31 mars 2006

passe à ton voisin

Il y a quelques mois je ne savais même pas ce que c'était une clé usb (je croyais que ça ouvrait quelque chose dans l'ordi mais apparemment ça n'ouvre rien du tout, sauf peut-être de nouveaux horizons) mais grâce à une de ces clés qui se promène d'ordis de maitresse à ordis de parents j'ai récupéré des photos de la classe découverte, qu'on a regardées aussitôt avec tirouquin qui me les a commentées en direct live (pléonasme stupide qu'affectionnent les décérébrés et décérébreurs de la TV, sauf elle)

le roman photo, juste après cette dernière dépêche du jour :

Fifille a inventé les RTT du vendredi en milieu scolaire. Après le vendredi chômé grâce à une blessure à la cheville gauche le jeudi soir à l'équitation, cette semaine elle a encore pris un vendredi après-midi de RTT grâce à sa cheville droite et l'atelier danse avec sa classe de ce matin. Encore heureux qu'on ne soit pas des mille-pattes et qu'elle doive se contenter de 2 chevilles.
Et moi qui avais projeté d'aller à la salle de muscu cet aprem...too bad.
(pour ceux qui ne connaissent pas, je vous ferais un de ces jours un résumé de ce qu'on découvre dans une salle de musculation)

[ vendredi 31 mars 2006, 13h06 - AFP ]



voici donc la classe découverte en photos (mal réduites en taille, les photos, j'avais pas pensé que les photos de la maitresse ne seraient pas au départ à la même dimension que les miennes, que je réduits les yeux fermés depuis le temps)








(Marguerite a accouché hier, si vous voulez savoir, la maman et les petits se portent bien)



c'est peut-être "qui parle" au singulier, tout bien réfléchi.




















On remarque au passage que les poules étaient bien là, non confinées, mais peut-être vaccinées.

30 mars 2006

sur le chemin de l'école

- comme ça, ça m'évite de prendre une douche, dit fifille en tendant son visage à la pluie.
- bof, ça te ferait pas de mal d'en prendre une vraie, répond son père.
- en plus les gouttes elles sont sâles, ajoute tirouquin qui disparait sous son parapluie géant et ressemble à un champignon court sur pattes.

29 mars 2006

scènes de la vie de supermarché

j'aime bien les supermarchés, un milieu naturel foisonnant particulièrement favorable au développement de la Vie, on y découvre à chaque fois de nouvelles formes de vie originales. Par exemple la vigile. Pas exactement une nouvelle espèce inconnue auparavant mais la première fois que je découvrais dans mon supermarché personnel un membre femelle de l'espèce en question. J'attendais mon tour sagement à une caisse tandis qu'elle veillait de l'autre côté. Je me suis dit en voyant son jeune âge (même pas 20 ans à vue d'oeil myope), ses bonnes joues et son sourire, que ça ne pouvait qu'être mieux que les vigiles mâles précédemment observés (et dont l'un avait eu les honneurs d'une brêve dans le journal local après avoir dit à une femme allaitante d'aller faire ses cochonneries ailleurs, il y avait des enfants qui voyait ça et c'était mal).
La seule chose c'était qu'elle était un peu rondelette et que l'uniforme de vigile ne la mettait pas vraiment en valeur, mais je me suis dit aussi qu'en jupe plissée et tee-shirt blanc on ne devinerait pas qu'elle est vigile.
Les vigiles doivent suivre des stages d'observation parce qu'elle a tout de suite vu ce qui m'avait échappé depuis que j'étais là : entre la caisse où j'attendais et sa voisine, une grosse poussette était installée, côté galerie marchande et non côté supermarché, avec un occupant que je ne voyais pas ni n'entendais, si j'en crois l'exclamation de la vigile :

- mais qu'est-ce que ce bébé fait là tout seul ?


