchador étant remplacé par une épaisse toison brune où l'on ne distingue pas la limite entre chevelure et barbe.
N'empêche, ce qui me choque, c'est le nombre de profs de lettres hommes alors qu'ils ne représentent que 5% des étudiants... L'arrivée des enfants conduirait-elle les femmes à abandonner leurs projets initiaux tandis que les quelques étudiants iraient tous au bout du parcours ?
Si tu voyais les filières informatiques ! Et surtout aux États-Unis...
Dans mon université, une fille qui fait de l'informatique, elle va faire du graphisme, de la création web, du multimédia. Elle va exprimer son côté artistique et dessiner des petites fleurs partout à la souris.
Parfois, une rescapée ou deux de cette loi des choses impitoyables se retiendra de vomir à la vue d'une équation. Elle partira en développement logiciel, pour finir quelques années plus tard avec un poste de direction ou de marketing. Ou alors, elle va se diriger vers l'intelligence artificiel, parce que le mot est joli, mais se restreindre aux domaines très applicatifs où elle pourra exprimer sa créativité (encore) sans toucher la moindre équation.
Pour tout dire, dans tous les sous-départements où il y a quelque chose qui ressemble vaguement à des écrans et des écrans de code ardu, des équations mathématiques, des probabilités ou des stats, les filles, en plus d'être peu nombreuses, elles sont toutes étrangères.
C'est aussi le cas de presque toutes les profs (sauf la doyenne, qui est une caricature de femme informaticienne sans mari ni enfant, etc, etc, etc...).
Mon avis c'est que ce billet, très sérieux, est juste un alibi pour savoir si les lectrices de Tirui l'encourageraient, ou non, à porter la barbe !
Perso, je pense que ça lui irait bien,
pas vous ?
Sans compter que cet attribu viril est plutôt bien vu des éventuels tchadors.
Bon, OK, je sors :-))
ca me donne pas envie de venir a ton cours....
tu fais si peur que ca???
Et pis d'abord, pourquoi ils seraient là 9 h pile si toi tu n'y es pas, hein ? :p
En vrai je trouve le sujet très sérieux (ça me rappelle quand j'étais en hypokhâgne et qu'il y avait deux mecs dans la classe… là où j'enseigne maintenant, presque tous les profs de prépa sont des hommes…), mais je ne sais pas pourquoi les stéréotypes sont encore aussi forts.
(et puis à chaque fois que je laisse un commentaire ici, il faut que je retape tout mon état-civil, c'est agaçant à la fin ;-) )
telle, les 2 très bonnes étudiantes de licence de maths qui ont, contre les conseils de l'équipe enseignante choisi de ne pas aller en master pour préparer le capes, n'avaient pas d'enfants ni de prévision d'en faire à court terme (elles n'ont que 21 ou 22 ans). Il ne s'agit que d'un manque d'ambition lié à un manque de confiance en soi typique chez les étudiantes (pourtant bien plus travailleuses et douées - en général - que les étudiants)
krazy kitty, tes exemples me semblent bien illustrer ma réponse à Telle : ce n'est pas la communauté enseignante qui sous-estime les capacités des étudiantes mais les étudiantes elles-mêmes qui s'auto-limitent toutes seules.
vespertilia, je me suis laissé pousser la barbe un été (l'été avant le 11 septembre, c'était fort mal choisi) mais le résultat n'a convaincu personne, pas même moi.
cahuette, je n'avais pas pensé à cette possibilité car ils n'ont pas l'air du tout d'avoir peur quand je m'approche d'eux. Sans doute qu'ils le cachent sous un air nonchalant.
alexandra, les stéréotypes ont le vie dure (pour les classes prépas il y a convergence d'opinions entre les décideurs qui pensent qu'un homme sera plus à la hauteur de la tâche, plus "costaud", et les femmes qui hésitent à les demander parce qu'elles se sous-estiment "naturellement" (culturellement, en réalité).
