30 janvier 2008

à la manière de Pérec

Lorsque j'étais jeune, je pensais certainement que 43 ans c'était pas loin du début de la fin, et en tout cas l'heure des bilans. Je sais maintenant que ce n'est pas forcément très proche de la fin et que de toute façon la fin peut arriver n'importe quand, même à 20 ans.
A 20 ans justement j'avais le rêve ou l'ambition de devenir écrivain -poils aux mains, tout en apprenant les maths - poils aux pattes.
Petit trentenaire j'ai compris que c'était plus un rêve qu'une ambition, et papa tout neuf j'ai rétréci mes ambitions à vouloir être "juste quelqu'un de bien", comme chantonnait enzo enzo dans ce qui fut La chanson de l'année 1995, celle de mes 30 ans.
"...J'dis bonjour à la boulangère
Je tiens la porte à la vieille dame..."
Passé 40 j'ai laissé tomber également cette ambition, et ron et ron petit patapon. Même si je tiens toujours la porte à la vieille dame.
Il me reste des souvenirs, et peut-être des espoirs, quelque part, bien cachés.
L'exercice perecien du "je me souviens" je l'ai fait à 2 époques de mon existence, ça fera 3, après addition et soustraction (auto censure violente, y a des femmes et des enfants qui lisent)

je me souviens qu'Yves et moi n'allions à la fac - tard déjà dans la matinée - que pour y engloutir joyeusement un chocolat et trois croissants.
je me souviens d'une multitude de gares.
je me souviens de tous les hotels à bas prix de Strasbourg.
je me souviens d'un banc au bord de l'Ill et qu'une inconnue agée s'est assise à côté de moi pour me raconter sa vie.
je me souviens à Vitré avoir sauté du train au dernier moment afin d'échapper à un controleur têtu mais peu malin.
je me souviens de barques sur le canal du Nivernais, du soleil, de l'eau, du mouvement calme des avirons pendant une semaine et d'une grande chaleur en moi.
je me souviens des mêmes barques, gréées cette fois, au large des côtes bretonnes, tout un mois d'été.
je me souviens de nombreux ports et que nous dormions dans des écoles privées ou des presbytères.
je me souviens avoir volé une couverture chez des bonnes soeurs.
je me souviens que nous faisions notre tambouille le midi à bord des barques, et le soir sur un quai sale au bord d'eaux noires d'un port.
je me souviens y avoir mangé des boites d'haricots verts avec un pot de moutarde.
je me souviens écouter Coppens au collège de france parce qu'Isabelle y allait.
je me souviens avopir collé maintes affiches du ciné-club avec Jérome et que je l'engueulais tout le temps.
je me souviens qu'Yves et moi écoutions indéfiniment le requiem de Mozart, le "o solitude" de Purcell et les délires de Gotainer.
je me souviens que Jérôme et moi jouions plusieurs fois par jour au babyfoot et que je détestais perdre, même rarement.
je me souviens des claquements de bec de dizaines de cigognes dans un parc de strasbourg et que F. révisait même là.
je me souviens de cours de DEA à Jussieu mais absolument plus de leur contenu.
je ne me souviens pas de quand F. a commencé à me haïr.
je me souviens avoir pleuré deux fois devant ma psychanalyste.
je me souviens avoir pleuré bien plus de fois devant F. pour qu'elle ne parte pas, et elle me consolait chaque fois.
je me souviens n'avoir pas pleuré la dernière fois et l'ai laissée partir.
je me souviens être allé au collège et y avoir souffert.
je me souviens de deux bergers allemands haineux aboyant chaque jour sur mon passage.
je me souviens des cours de maths en prépa et qu'avec François nous les occupions à faire des concours de citations littéraires de mémoire.
je me souviens de longues marches le long du Tarn, de la nature triomphante et d'une sérénité énivrante.
je me souviens d'un garagiste, d'un agent immobilier, d'une secrétaire et d'un inconnu qui creva un pneu de ma voiture.
je me souviens avoir mangé seul des milliers de fois.
je me souviens des films de Mizoguchi.
je me souviens des jeunes filles en fleurs du chantier de fouilles de Locmariaquer, de la digue et du marais où se couchait le soleil après notre journée de travail, et que pour rentrer nous courrions les yeux fermés dans les champs de maïs.