Elle demande aux deux files d'attente si l'objet ne serait pas à nous mais personne ne se dénonce. Elle demande ensuite aux deux caissières si elles ont vu quelque chose mais les caissières ont vu des centaines de choses (salades, packs de bière, boites de préservatifs, chips, camemberts, ratons laveurs, etc) sauf qui avait posé le bébé là. La jeune vigile était très indignée, pestant contre les parents inconscients, et décidée à leur donner une leçon en embarquant la poussette et son contenu à l'accueil.
Sauf que l'un et l'autre refusèrent de bouger. Ben oui il y a un frein anti voleur de bébé. Elle essaye de l'emmener malgré le frein mais c'est que la poussette est lourdement lestée, puis cherche 5 minutes comment l'enlever avant de demander à la cantonade si quelqu'un sait enlever le frein. J'examine attentivement mes chaussures (j'ai horreur de me ridiculiser en public en échouant à comprendre le mécanisme d'une poussette à qui je n'ai pas été présenté), jusqu'à ce qu'une dame vienne à son secours et qu'à elle deux elles triomphent de la poussette récalcitrante.
A peine le temps de l'emmener à l'accueil situé à 15m que la maman (supposée) arrive pour savoir qui lui a chouravé sa poussette et son bébé. La vigile lui saute dessus :

- C'est vous qui laissez un bébé tout seul ici ? vous pensez à quoi ? vous êtes consciente de ce qui pourrait lui arriver ? etc

La jeune maman n'a pas l'air de très bien comprendre ce qui lui arrive, ni ce qu'on lui reproche. Elle s'excuse, tente sans conviction une explication à base de courses accrochées à la poussette avec lesquelles elle ne pouvait pas entrer dans le supermarché (elle doit bien savoir qu'il y a un autre vigile à l'entrée qui les aurait mis dans un sac étanche), s'excuse à nouveau. Elle renonce même à dire autre chose et répête sans arrêt "je m'excuse, je m'excuse" comme une litanie. On sent bien que la vigile n'a pas eu assez de stages pour la préparer à ça, car la situation commence singulièrement à lui échapper. Elle-même ne sait plus vraiment ce qu'elle doit dire, son "vous imaginez ce que mon directeur dirait si je lui amenais un bébé?" ne me parait pas très pertinent et son "c'est comme si vous laissiez votre bébé à un arrêt de bus" assez étrange.
La maman a une attitude qui éveille en moi des souvenirs d'un film sur les esclaves ("Racines") et j'ai presque l'impression de voir une esclave s'excuser terrorisée auprès d'un maitre cruel d'avoir cassé une assiette, je me rends compte qu'elle a maintenant très peur, pas une peur rétrospective pour son bébé ("vous savez qu'il y a des pervers ?" lui avait dit aussi la vigile), mais peur présente pour elle-même. Mais comment peut-on avoir autant peur d'une jeune fille même habillée en vigile ?
Je n'ai aucun mal à imaginer la réaction de quelques mamans de ma connaissance, de celles dont les enfants courent détachés dans la voiture pendant que leur mère conduit en injuriant les autres usagers de la route, et que j'imagine bien laisser sans souci leur gamin dans un coin comme ça, et qui ne s'excuseraient pas, elles. Au contraire. Faut voir comme elles répondent aux instits qui font une remarque sur leurs enfants, et d'ailleurs ceux-ci ont visiblement appris à dire "ta gueule" avant "maman". Elles n'auraient fait qu'une bouchée de la petite vigile indignée quoique gentille. Mais ces mamans-là sont blanches et celle qui se fait rouspéter est noire. Peut-être la couleur de peau n'a rien à voir. Juste une impression que ce n'était pas seulement la crainte (réfléchie) des possibles ennuis consécutifs d'un signalement éventuel (et improbable) de l'incident à la DDASS.
L'avantage du blog c'est que vous pourrez me dire si vous pensez que j'imagine des trucs qui n'existent pas.