Tu as la solution de poster en mode anonyme et signer alexandra, non ?
ou de faire en sorte que ton navigateur te connecte automatiquement à ton compte google/blogger comme fait le mien ?
ben moi, je n'ai presque que des mecs dans ma classe, et ça me va bien ;-p
(et en licence eea, je n'étais pas le seule fille, loin de là !)
Et à côté de ça t'as 300 pauvres étudiant(e)s en Licence de psycho, avec environ 290 filles pour 10 garçons....Les pauvres jeunes hommes sont tout effrayés quand ils arrivent en cours et du coup arrivent en bande, tous d'un coup! (où alors ils prennaient tous le même bus à la même heure!!)
Et en Master c'est environ 200 filles pour 7 garçons peut-être ! l'avantage, c'est que y'a plus de garçons dans le quota, mais c'est surtout parce que y'a beaucoup de filles qui partent à l'iufm après!!
Enfin bref, tout ça pour dire que y'a des inégalités probantes entre les matières à l'université...
et si la physique est un monde peu peuplé (et que d'hommes) tel l'antarctique; la psycho est une chine démographiquement gouvernée par les femmes, même si au niveau des leaders/profs, y'a effectivement davantage d'hommes (paradoxe???)
ouais en fait, tout ça ca se résume à de la géo-politique en fait...c'est ça la matière de demain!!!!!!
A l'Ecole Centrale de Lyon (ça pète quand même comme nom, non ? ), y'a environ 23% de filles, et ca doit être le pourcentage le plus élevé en école d'ingé (sauf chimie). En tous cas, notre direction des études en est très fière.
Et ça m'empêche pas de vouloir en partir afin de grossir les rangs des profs de science, en me démenant comme une folle pour pouvoir passer un master d'histoire des sciences (passque j'aime bien) et l'agrégation de physique.
Si elle est pas injuste, la vie, hein ^^
Et quand à la désafetciondes filières scientifiques, j'en discutais avec une éminente personnalité de l'enseignement en collège et en physique, à savoir la môman de mon Namoureux, et elle se désolait qu'on lui retire ses demi-groupes (et donc toute possibilité de faire des expériences), pour lui faire faire des classes entières uniquement. La physique devient une matière où on apprend sur un tableau, et pas en manipant. C'est dommage quand même.
A l'université de Purdue, (où j'ai fait mon doctorat en linguistique, oui j'ai honte), ils faisaient beaucoup d'effort pour aider les filles à aller dans les filières scientifiques. Elles avaient des bourses d'études, étaient encouragées et aidées tout au long de leurs études, et tout ça pendant leurs études mais ça commençait déjà au lycée (on leur offrait des cours de soutient, on les invitait dans les meilleures universités, et tout le tralala).
Chez mes élèves, aujourd'hui, je vois en moyenne 20 mecs pour 2 filles dans les cours scientifiques (ingénieurs, biologistes, chimistes, etc.). Mais ce que je trouve le plus intéressant, c'est que la majorités de ces étudiants scientifiques (filles et garçons) sont des étudiants étrangers (en majorité des chinois, des iraniens, et des indiens).
Si je comprends bien le bon vieux clivage filles= littéraire et gaçon= scientifique, a encore de beaux jours devant lui?
Eh ben, on est pas sorti du chantier!
(en même temps je suis aussi une littéraire et je n'ai jamais réussi ) donner à ma fille le moindre gout pourles matières scientifiques, hélas)
Hum, à moins que la médecine ne soit considérée comme une discipline hautement littéraire (...déchiffrage de hiéroglyphes sur les courriers et ordonnances écrits à la main? traduction d'articles?) j'ai un contre-exemple pour vous!
Ma promo comptait 75-80% de filles ; en plus, les pertes subies au fil des ans se sont faites aux dépens de notre minuscule population masculine. Et nombreuses sont celles qui veulent/vont faire chirurgie plus tard...
Chez nous, les filles sont scientifiques ET ambitieuses!
PS : ça fait longtemps que je suis fan de votre blog, M'sieur Tirui...
Jamais osé jusqu'ici mais... je me démasque, premier commentaire ce soir !