je me souviens avoir essayé d'apprendre par coeur les Elégies de Duino pour les déclamer en secret et à voix haute.
je me souviens que je ne sais pas ce qu'est devenue une gentille colombienne prénommée Catalina.
je me souviens du bizutage en prépa et que je n'ai pas trouvé ça drole.
je me souviens que ma mère m'a battu une fois parce que j'avais lancé des cailloux sur les petites voisines...qui avaient commencé.
je me souviens qu'avec ma mère je cuisinais des flans, des gateaux de riz et des clafoutis sans lait, et qu'avec ma grand-mère je l'aidais à préparer des beregs, des keuftès et des dourmas.
je me souviens qu'ayant allumé un feu malgré les interdictions parentales, une braise me sauta au visage, me laissant une cicatrice que je gardais longtemps.
je me souviens qu'à Locmariaquer j'essayais de tailler du silex.
je me souviens de mon accident de mobylette pratique car juste devant l'entrée de l'hopital.
je me souviens difficilement du judo enfant, et d'un gamin dont les orteils étaient restés sous un camion.
je me souviens de ma mère ouvrant la fenêtre à la campagne pour nous appeler.
je me souviens de longues explorations solitaires en forêt pour éviter les corvées absurdes que mon père me trouvait, même un dimanche à la campagne.
je me souviens que les plus beaux immeubles du monde étaient à Prague.
je me souviens du plaisir d'être sâle, boueux, et archéologue amateur.
je me souviens que catherine regrettait d'être née.
je me souviens de mes petites copines de l'aide au devoirs, de Laetitia, 14 ans, ignorante, parfois vulgaire, mais si attendrissante et si mal armée pour la vie.
je me souviens de Céléides, 12 ans dont 11 au Brésil, née d'un viol, son doux visage indien ne laissant pas deviner le tranchant de son intelligence et de sa volonté.
je me souviens de la Seine à Andrésy, de la vieille église, de la rue pavée où habitait F.
je me souviens en Ardèche, avoir marché une semaine sans fatigue.
je me souviens de Claudine, ce prénom que ne porteront pas mes filles.
je me souviens de Santander et de ce gentil couple de mathématiciens, Lalo et Marie-José.
je me souviens des chats de Léautaud et des petites filles de Larbaud.
je me souviens de mon hotel sur le front de mer, de gambas, de Santillane del Mare que j'ai vu et des ours des monts cantabriques dont je n'ai qu'entendu parler.
je me souviens de mes petites plantations de moutarde, de cresson, de laitue et de trèfle nain.
je me souviens de mes longues promenades dans Paris, Barbès, la gare st lazare et la rue de budapest, Rivoli et ses bazars, Mouffetard et ses magasins de disques, les bouquinistes des quais.
je me souviens de la bibliothèque Baudoyer et de ses poubelles où je trouvais parfois des livres et des revues.
je me souviens avoir décidé à 29 ans de lire La Recherche en entier et dans l'ordre, pour changer.
je me souviens vaguement d'une pension de famille italienne que je suis sensé avoir inondée.
je me souviens avoir eu souvent l'impression que cette gourmande de F. m'aurait échangé contre un jus d'oranges fraiches pressées.
je me souviens avoir commencé des tas d'écrits.
je me souviens avoir corrigé bien plus encore de copies et que je verrais bien cette activité au programme des Enfers.
je me souviens de ma difficulté à faire le ménage dans mon appartement solitaire.
je me souviens de la bibliothèque Ste Geneviève où j'aimais me trouver quoique n'ayant rien à y faire.
je me souviens de C. regardant l'image de marais salants sur la saliere et disant fierement "chuis allé là-bas", avant d'oublier peu à peu qu'il est allé en Camargue.
je me souviens d'A. tombant d'un arbre, coulant à la piscine, trébuchant sur les quais de la gare.
je me souviens de N. me charmant comme si elle avait pris des cours de séduction féminine par correspondance in utero.
je me souviens de son petit corps prisonnier de la couveuse mais emprisonnant mon coeur.
je me souviens de presque tout ou de pas grand chose, selon qu'on voit le verre à moitié vide ou à moitié plein.


