30 mai 2008

questionnaire en forme de poisson carré

Dame Sosso m'a transmis un questionnaire assez particulier puisque réservé exclusivement aux profs, désolé pour les autres s'il y en a (pas sûr en vertu du syllogisme suivant : blogueur = oisif, or prof = oisif, donc blogueur = prof)

Je dois raconter 6 de mes manies de prof.

C'est bien tombé parce que je finis actuellement ma 20e année d'enseignement, et que je peux ainsi faire un bilan de mon activité éducative à mi-parcours (il me reste en gros 20 ans encore, ou plus si affinités prolongées de l'électorat avec l'UMP)

Au passage hier c'était également les 3 ans de mon blog, ce dont tout le monde se fout puisque les lecteurs survivants de ces 3 ans de lecture se comptent sur les doigts d'une main.
D'ailleurs je vous comprends et vous signale que la correspondance complète de Diderot est bien plus intéressante que mon blog alors qu'est-ce que vous faites encore là ?!


Bon c'est parti pour mes manies de prof :

1/ Je jongle avec un stylo pour évacuer mon stress de me retrouver seul contre un ennemi largement supérieur en nombre, même si de moins en moins supérieur en nombre au fil du semestre.
J'ai bien essayé de filmer mes jongleries pour vous faire admirer mon adresse après 20 années d'entrainement mais le nombre d'images par secondes est trop faible, on ne voit pas grand chose.
Vous pouvez m'admirer en train de jongler sur cette caricature datant de ma 12e année d'enseignement environ. J'ai encore fait des progrès depuis.

2/ Je surveille du coin de l'oeil mes plus jolies étudiantes, avec angoisse. Peut-être vont-elles se jeter sur moi pour me violer ? Elles ne l'ont pas fait en 20 ans, mais qu'est-ce que cela prouve ? il leur reste encore 20 ans pour céder à ces pulsions violentes autant qu'irrépressibles.

3/ De l'autre oeil, ou de l'autre coin du premier oeil, je guette les écureuils et les lapins du campus par la fenêtre. Je les vois très rarement, c'est bien qu'ils ont quelque chose à cacher, non ?
Et quand j'en croise un en baguenaudant à pieds, il s'enfuit aussitôt, comme s'il avait mauvaise conscience ou ne voulait pas tomber entre mes mains et être forcé de révéler la conspiration lapins-écureuils contre les humains de la fac pour reprendre leur territoire. Cela fait 20 ans qu'ils la préparent, c'est dire si elle va être efficace et dévastatrice lorsqu'ils déclencheront l'ultime étape.

4/ La dernière fois que j'ai tenté de corriger un paquet de copies en commençant par la 1ere copie, puis la seconde et ainsi de suite jusqu'à la dernière, j'ai failli mourir de désespoir et de chagrin en mettant 1 heure pour la 1ere et presque autant pour la deuxième. Alors depuis je commence par la dernière ah non ça marche pas ça change rien. Alors je commence par la 1ere question dans toutes les copies, puis la seconde question, etc
Objectivement, ça doit prendre plus longtemps, because le temps perdu à chercher dans chaque copie la question en cours de correction, compte-tenu que les étudiants sont spéciaux, eux ne commencent pas par répondre à la 1ere question, puis la 2nde, etc, ils les font dans le désordre et parfois ne précisent même pas à quelle question ils répondent, probablement dans l'espoir vain que leurs délires racontés à propos d'une question se révèlent vérité d'Evangile pour une autre question.
Psychologiquement, le gain est énorme, mes envies de meurtres d'étudiants sont atténuées, je corrige la 1ere question en une demie-heure, sans trop faire attention qu'il en reste 25 autres.
Et surtout, arrivé à la moitié des questions, on pourrait croire qu'il me reste autant de boulot, et bien pas du tout, le nombre d'étudiants qui décident d'épargner aux questions suivantes leur imagination poétique dans le farfelu augmente à chaque étape, et je m'aperçois avec un bonheur indicible que vers la fin, personne n'a daigné écrire n'importe quoi pour continuer à me faire perdre mon temps. Ils se sont lassés avant moi, je sors victorieux du long combat.