Champagne! ;-)
(avec modération bien sûr)
ben tout ca c'est ta faute .... t'avais qu'a choisir ... cuisine ou esthtique... pourquoi pas cours de marche-avec-talons-aiguilles-ouille-ca-fait-mal-aux-chevilles-pour-suedoises-pas-farouche !! C BIEN FAIT !!
J'aime beaucoup cet article car j'aime beaucoup entendre parler de ton boulot à la fac, on n'est jamais du même coté que le prof, nous étudiant (même si tu enseignes une discipline ou j'aurais beaucoup de mal...)
C'est vrai qu'il y a une étonnante distorsion entre le nombre d'étudiantes en fac de lettres et le fait qu'elles disparaissent ensuite... elles ne sont que très peu à être prof.
Certains syndicats à la fac sont souvent mobilisés contre ce phénomène qui pose problème. Sans changements pour le moment ...
Toute la société française a besoin de se remettre en question et que les femmes ont le droit d'être égales à l'homme...
Ne croyez vous pas qu'une dame à la tête de l'état ça aurait eu plus de classe que ce pantin (on est tjs étonné qu'il soit élu en fait... je ne suis aps encore habitué).
bonne nuit
eddie, je comprends que ça te convienne très bien, de mon côté j'irais bien enseigner en cap coiffure, mais y a pitêt pas de cours de maths.
poun, y a pourtant pas forcément des débouchés si énormes que ça en psycho, que ce soit pour les filles et les garçons.
Le paradoxe n'en est pas un, les postes les plus hauts placés sont trustés par les hommes, même dans les disciplines féminines.
Je te laisse la discipline de demain, tu es jeune toi ;-)
lalaith, je vais t'attrister mais "école centrale", j'ai jamais rêvé sur le nom, ça me faisait penser à "chauffage central" :-D
la vie n'est pas si injuste que ça, tu feras surement une excellente agrégée de physique, si sarko ne supprime pas l'éducation nationale.
dr caso, les jeunes nords-américains ne trouvent peut-être pas les études scientifiques assez rémunératrices après, et les laissent aux étrangers, qui d'ailleurs fournissent également le gros des enseignants, si je ne m'abuse.
filomène, le vieux clivage a la vie dure, oui, et ce n'est pas plus facile à une littéraire de donner gout aux sciences à ses enfants, que l'inverse. Mais ils peuvent le trouver tout seuls.
bienvenue dr mimi, ça fait plaisir d'avoir une fan (n'en déplaise à nevrosia qui les appelle groupies et se gausse, mais elle est jalouse, c'est tout ;-) )
peut-etre bien que la médecine est la seule discipline scientifique traditionnellement investie psychologiquement par les filles, pour son côté altruiste : "sauver, soigner, secourir".
Et on voit bien dans grey's anatomy quer certaines peuvent avoir les dents assez longues pour rayer le carrelage des salles de garde !
drine, crois bien que je le regrette amèrement, donner des cours de marche en talons aiguilles avec mini jupe assortie à des classes entières de jeunes femmes, c'est le rêve de tout homme. (ah attend...on me dit dans l'oreillette que non, pas de tous les hommes, et qu'il faut pas que je prenne mon cas pour une généralité)
bertrand, tu connais mes opinions, tu te doutes que j'aurais préféré aussi qu'il y ait une femme, et de gauche, à la tête de l'état, plutot qu'un homme, de droite, mais il faudra attendre encore pour ça.
si tu aimes, je raconterai un peu plus souvent ce qui se passe à la fac, parfois c'est assez space...
Y a plus d'étudiants en matières scientifiques.
Moi je te dis qu'en lettres y en a encore moins.
Ils sont passés où les zétudiants, hein ???