Quand j'ai commencé à découvrir les moeurs de la blogosphère et en particulier les chaines je me suis étonné de ne rencontrer nulle part une chaine perecienne du "je me souviens", ça me semblait pourtant parfaitement adapté aux blogs. Alors si cela tente quelqu'un...

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Comme promis à Tili , une petite question mathématique totalement et entièrement inutile. Le beau est inutile et l'inutile est beau.
Imaginons qu'on vous donne un cercle et que vous en ayez perdu le centre, comment le retrouver avec rien d'autre qu'un compas, même pas une règle, votre petit dernier l'ayant cassé en la transformant en catapulte pour billes ?
Ce n'est pas facile du tout, je vous préviens, et il ne s'agit pas de le trouver approximativement mais de faire une jolie construction au compas sur cette figure là, construction qui redonne le centre perdu.

26 janvier 2008

menues péripéties anniversairiennes

Fifille avait choisi d'avoir 12 ans le même jour que les grévistes avaient choisi de grêver, ou le contraire, ce qui au départ me semblait une heureuse coïncidence (on allait tous être réunis à midi et à nouveau tous dès 16h15) a mis une petite pagaille familiale à l'arrivée, comme on va voir.

Le matin commençait avec tirouquin mal réveillé ne voulant pas dire "bon anniversaire" à sa soeur pendant le petit déjeuner. Je le retrouve quelques minutes plus tard enfoui sous ma couette. (c'est régulier après le petit déjeuner et avant de partir à l'école, parfois je le cherche sans le voir parce que ça fait un relief à peine visible sous la couette un tirouquin maigrelet dessous, d'autres fois je manque m'asseoir dessus sans le voir, et l'écrabouiller). Cette fois je devine sa présence bien qu'il ne laisse pas même dépasser un cheveu.
papa : - tiens tu es là ?! qu'as-tu ?
tirouquin voix geignarde : - Nono elle croyait que j'étais une bougie et elle m'a soufflé dessus.
papa, intérieurement hilare : - et alors ça t'a fait mal ?
tirouquin tragique : - non ça m'a fait froid.

Comme y a des cas plus dramatiques dans le monde, je ne l'ai pas plaint plus que ça et l'ai emmené à l'école, où sa maitresse était encore la seule non-gréviste.

Officiellement les 2 collégiens avaient peu de profs non grévistes et seulement le matin, on les attendait donc à manger le midi (nos 2 collégiens, pas les profs), et même plus près de 11h.
A midi personne.
A midi et quart on résout le mystère filsainé : il était bien sorti à 11h, avait téléphoné de chez son copain pour prévenir qu'il ne rentrait pas, personne n'avait répondu, alors sans même laisser de message sur le répondeur il avait considéré avoir fait son devoir de bon fils prévenant. Et mangeait tranquillement chez son copain. Encore heureux qu'on avait reconnu le numéro de telephone du copain dans les appels en absence.
Pas autant de chance avec fifille, et même pas de numéro à appeler, elle n'a aucune camarade de classe proche d'ici et chez qui on pourrait imaginer qu'elle se soit invitée.
Finalement sa mère va voir au collège.
En attendant je commence à m'inquiéter sérieusement, mon petit bout de fille qui a 12 ans aujourd'hui et qui a peut-être disparu snif.
Ben elle était restée manger au collège, s'étant souvenue que le jeudi entre 13h et 14h elle participe à l'élaboration du journal du collège (fifille c'est une sorte de Chloé Sullivan en plus jeune) activité qu'elle adore, de même que le club chorale le mardi midi et l'atelier poterie le vendredi midi... Ce qui est très bien en soi et encore mieux si elle avait pensé à nous prévenir mais le principe "vous êtes grands et autonomes mais on doit toujours savoir où vous êtes" a du mal à pénétrer leur cervelle de collégiens.