5/ Je suis persuadé que la meilleure manière d'enseigner est celle que je n'utilise jamais, mais par souci démagogique j'utilise celle qui plait aux étudiants.
Les étudiants aiment que j'explique tout dans les moindres détails, que je ne les oblige pas trop à chercher activement les exercices que je leur donne en TD, et que je les corrige moi-même plutôt que les envoyer au tableau, que je leur donne également le moins possible de travail à faire chez eux.
Ils sont contents, ils ont tout compris, ils pensent être capables de refaire ce que j'ai fait devant eux, sans s'entrainer et se fatiguer soi-même, illusion vite détrompée le jour J.

Moi je sais bien que là où j'ai le plus appris en tant qu'étudiant c'est avec une prof qui ne délivrait que des squelettes de solutions, laissait la moitié des démonstrations dans l'Ombre, ne demandait jamais si on avait compris, et ça valait mieux parce que sur le moment on ne comprenait rien.
Pour chaque heure avec elle, nous devions travailler ensuite 3 ou 4 heures à plusieurs pour remplir les trous, comprendre et assimiler.
L'inconvénient de la technique c'est qu'au bout du compte ce certif d'Orsay n'était plus suivi que par les plus fous des normaliens, et que Poi*tiers étant très loin de toute ENS, j'ai un peu peur de l'essayer ici, au lieu de me violer, mes étudiants me lyncheraient.

6/ N'ayant jamais eu le moindre conseil pédagogique/enseignement didactique/stage j'ai certainement des tas de lacunes que n'ont pas les enseignants qui ont eu la chance merveilleuse de connaître l'IUFM. (La première année on m'a confié des étudiants, une salle, une éponge et des craies, des feuilles d'exos, et débrouille-toi mon gars).
En particulier en début d'heure je réussis à utiliser mon tableau à peu près rationnellement, en partant d'en haut à gauche et en finissant en bas à droite, à la fin de la séance y en a dans tous les coins et dans tous les sens, tant pis pour ceux qui s'endorment une minute ou décident d'envoyer un sms à leur copine.

Je transmets ce questionnaire à tous les enseignants que je compte parmi mes lecteurs, et qui ne l'auraient pas encore fait.

28 mai 2008

prends garde au chat


Notre maison s'honore d'une jolie porte d'entrée verte encadrée d'une glycine, verte aussi, quoique mauve quand elle fleurit - pas longtemps-, et d'une boite aux lettres verte encore, accueillante mais qui n'a pas non plus mission de réceptionner tout et n'importe quoi.

Le slogan "pas de pub" n'est pas toujours bien compris alors on a installé sur la boite aux lettres un félin féroce pour décourager les obstinés.
Parfois l'attente lui semble peut-être légèrement ennuyeuse. (comme une soirée de l'Eurovision)
Alors il en profite pour aiguiser ses griffes en espérant la venue d'un contrevenant à la Loi.
Il peut donner l'impression, fatale aux hôtes imprudents, de surveiller en dilettante.
Bien fol est qui s'y fie car sa vigilance reste maximale durant toutes les matinées ensoleillées et il faudrait à tout le moins Orphée et sa lyre pour passer sans blessure devant le fauve prêt à bondir.
Maintenant il faudrait que je lui apprenne à attaquer le facteur uniquement lorsque celui-ci apporte des factures et missives des impots.

24 mai 2008

14 ans est un jour pas plus pire que les autres

Le Procureur : Citoyen Tirui, levez-vous. Vous êtes accusé de négligence criminelle à l'occasion de l'anniversaire de votre fils ainé. Que plaidez-vous ?
Moi :
Coupable, Votre Honneur.
Le Procureur : Ne croyez pas échapper à votre juste châtiment en prenant un air faussement contrit, citoyen tirui. Avez-vous demandé à votre fils ce qu'il voulait comme cadeau ?
Moi :
pas vraiment, Votre Honneur.
Le Procureur :
Pas vraiment ! On demande ou on ne demande pas, il n'y a pas de milieu. Le lui avez-vous souhaité mercredi matin ?
Moi :
j'avais oublié, j'ai trainé au lit, et il était parti au collège lorsque je me suis levé.
Le Procureur : quelle honte pour notre Patrie, et notre Président, qui se tue à la tâche pour redresser tout seul un pays mené à la ruine par des fainéants dans votre genre, Lui qui ne dort plus depuis qu'il s'applique à lui-même son précepte "travailler plus pour gagner 140% plus", et n'oublie pas pour autant ses devoirs de Père.
Moi :
J'ai été augmenté de 1,40%, l'an dernier, Votre Honneur, alors euh...