A l'heure où "on" veut réformer (encoooore ?!) le baccalauréat de façon à uniformiser les filières parcequ'il semblerait qu'il y ait trop d'élèves en sections S au détriment de ES et L... C'est sûr que si tous les élèves de S vont en hypokhâgne, c'est pas les 18% de bacheliers littéraires qui vont venir gonfler les inscriptions en fac de sciences... chais pas, faudrait peut être verser une bourse exceptionnelle et substantielle aux étudiants des filières scientifiques, et rien pour les autres, ça déclencherait certainement des vocations ,ma main au couper :-D
sixtine, je ne sais pas, vous les gardez peut-être dans les lycées pour remplir vos classes à ras bord ;-)
fd, quelle bonne idée, mais une prime qui augmente à chaque obtention d'année, sinon ils vont tous stationner en première année et faire la fête tous les soirs...
Pas si machiste que ça je trouve, c'est très bien de souhaiter qu'il y ait plus de filles dans ton cours.
Pour des raisons purement éducatives de ta part évidemment...
A quoi bon pousser les filles à faire des études scientifiques ?
C'est dur, elles doivent bosser comme des malades et si jamais elles réussisent leurs études elles seront majoritairement embauchées en CDD de la recherche à répétition pour ensuite se faire éjecter du système dès qu'elles oseront faire un enfant... Dans les labos elles se font rire au nez à chaque fois qu'elles expriment des idées neuves, là où l'ingéniosité est saluée chez les garçons... Les limites d'ages sont théoriquement devenues illégales, en réalité les filles sont écartées quand elles demandent un poste car plus agées sans que personne ne demande si elles ont eu des maternitées... La seule solution pour les filles encore plus que les pour les garçons est l'exil ad vitam.
Au risque de choquer, à moins que les choses ne changent considérablement, je n'encouragerait pas mes filles à aller dans les filières de la "science dure" je n'ai pas envie qu'elles subissent tout ce que moi j'ai subit ni qu'elles soient obligées de partir vivre à l'autre bout du monde.
pardon, j'ai laissé des fautes
Désolée avec cette réponse, j'ai gagné le concours des NOC !
absolument lul'oups, uniquement pour des raisons purement éducatives (éventuellement esthétiques aussi)
tili, l'argument est effectivement solide... touefois ça ne s'arrangera certainement pas en décourageant les filles de suivre les filieres scientifiques, non ? ;-)
(pas vu les fautes, chuis prof de maths, pas de français ! )
note machiste mais pas tant que ça. Le problème de la présence des filles dans les filières scientifiques est récurrent loin de trouver une solution.
Si j'en crois les intentions des filles de la classe de ma fille ainée, elle est la seule à envisager des études scientifiques. les autres préférant la com, le journalisme, l'enseignement, le topmodélisme, le paramédical (mais pas le médical)...
Je crois que l'éducation qu'on donne aux filles reste encore très convenu. depuis que Lou est petite, je lui serine que les maths, c'est marrant que j'aime bien ça. pour elle, c'est donc devenu une évidence. Mais il semble que ce ne soit pas un discours largement répandu chez les parents de fille.
Et toi la tienne, elle a envie de quoi ?
J'ajoute que lorsque j'étais à l'âge de Lou, j'étais littéraire ET matheuse. Mais que les pressions m'ont fait choisir la première voie alors que j'aurais préféré la seconde...
Je ne le regrette pas vraiment. Mais quand même...
akynou, la mienne a envie de s'occuper d'animaux plus tard, pour l'instant elle aime bien les maths, plus que son frère ainé en tout cas...
en term, j'étais également littéraire et matheux, mais j'ai suivi les conseils d'aller vers les sciences, aux plus nombreux débouchés, je ne sais pas si je dois le regretter ou non.
comme quoi ;-)
bouh, a quoi j'ai échappé ! après mon DEUG de physique j'ai failli aller en licence, mais ouf, la filière était pas encore créée dans ma fac ... du coup j'ai été en école d'informatique où j'étais la seule fille, et je me suis fait chouchouter pendant 3 ans ... alors que si je te comprends bien, en licence, non seulement il aurait pu y avoir d'autres filles avec moi, mais en plus, j'aurais pu t'avoir comme prof ! argl !
miss lezard c'est exactement ça !
et c'est pas "tu aurais pu" c'est "à la fac de P. il est impossible de faire une licence de physique sans devoir me supporter 3 heures par semaine" :-D
Enregistrer un commentaire