On a fait un mini gouter d'anniversaire vers 17h, sans le grand frère préférant rester chez son pote, avec un gateau marbré maison.

Et sans cadeau à offrir puisqu'elle les portait sur le dos depuis la veille. Là elle est entièrement vêtue de ses nouveaux atours :

Incidemment on a appris que le matin, le clan des pétasses du fond de la classe avait su que c'était l'anniversaire de fifille et que l'une d'elle lui avait murmuré un charmant "mauvais anniversaire" à son passage. Visiblement fifille en a vu d'autres et est à 100 lieues d'être traumatisée, surement qu'avoir deux frères pas toujours tendres avec elle l'a bien endurcie.

Aujourd'hui samedi c'était la petite fête d'anniversaire avec 5 copines. Pas de boum ni de tektonik mais des activités encore très enfantines : cache-cache et chat perché dans la maison, éperviers sortez dans le jardin, il n'y avait guère que dans les conversations à table que l'âge se faisait sentir : "toi qu'est-ce que tu veux faire plus tard ?" : journaliste pour l'une, instit pour une autre, prof d'arts plastiques pour la mienne, prof de maths même (ouf la relève est assurée), et gérante d'une crêperie bretonne.

J'ai fait un gateau au chocolat trop bon et trop facile sur une suggestion de fafa qui avait déjà testé cette recette , et Fifille pour me faire mentir (cf comms billet précédent) a voulu en plus une galette des rois (venue à bicyclette de la boulangerie).
Le gateau au chocolat n'a pas fait long feu, la galette y en reste pour les gourmand(e)s que ça intéresse.
Par rapport à la recette j'ai ajouté des copeaux de chocolat noir et du sucre glace pour décorer le dessus, et accompagné d'une crême anglaise.

24 janvier 2008

histoire du gateau à travers les âges

24 janvier 1997 : la miss a 1 an, à peine plus de cheveux sur le caillou mais 2 superbes gateaux de patissier.
Qu'elle ne mangera sans doute pas, mais ce ne sera pas perdu pour tout le monde.
Les petits fonctionnaires comme nous vivons encore bien grâce à 10 années de gouvernements progressistes contre seulement 5 ans de gouvernements conservateurs mais cet anniversaire est déjà le chant du cygne du pouvoir d'achat des classes moyennes.

1998 : les 4 années de pouvoir des conservateurs ont fait mal, certes la gauche est revenue au pouvoir depuis quelques mois mais l'austérité est de mise. Par solidarité autant que par obligation la miss fête ses 2 ans avec un clafoutis pommes-poires paternel. Elle a plus de cheveux, son sourire est ravageur et ses bonnes joues sont à croquer, encore plus que le gateau.

1999 : la miss a 3 ans et les cheveux fins comme de la soie, blonds comme les blés, et presque longs. Pour ne pas plomber les résultats des forces de progrès, les profs font des économies de plat en laissant les gateaux d'anniversaire dans leur moule. On les saupoudre de sucre glace pour masquer la misère, comme fait Jospin avec nos salaires.

2000 : on mange dans des assiettes en carton mais la miss a le sourire, un petit frère va bientôt lui naître et le papa est de plus en plus habile en gateaux maisons bourratifs pour troupeaux d'enfants affamés. Fifille est au sommet de sa séduction de moussaillonne, avec ses grands yeux noirs et sa coupe courte.

2001 : 5 ans et toutes ses dents. Un petit air triste sur la photo, peut-être parce qu'elle devine qu'en 2002, y aura même pas de photos. Ou que c'est encore le même gateau, mais plus mince et presque brûlé. La faute à son père qui n'assure plus.