Le Procureur :
Silence ! N'ajoutez pas l'outrage à Chef d'Etat à tous vos crimes. Avez-vous confectionné avec amour le gâteau de ses rêves à votre fils premier né et héritier ?

Moi :
ben comme il était au collège, j'ai choisi tout seul de faire mon gâteau marbré traditionnel, je sais qu'il en mange, surtout quand il a faim, et les Ados ça a tout le temps faim.
Puis je suis allé à la foire expo qui trainait dans le coin chercher une idée cadeau et je suis revenu avec un stylo plume Laguiole et des cochonneries sucreries pour décorer le gâteau.

Tirouquin au moins était admiratif, il a dit qu'il avait jamais vu un aussi beau gâteau mais c'est vrai que je lui cache depuis des années les blogs des spécialistes du gâteau extraordinaire.

Le Procureur :
Vos aveux de paresse sont tout simplement indécents. Et je vous rappelle que c'était l'anniversaire de Filsainé, non pas de tirouquin. Lui avez-vous au moins organisé une superbe fête avec tous ses copains ?
Moi :
Votre Honneur il ne m'a rien demandé ! et de toute façon il n'a que 2 copains, avec qui il passe de toute manière tous ses samedis alors à quoi bon faire des invitations, surtout avec mon imprimante qui ne veut plus imprimer.
Le Procureur : Et la fête ?
Moi :
Vous allez rire, Votre Honneur, ça m'est sorti de la tête ce samedi, cette histoire d'anniversaire, j'ai pas pensé à refaire un autre gâteau, c'est ce soir que je me suis aperçu que les 2 copains étaient venus avec des super cadeaux. En même temps ça compense pour le mien, non ?
Le Procureur :
Je suis écoeuré. Qu'on lui coupe la tête, au moins ça le fera taire !

20 mai 2008

au printemps au printemps

les amants vont prier notre dame du bon temps
et tili organise un concours de photos en l'honneur de la saison de toutes les espérances et de toutes les renaissances.
et réciproquement.

J'ai triché avec le réglement, je crois, qui parle de 3 photos seulement, ou images ou dessins, mais c'est comme pour la course à pied, je participe pour perdre (plus facile et plus rigolo que participer pour gagner) et j'ai bon espoir d' y parvenir.



ps : de toute façon le soixante-huitard de Nazareth a dit que les premiers seront les derniers (au Royaume de Dieu seulement, parce qu'au royaume du petit nicolas S. les derniers seront les derniers, et les premiers seront les premiers, avec intérets et augmentations)

16 mai 2008

divisez, divisez, il en restera toujours quelque chose

j'ai bien conscience du caractère pathétique de mon obstination à raconter des maths à des lecteurs qui détestent ça à 50% et que ça indiffère pour les 50% restants mais on va dire que j'écris pour la postérité et les générations futures qui ne souffriront plus des préjugés des générations actuelles.
Amen.
Inch'Allah.

Le sieur Xavier D., ministre de son état, souhaitait que les enfants de CE1 apprennent la technique de la division.
Je n'épiloguerai pas sur l'idée dont même lui s'est rendu compte de la stupidité, les instits font ça mieux que moi, même si j'ai actuellement un enfant en CE1, ni sur le fait que je parie ma main gauche que Xavier D. est lui-même incapable de faire une division, vu son incompétence notoire et consternante pour les calculs les plus simples et les plus utiles dans la vie.

Nous avons tous appris donc à faire ceci, pas forcément en CE1 :

Nous l'avons presque tous oublié, vu que quand même il faut bien dire que ça sert à rien, même pas à un prof de maths.

On avait religieusement appris que 2019 s'appelait le dividende, que 12 était le diviseur, 168 le quotient, et 3 le reste.
(les plus vieux d'entre nous ont même appris à vérifier la justesse probable du calcul avec la règle de 9, qui est basée sur le principe 9=0).

Une méthode alternative à diviser à la main est de se munir d'un objet (communément appelé calculatrice), qu'on trouve à peu près partout, et même sur google, qui si vous demandez 2019 / 12 va vous répondre avec une précision remarquable 168,25.
Il suffit d'un peu d'astuce (et d'espièglerie) pour retrouver quotient et reste : le quotient est bien sûr 168 et le reste est
2019 - (168 x 12) = 3 nous dit encore cette brave calculatrice.