2002 : la récession est à son comble, même pas d'appareil photo, un grand vide dans l'album photo, et un grand vide politique avec un duel Chirac-Le Pen, puis la main-mise de la droite sur tous les pouvoirs, main-mise qu'elle ne lachera plus.
Fifille fait ses premières manifs avec enthousiasme.
En prime elle avait demandé un chat pour ses 6 ans et a reçu un cochon d'inde à la place, mais fifille ne fait pas de manifs pour son cas personnel. Elle est la digne descendante d'une Rosa Luxembourg.

2003 : les temps sont durs, fifille a seulement droit à un minuscule fraisier qu'elle doit partager avec ses deux frères, mais au moins il vient du patissier. La Vienne n'est pas fière d'avoir donné un autre premier ministre à la France mais on est localement débarassé de Raffarien. A quelque chose malheur est bon.

2004 : fifille a 8 ans, elle est aussi sage que belle, et ses cheveux sont maintenant longs malgré la collusion milieux d'affaires-gouvernants qui s'acharnent à nous tondre la laine sur le dos.
En signe de résistance je lui confectionne un superbe et énorme clafoutis pommes-poires doré à souhait. Les fonctionnaires ne sont pas les plus mal lotis, malgré leur envie les libéraux-conservateurs n'ont pas osé baisser nos salaires ni toucher à la sécurité de l'emploi dans la fonction publique. Ils se contentent de multiplier les recours aux vacataires-contractuels-emplois précaires pour nombre de services publics, et de privatiser à tour de bras.

2005 : Les fruits devenant trop chers, j'opte pour un économique gateau marbré maison, au yaourt pour qu'il soit léger et pas trop gras, car je dois commencer à penser à ma ligne, à défaut de me préoccuper de celle de mes enfants qui sont tous fins comme des écureuils.
Fifille a 9 ans, obtiendra enfin un chat cette année-là, a débuté ses 3 ans de coopération avec sa maitresse préférée de tous les temps, elle est plus heureuse que jamais et ça se voit.

2006 : une décennie s'achève pour fifille. Elle redemande le gateau habituel de la maisonnée, cela masque mal le fait qu'elle va bientôt quitter le monde de l'enfance.

2007 : l'heure n'est plus à la rigolade et l'empiffrement, Sarko a controlé successivement les services de police et de renseignements, puis l'appareil des partis conservateurs, anéanti l'extrême droite en volant ses idées, et, aidés des plus puissants et plus riches chefs d'entreprise et de médias, il s'apprête à prendre le pouvoir absolu. Les profs entrent dans la clandestinité et fêtent les anniversaires de leurs enfants dans l'anonymat.
Fifille soutient Ségolène mais elle a 11 ans, ne peux pas voter, et sarko n'est pas prêt de lui accorder le droit de vote, lui qui va être élu par les vieux.

24 janvier 2008 : je bats mon propre record de mauvaise foi absolue sur blog, en attendant de choisir quel gateau faire pour fifille.

Fifille qui a dorénavant 12 ans et n'est plus du tout une enfant. La preuve pas de jouet cette année mais elle est allée choisir ses cadeaux la veille dans un magasin de vêtements. On peut être ado, rebelle, et fashion en même temps...

18 janvier 2008

le géant de fer

Un monstre de métal s'est introduit chez nous sans faire de bruit (le silence fait d'ailleurs partie de ses atouts marketing affichés).
Moins d'un géant c'est plutot d'un nabot obèse qu'il sagit. (genre nico lorsqu'il aura goûté 5 ans de suite à la cuisine de l'Elysée et des cuisines royales, princières ou républicaines des 30 voyages officiels par an qu'il compte faire)

Entendons-nous bien je n'ai rien contre les gros, que je crois comme Kafka être les vrais seigneurs de la terre puisqu'ils ombragent au sud et réchauffent au nord*, mais c'est un peu trop là, non ?

Rêveusement j'imaginais déjà titou le chat intéressé par le hublot, épiant, méfiant, le mouvement quand le monstre fonctionne, ou se glissant à l'arrêt à l'intérieur, au risque de se faire laver par erreur.
Mais titou le chat se fiche du monstre comme de sa première tique.