Dans les derniers cours de maths infligés à votre patience, je vous avais expliqué des calculs basés sur les postulats du type 7=0 ou 11=0.
Ces petits calculs mentaux rusés et amusants ne permettent pas de trouver le quotient mais fournissent le reste, comme on va voir :

partant de l'hypothèse 12 = 0 on en déduit par exemple que
10 = -2 ,
puis que 100 = (-2) x(-2) = 4
puis 1000 = 10 x 100 = -2 x 4 = -8 = 4.

D'où 2019 = (2 x 1000) + (1 x 10) + 9 = 2x4 + 1x(-2) + 9 = 8-2+9 = 15 = 3
si on a supposé que 12=0.

Ce qui nous amène insidieusement au conte moral suivant :

La célèbre et très aimée princesse Fleur-de-brume était un jour invitée à la fête des trois clochers réunissant un joli jour de mai les enfants de 3 écoles pour des tournois sportifs.

Quand elle arriva sur les lieux, des centaines d'enfants couraient dans tous les sens tandis qu'une dizaine d'adultes semblaient hagards et indécis.
Elle s'enquit de leur problème.
" Vous voyez comme ils bougent tout le temps et sont nombreux, impossible de les compter. Un peu au hasard nous leur avons demandé de faire des équipes de 11 afin de faire un tournoi de foot mais il restait 3 enfants tout seuls, ce n'était pas possible de faire un tournoi de foot dans ces conditions. Nous avons pensé avoir plus de chance avec le basket mais une fois constitué des équipes de 5 il restait 4 enfants.
- Vous n'avez pas songé à compter le nombre d'équipes de foot pendant qu'elles étaient formées, par hasard ? s'enquit poliment la princesse.
- euh non, pourquoi ? lui fut-il demandé.
La princesse se tourna vers Adalbert, son secrétaire particulier et lui murmura, sotto vocce : notez avant que j'oublie "penser à réformer la formation des profs de sports dans le royaume".
- A vos ordres, Majesté, répondit en souriant le secrétaire.
Un autre organisateur ajouta :
- On a même essayé le rugby à XIII mais là encore il restait des enfants sans équipe.
- Ah ça devient intéressant. Combien d'enfants exactement ? demanda la princesse.
- euh 5 je crois.
- Au maximum combien d'enfants avez-vous là ?
- moins de 700 car il y a beaucoup d'absents, à cause de parents faisant le pont.
- Adalbert, prêtez-moi votre parchemin et votre plume, s'il vous plait.
La princesse griffonna quelques nombres et sourit aux organisateurs.
- Bon voila, vos enfants sont exactement 564, et au passage vous pouvez faire un tournoi de volley, c'est un nombre divisible par 6.
Tous les profs de sport se confondirent en exclamations incrédules et admiratives : "comment est-ce possible ? vous êtes une magicienne !".
Fleur-de-brume sourit modestement en disant "c'est pour cela que je suis princesse et vous profs de sports".

Bien sûr comme tout tour de magie il suscita des incrédulités mais la princesse m'a proposé la chose suivante :
"Chacun de tes lecteurs n'a qu'à choisir en secret un nombre entre 0 et 700 , calculer par l'une des méthodes que tu as décrites plus haut ses restes dans les divisions par 5, 11, et 13, me donner uniquement les 3 restes en question dans un commentaire et dans la minute qui suit (plus le temps de réponse internétique) je lui révèle le nombre dont il est parti".

Elle a ajouté : "Les plus ambitieux de tes lecteurs peuvent essayer d'égaler mon tour de magie, et s'ils y parviennent je les nomme conseillers à ma cour. Puisque tu as déjà donné la réponse du problème de la fête des 3 clochers, je leur en donne un autre. Qu'ils cherchent l'unique nombre compris entre 0 et 700 qui a pour reste 3 quand je le divise par 5, 2 quand je le divise par 11, et 1 quand je le divise par 13."

Pour les lecteurs plus littéraires que matheux, j'ai ajouté de mon cru une devinette : De quelle citation célèbre attribuée tantôt à Voltaire tantôt à Francis Bacon ce billet fait-il une paraphrase osée mais subtile ?

13 mai 2008

ô rage

Une nouvelle surprenante à destination des météorologues : une ville de France n'avait pas connu le moindre orage depuis 8 ans, jusqu'à hier soir du moins.