Celui que j'ai découvert devant, par contre, durant de longs moments, c'est tirouquin.

Pour observer la chose, ai-je d'abord pensé, et contempler fasciné le mouvement, à défaut de regarder un bon feu flamber dans la cheminée que nous n'avons pas, bien que j'y réfléchis - lentement soit - depuis 12 ans bientôt.

Que nenni, puisque je l'ai également surpris tournant carrément le dos à la chose.
Il a fallu qu'il explique à son papa médusé l'utilisation inédite qu'il avait imaginé du monstre de verre et d'acier.
Pour voir si vous êtes plus malins que moi je ne vous dis pas tout de suite ce qu'il fabrique...

* : citation de mémoire que je ne retrouve pas sur le web.

16 janvier 2008

famille de paumés

Au collège où vont fifille et filsainé il y a une équation assez simple à comprendre : avoir des bonnes notes = être un intello = être un pov paumé.

Les deux sont donc des paumés, ce qui chagrine à moitié filsainé et ce dont fifille se tape avec force, perdue dans ses rêveries.
En tout cas si le jour de son anniv elle fait jouer ses invitées aux jeux auxquels elle a voulu me faire jouer dimanche, c'est bon, elle est cataloguée paumée pour les 350 ans à venir.

Il y a le jeu de la poésie marchombre, trouvée dans un des romans qu'elle affectionne. Je crois bien qu'elle a modifié un peu les règles et je n'ai pas très bien compris quand elle a parlé de suites de mots appartenant au même champ lexical (oui elle cause comme ça !) du coup au début je n'étais pas très en phase avec elle. C'est seulement au dernier (sur le mot rideau) qu'on était à peu près accordés.





cache-cache dans le voile
rideau foncé ou clair
ne laisse rien passer
pas même la lumière
rideaux ou voiles faits pour cacher
femmes voilées
une ombre passe
sur le rideau
un rideau fait pour cacher
ne fait que disparaître
la vérité
rideau de scène
s'ouvrant sur le théâtre
rideau de douche
s'ouvrant sur ta peau nue
rideaux de vitre
s'ouvrant sur la rue
rideaux de dentelle
derrière se cachent les belles
rideau !
le spectacle est terminé
J'espère que vous applaudirez à mes progrès en langage html et ma capacité nouvelle à écrire du texte en colonnes, afin de mettre en parallèle les productions des deux participants au jeu (qui rédigent sans savoir ce qu'écrit l'autre, c'est plus drôle).

Ensuite on a joué au jeu des acrostiches (poésie dont les initiales de chaque vers épelle un mot qui est le sujet de la poésie)
Pour eau ça allait même si l'un d'entre nous avait un léger problème d'orthographe :





Espoir de revoir la lumière
Au fond des ténèbres qu'on
Us les naufragés la lumière de l'espoir
Etrange liquide sans couleur et sans odeur
Aqua, water, wasser tu chantes en chaque langue
Une goutte tombe, averse, cascade

mais pour désert/dessert on s'est aperçu hilares, une fois finis, que nos poésies ne traitaient pas du tout du même sujet, à cause d'un S en trop ou en moins, selon qu'on estime que l'erreur vient de l'un ou de l'autre.





Deux vautours tournoyaient
En-dessous d'eux, hagard
Seul, un homme marche
En quête d'eau, de salut
Rien ne distingue les dunes
Tout l'horizon s'étale, infini
Des fruits glacés
Entrecoupés de crême chantilly
Sucré à point
Empourpré de myrtilles
Raisins secs par dessus, la
Table étant mise, mangeons.

Je pourrais lancer une chaine blogosphérique en vous suggérant de faire pareil avec vos enfants et de le bloguer mais je viens de me rappeler que suis sensé détester les chaines. Alors ne le faites pas, surtout si vous ne voulez pas être des paumés comme nous.

edit : en tout cas je suis un paumé en html, ça marche pas comme je voudrais...

14 janvier 2008

Invitations

Si vous aviez la chance d'être une amie à mademoiselle ma fille, vous auriez le plaisir de recevoir, chacune d'entre vous, des cartes d'invitations personnalisées pour venir fêter ses 12 années d'existence.
Si vous ne l'êtes pas, vous pouvez toujours les admirer. (du moins une partie des 6 confectionnées par l'artiste, je n'ai pas été assez réactif)


Mais c'est pas pareil.

(les plus bêtes ce sont la Damoiselle S. qui a décidé de ne plus parler à Fifille deux semaines avant son anniversaire, hop disparue de la liste des invitées cette année, et le Damoiseau D. qui ayant appris indirectement que Fifille en pinçait pour lui a fait savoir indirectement aussi qu'elle ne l'intéressait pas, hop disparu lui aussi, avant même d'avoir appartenu à la dite liste)

10 janvier 2008

bonne année, bonne santé, ça marche pas immédiatement

Maintenant j'aime bien quand mes enfants sont malades.

Avant c'était pénible parce qu'ils n'étaient pas autonomes du tout, mais là, ils vomissent dans la bassine, et vont se coucher tout seuls quand la fièvre les terrasse.

Faut encore les accompagner chez le médecin mais ça ça me dérange pas, je tombe soit sur la jolie blonde (géante comme une Viking), soit sur sa remplaçante, une brune piquante avec un accent des pays de l'est. Ou du sud. euh ou d'ailleurs.

L'autre avantage c'est qu'ils sont calins comme tout (alors qu'en bonne santé, je peux me gratter pour avoir un calin, et guère plus d'un bisou le matin et le soir).

Le dernier avantage c'est qu'ils dorment en plein jour et je peux les regarder avec amour ou en profiter lâchement pour les photographier ou même filmer. (en train de tousser en dormant, mais c'est trop sombre pour vous montrer)

Bien sûr en temps normal ils dorment aussi toutes les nuits, mais je sais pas encore filmer et photographier en infrarouge.

Déja que ça marche plutot moyennement sans flash à l'intérieur de la casbah, même en plein jour, mais le flash ça faisait quand même trop parent sadique.

ADDENDUM : Par contre je n'aime plus du tout quand, grâce à eux, je suis malade à mon tour. Mon besoin de calins et de bisous me perdra...

Sujet de dissertation : Croyez-vous en une justice immanente ? Développez et argumentez.

07 janvier 2008

un seul net vous manque et tout est dépeuplé


Privé d'internet même seulement quelques heures je me sens curieusement comme naufragé sur une île déserte, coupé du monde entier qui continue de tourner sans moi, laissé seul au bord de la route elliptique des planètes, abandonné des dieux et des hommes.
snif.
Alors que soyons honnête, les trucs les plus urgents que j'avais à faire sur le web consistaient en chercher les paroles d'une chanson, vérifier une conjugaison sans me fatiguer, regarder si ma bibliothèque préférée possédait un certain livre, savoir si et quand je bossais cette semaine, ou lire et écrire des mails qui pouvaient aisément attendre le lendemain.
C'est grave docteur ?
(je suppose que ça fait ça aussi aux malades accros au téléphone portable quand ils le perdent/le font tomber/se le font voler. Pov malades gens, je les plains)

Et pourtant ce matin j'aurais bien voulu me sentir seul un peu, après 15 jours à supporter apprécier la vie de famille, mais non, tirouquin a décidé d'être malade et de rater la rentrée pour me tenir compagnie.
chic hein.
J'étais prévenu à l'avance d'ailleurs, le tirouquin ayant enregistré les plus infimes détails le concernant dans la bouche du médecin qu'il a vu samedi matin, et en particulier le
"c'est pas grave, ne vous inquiétez pas, c'est un virus, un peu de repos et dans 7 jours il sera guéri totalement".
Depuis il me travaille au corps avec toute la subtilité qui est la sienne :

"Tu ne veux quand même pas que je donne mon virus à toute l'école ??!!".