Tirouquin : je savais pas que c'était aussi beau les éclairs.

j'avais pas eu de chance dans ma vie, j'en avais jamais vu.

L'éclair il a l'air d'un arbre en arrière.

Moi : en arrière ??

Tirouquin : oui, avec le tronc en haut et puis les branches là

Moi : AAhhhh ! ok.


Tirouquin : sauf le sapin. Le sapin il a pas trop l'aspect d'un éclair.

...

Moi (doctement) : tu sais que les éclairs c'est de l'électricité ?

Tirouquin : évidemment.
3000 volts ça doit faire mal. En plus quelqu'un a résisté, je sais pas comment mais il a résisté.

10 mai 2008

courir après des chimères ne rend pas plus riche

Une centaine de mètres après le départ le trajet empruntait un joli sentier de sous-bois où on ne pouvait avancer qu'à un de front.
Que se passe-t-il quand 371 coureurs veulent s'y engouffrer à peu près en même temps ?
oui ça fait un embouteillage sylvestre et pédestre, rarissime mais l'humanité a toujours fait preuve d'imagination.
Ai pas regretté de ne pas m'être échauffé, les premières minutes ont joué ce rôle à merveille : un peu de marche, un peu de pas de gymnastique, beaucoup de piétinement.

Partis dans les derniers et bloqués par un bouchon presque francilien on ne risquait pas de rattraper un jour les premiers mais comme c'était pas notre objectif...

Quand la densité de coureurs au m² se fut nettement réduite on adopta le rythme de croisière du plus expérimenté d'entre nous.
A la première côte j'ai appris une règle inconnue de moi : il ne faut pas ralentir en montée (avec son corollaire : ne pas accélérer en descente) et garder toujours la même vitesse.
Ah.
Bon.
Pourtant c'est drôlement tentant.
Et le copain il avait un régulateur de vitesse interne intégré, c'est pas possible autrement.
J'ai suivi parce que j'avais pas le choix, mais à chaque fin de côte j'étais au bord de l'asphyxie, l'air refusait fermement d'entrer, mon souffle ne voulait plus sortir, en représailles.

J'ai suivi aussi parce que c'était un peu la pagaille dans les balisages, il y avait 2 courses en même temps, la nôtre de 8.5 kms et une de 19 kms pour les masochistes, mais plutôt que faire simple en doublant le parcours pour les fadas, il y avait des bifurcations de temps en temps pour les 19 kms, qui reprenaient ensuite le même parcours que nous, nous dépassant alors à toute allure, tout rouges d'efforts inhumains comme si y avait quelque chose à gagner à l'arrivée.
Ce qui était peut-être le cas pour ce que j'en savais.

Après avoir dépassé 2 pancartes indiquant "6 kms" (déjà parcourus ? encore à parcourir ?) distantes de bien 1 km l'une de l'autre, j'ai renoncé à essayer de savoir où on en était, et j'ai surveillé ma montre en faisant confiance au pro qui nous affirmait qu'on galopait "sur la base de 55 minutes".

Les minutes en question défilaient encore plus lentement que pendant les surveillances d'examen sans jolie étudiante à contempler, mais tout a une fin, parait-il, et j'ai reconnu la route menant au stade d'où on était parti.

Glop glop, me suis-je dit.

Moins glop la déclivité épuisante de la route en question, avec un soleil étouffant qui décidait enfin de venir voir la course, et les copains qui ne ralentissaient pas l'allure d'un micron/heure.
Je m'accrochais à la vue de la ligne d'arrivée et au moment de quitter la route pour entrer dans le stade olympique, un malade sadique d'organisateur nous a indiqué que le parcours faisait encore plusieurs centaines de mètres par là-bas.
avec un geste vague de la main.
surpris mais obéissants nous avons obtempéré.
Personnellement je l'aurais bien empalé et enduit de crême de marrons pour se faire dévorer par les fourmis d'Amazonie du film qui m'avait terrorisé quand j'avais une dizaine d'années, mais j'avais pas le temps.

C'était quand même le coup de grâce, j'avais perdu la foi qui me soutenait jusque là, j'ai ralenti malgré moi, et les copains m'avaient mis 20 mètres dans la vue quand on a fini par nous autoriser à passer la ligne d'arrivée, recevoir un tee-shirt, une bouteille de jus de pommes, deux superbes autocollants (cf image de début de billet) et plein de pubs pour d'autres courses (il a un grain le type qui a estimé que c'était le meilleur moment pour faire ce genre de publicité).