Et ce matin, une fois que sa mère lui ait assuré sans me demander mon avis que oui, il restait à la maison avec son père qui fiche rien comme d'habitude, il a continué encore un peu dans la subtilité :

"Quand je suis malade j'ai l'impression que faire de l'ordi ça fait oublier la douleur...
Mais je vais pas faire de l'ordi, je vous dis ça juste comme ça"

(5 minutes plus tard) " - y a que toi qui connait le code de l'ordi ?
- oui
- bon je te laisse finir ce que tu es en train de faire."
Je m'en suis débarassé en lui faisant le code.

Pendant que c'est plus ou moins la fête du tirouquin, je termine le florilège par deux remarques anti-grandfrère des vacances (rares car il idolâtre l'Ado)

"va te faire cuire un oeuf dans le mixer !"

(contraction de "va te faire cuire un oeuf" et de "va jouer dans le mixer", utilisés par ici, le premier de manière ancestrale et le second depuis ma découverte il y a une douzaine d'années de Calvin et Hobbes)

Et en image pour la seconde, parce que c'est trop mignon, la graphie et l'orthographe, sous cette forme :

03 janvier 2008

come back

Noel ce n'était pas seulement le dilemme cornélien : manger et vomir versus manger et grossir.

c'était aussi :

déballer ses cadeaux (enfin pas moi, snif) en espérant trouver le bonheur (naïfs zenfants), pouponner les petites nieces et petits cousins, jouer avec ses jouets, lire ses livres et visionner ses films (ou le contraire), regarder les flammes danser dans la cheminée en écoutant Daphné ou Mademoiselle K.

Et puis, contrairement à la plupart des gens civilisés, nous autres nous allons à la plage en plein hiver, histoire de prendre froid et de se mouiller autant que si on s'était mis en maillot de bain et baignés.
Il y en a un qui n'a pas de chance : plus petit, il a de plus petites bottes, il se fait plus vite mouiller, et plus haut relativement à sa taille, puis il réussit on ne sait comment à avoir mal à la jambe avec le frottement du haut de la botte sur sa peau fragile en escaladant les rochers, il réussit également à se tremper une manche alors qu'il s'approche moins que les autres de l'endroit où les vagues explosent, et c'est comme ça qu'on le retrouve 2 heures plus tard pieds nus sur le sable, une manche en moins, boitant comme une âme en peine de mousse passé par dessus bord à l'époque des frégates ou des caravelles. Pour un peu on le prendrait en pitié, même...

Et quand on n'a pas de chance, on cumule : il était le seul vraiment malade en Bretagne, il est le seul à rechuter en Poitou.

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solution des jeux de gateaux :

"Qui donc connait les mystères de la volonté, ainsi que sa vigueur ?
Car Dieu n'est qu'une grande volonté pénétrant toutes choses par l'intensité qui lui est propre.
L'homme ne cède aux anges et ne se rend entièrement à la mort que par l'infirmité de sa pauvre volonté"
Joseph Glanvill


Comme souvent, l'énoncé est plus compliqué que la solution.
Et comme pour la vie et la mort, en maths vouloir est quasi synonyme de pouvoir, et essayer c'est souvent réussir. (contrairement à la loterie nationale)

Le baba comporte 16 parts, à la fin du repas il reste 9 parts, par conséquent 7 parts ont été mangées, dont 3 par des non-gourmands.
Les gourmands en ont donc mangé 4. Les gourmands, au nombre de 4 donc, ont également chacun mangé une part de charlotte.
De la charlotte de 12 parts il n'est resté qu'1 part, ce qui signifie que 11 ont été mangées, 4 par des gourmands, et donc 7 par des non-gourmands.
Il ne reste plus qu'à faire le total : 4 gourmands ayant mangé de chaque gateau (dont votre serviteur), 3 non-gourmands ayant opté pour le baba, et 7 non-gourmands ayant opté pour la charlotte, cela fait 14 convives.

"Tout le monde peut cuisiner faire des maths, mais tout le monde
ne peut pas être un chef
mathématicien, il faut s'en donner les moyens, soyez inventifs ! "
(plus ou moins) extrait de Ratatouille.