J'étais tellement maître de mes facultés intellectuelles à ce moment que même en la faisant répéter 2 fois je n'ai compris qu'une heure après que la fille préposée aux tee-shirts me demandait la taille que je faisais.

Au jugé elle m'a donné la taille L, qui me va plutôt pas mal, preuve qu'elle a bien deviné que j'étais un gros con. Il n'empêche que c'est pas exactement avec ça que je vais pouvoir parader en me vantant, à cause du nom du club organisateur, nom plein d'humour mais dans le genre autodérision.

J'ai passé la ligne d'arrivée 56 minutes après le départ. Les premiers de ceux qui couraient 19 kms sont arrivés moins de 20 minutes après, ce qui dégouterait un peu si j'en avais quelque chose à fiche.

Il est apparu peu à peu qu'il y avait eu des gros soucis sur les 2 trajets, les organisateurs ont palabré une heure sous la tente en fumant le calumet de la perplexité, avant de décider d'annuler tous les classements, de garder leur moches superbes coupes plaquées or et argent, et de distribuer tous les lots par tirage au sort.

En conclusion j'ignore à quelle place je suis arrivé, je sais combien de temps j'ai couru parce que j'avais ma montre mais je ne suis même pas certain de combien de kms on a fait, le pote pro affirmant que ça tournait plutôt aux alentours de 9.5 kms.

Et on n'a rien gagné, ni au tirage ni au grattage, même pas une paire de chaussures de sport ou un panier garni, ni un billet d'avion Poitiers-Ajaccio pour une personne (j'en aurais fait quoi ? je me demande même si c'était un aller-retour; d'un autre côté un aller simple peut suffire pour aller en Corse quand tu as le malheur de pas être corse), ni une nuit dans le château-hôtel local (très utile à 20 minutes de chez moi), et encore moins le séjour d'une semaine en Tunisie (je mourrais sans avoir jamais vu le désert, snif).

Ah si, j'ai gagné une ampoule au pied.

On s'est consolé en dévorant un énorme pique-nique avec les femmes zet enfants nous ayant rejoint après leur grasse-matinée. (Les femmes zet enfants de jadis seraient venus nous supporter et acclamer sur le bord du chemin mais tout se perd, ma bonne dame).

ps : si un amateur ou organisateur de compétitions de courses à pieds manquant d'humour passait par là, j'ai trouvé moi aussi que c'était malgré tout une belle course. C'est juste pas ma tasse de thé, l'esprit compétitif, pas plus que l'esprit grégaire d'ailleurs.

07 mai 2008

comment je n'ai pas gagné un séjour en Tunisie

malgré une probabilité (1 chance sur 371) plus favorable que dans tous les tirages, grattages et arnaquages de la Française des Jeux.

Tout a commencé la semaine dernière, quand j'ai appris que les maris de 3 copines de l'association de parents d'élèves avaient l'intention de participer à une course dominicale de 8.5 kms dans la campagne proche.

Les copines en question passent leur temps à me plaisanter affectueusement sur mes horaires de profs, et sur mes activités sportives, dont elles entendent parler sans jamais les voir. (jogging, escalade, kayak cette année, en fréquence relativement réduite toutefois)
Malgré leur grande ouverture d'esprit elles semblent croire qu'il y a un physique spécifique pour faire du sport, et que celui de sylvester stallone et de leur mari y correspond plus que le mien.
Idée que je trouve absurde, à part à la rigueur pour soulever des haltères, et encore.

Mes principes persos vont à l'encontre de l'idée de m'agrafer un numéro sur la poitrine et de partir au milieu de 371 crétins coureurs, au signal, dans l'espoir d'arriver avant les autres à moitié mourant mais fier de voir son nom le lendemain dans la presse locale.
Sauf que c'était l'occasion de faire taire à tout jamais mes copines narquoises en faisant aussi bien que leur époux.

Je me suis donc levé à 8h du matin un dimanche, j'ai pollué la planète pendant 20 minutes en ouature pour me rendre à la course nature "la clé des champs" organisée par "les Lents du Poi*tou" (sic), je me suis inscrit, j'ai agrafé le dossard 335 sur mon torse viril et puissant, et regardé ébahi les 370 autres coureurs, pour la plupart arborant fièrement le nom de leur club de coureurs du dimanche ("les baladins de Jar*dres" par exemple) sur des tenues ultra modernes genre la nouvelle combinaison de Laure Manaudou, mais en version ultra moches, réglant inlassablement leur équipement (longueur de lacets, etc), s'étirant et s'échauffant longuement pour optimiser leurs performances, et jouant des coudes pour être parmi les premiers sur la ligne de départ.

Je ne me suis pas échauffé parce que 8.5 kms c'est un peu plus que la distance que je fais habituellement tout seul dans mon coin et sans autre témoin que des lapins, des écureuils et 1 ou 2 autres joggers triés sur le volet pour ne pas trottiner plus vite que moi, et je me disais que si je m'échauffais pendant 500 m avant, peut-être que ces 500 m là me manqueraient pour finir la course, mon objectif principal.

L'heure a sonné, pas très discrètement grâce à un insupportable type avec un micro (donner un micro à un type, c'est comme filer une tétine à un bébé, il ne peut plus le lâcher, et pire ne se tait plus non plus, même quand il n'a strictement rien à dire), nous avons laissé partir le gros du troupeau (plus buffles que gazelles, à vrai dire) et les avons suivis tranquillement.

(à suivre)

02 mai 2008

tournons quelques pages en couleurs

c'est l'euphémisme à la mode pour indiquer au téléspectateur vautré dans son confort qu'on va lui infliger un long tunnel de publicités qui devraient lui faire vomir de honte ses chips et sa bière en pensant à ce que nous faisons à nos enfants (et surtout aux enfants des autres) et à la terre (surtout à la terre des autres, également).

Or doncques en attendant le prochain cours de maths, les prochaines vacances en Bretagne, ou le prochain questionnaire, Tirouquin vous faict gratuitement et avecques bon cuer la promotion du jeu vidéo "Tomb Raider 3".

Notre reporter extraordinaire a interrogé le célèbre aventurier Tirouquin :

Reporter : "Bonjour, à quoi est-ce que tu joues sur l'ordi en ce moment ?
Tirouquin : Je joue à Tomb Raider, y a pas trop de sang.
Reporter : Ah bon ?
Tirouquin : zéro gramme de sang, alors que c'est interdit au moins de 12 ans, ils sont bêtes eux.
Reporter : et c'est bien quand même ?
Tirouquin : ouais. moi je voulais montrer l'histoire à maman l'histoire euh
paske au début il y a une petite histoire
c'est une météorite qui vole vers la terre, comme d'habitude
là on est euh je crois
moi au début je croyais qu'elle était américaine Lara, Lara Cost, Croft
quand j'ai vu au bout du parcours du combattant là j'ai vu le drapeau anglais là j'me dis y a un bug là quand même
en plus c'était écrit en américain ça faisait un peu bizarre
la météorite elle s'écrase et après y a les chercheurs dans la neige ils en ont trouvé une, enfin je crois, une météorite, et après y a un mec en scooter, un chercheur aussi, il dit : vous voudrez bien avertir la sécurité.

en tout cas c'est trop bien les parties, les missions."

L'interview se déroulait à table devant un sandwich de brioche au nutella pour géant affamé.

Tirouquin a ensuite convié notre reporter à une petite démonstration sur machine :



Eventuellement, pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus (ni lassés) voici du rab de pub :



Si après cela vous n'achetez pas "Tomb Raider 3", c'est à désespérer les marchands de lessive.

01 mai 2008

désordres

"Dans un système isolé
le désordre ne peut que croitre et prospérer"


Le 3e (et provisoirement dernier) questionnaire blogosphérique vient de chez cahuette.
Il s'agit de répondre en images à 6 questions que voici :

Que seriez-vous si vous étiez un animal ?


Quelle est votre couleur préférée ?


Quelle est votre boisson du matin ?


Quelle est votre nourriture préférée ?


Quel est votre objet préféré ?


Quel lieu aimeriez-vous visiter ?


Las ! Un lutin farceur nommé Entropie a tout mélangé les photos qui ne correspondent plus aux bonnes questions.
Un 1er mai je ne puis retravailler mon billet alors je vous laisse remettre en adéquation les 6 questions avec les 6 réponses en image, après tout il n'y a que euh 12 ? 60 ? 720 ? possibilités.

et puis au passage je transmets, si cela leur agrée, le questionnaire à angel, anne, art.truk, ashley, alix, bellzouzou.