(Depuis j'ai repensé plusieurs fois à la scène et ce qu'elle m'inspirait. J'ai réfléchi (si si); j'ai pensé que j'en étais resté à 1981 et les dix années (en gros) gouvernées à gauche, où les minorités (ceux qui n'ont pas la religion dominante, ou la couleur dominante, ou les ancêtres les plus habituels) avaient appris à avoir confiance en notre pays et se sentir acceptés. En voyant la peur de cette jeune femme, je me suis dit que je n'avais pas trop fait attention, pris dans l'élevage de gnomignons, qu'on avait été ensuite longuement gouverné à droite et que la peur était peut-être revenue, de petites phrases sur l'odeur en lois sur l'immigration, de décrets en charters, et que voila quand on est noir, par exemple, on anticipe les ennuis avec tout ce qui ressemble même de loin aux autorités, en 2006 ? une anticipation d'ennuis disproportionnée par rapport à la faute, même si je suis assez d'accord avec la vigile quand elle a terminé en lui disant de ne pas recommencer sinon cette fois elle préviendrait la DDASS. Une menace guère applicable en pratique mais qui devrait éviter que cette maman laisse son enfant sans surveillance dans un lieu public à l'avenir)

Vous en fichez peut-être autant que de mes interrogations ci-dessus mais histoire de faire SAV, je vous montre ce dont je vous ai causé il y a quelques jours, à savoir le taureau (avec des ailes ? apparemment il vole) dessiné par tirouquin lors de sa sortie au musée avec sa classe :



28 mars 2006

toute toute première fois




Certes (comme on peut le voir sur cette photo tirée des archives du journal) tirouquin répond depuis longtemps au téléphone, de même que les deux autres gnomignons, ce qui engendre parfois de confuses mélées lorsqu'il se met à sonner (le téléphone pas tirouquin), d'où au bout d'un moment le moins grièvement blessé émerge pour répondre triomphalement au dit téléphone. (encore que des fois, plus d'un arrivent en même temps au combiné et continuent de se le disputer après décrochage, laissant penser à l'appelant qu'il est tombé chez les fous)

Mais il (tirouquin, pas le téléphone) n'avait encore jamais réclamé de passer un appel lui-même avant hier.

20h30 :
- je peux appeler Rémi ?
- pourquoi faire ? ça peut pas attendre demain matin quand tu le verras en classe ?
- non, j'ai quelque chose à lui dire TOUT DE SUITE.
- à cette heure-ci il dort peut-être.


Finalement sa mère lui compose le numéro, lui souffle ses premières répliques ("bonsoir, c'est Clé*ment à l'appareil, est-ce que je peux parler à Rémi ?" ) puis on le laisse se débrouiller, ne sachant pas ce qu'il voulait dire à son pôte :

- j'ai été sonné chez toi et pourquoi tu m'as pas ouvert ?


lui a-t-il aussitôt demandé d'un ton accusateur.

Il est vrai qu'après l'école et le gouter, comme il faisait beau, sa mère et lui sur son vélo étaient allés s'enquérir auprès de Rémi pour savoir s'il voulait faire du vélo, et que Monsieur Rémi avait eu l'outrecuidance de ne pas répondre, pas plus que les autres occupants de sa maison, probablement parce qu'ils étaient ailleurs. Détail qui avait du échapper à tirouquin.

Il est dommage que les progrès technologiques des télécoms ne nous aient pas permis de visionner la tête de Rémi ni d'entendre sa réponse.

24 mars 2006

à la lutte avec les lutins noirs dont les terriers sont inondés

En me rendant mon bien, la maitresse de tirouquin s'est exclamée : "vous avez un ogre dans votre famille", ce que m'a confirmé d'un hochement de tête le petit ogrillon.
Elle a ajouté "ne regardez pas de trop près, nous sommes tous sales" ce qui était flagrant sur tirouquin mais nettement moins sur elle. Bon peut-être elle faisait pas autant femme de médecin qu'à l'ordinaire.
Il avait plu toute la journée et ça n'allait pas s'arrêter particulièrement pour le retour au foyer, rendant l'interview difficile, d'autant qu'il se mit à courir, me semant sans peine puisque c'est moi qui portais le sac.
Je tirais quand même de lui que ça avait été trop bien. D'une voix enthousiaste, qui se mua instantanément en voix chagrine pour me répondre qu'on lui avait beaucoup manqué lorsque je posais la question. Cet enfant est merveilleusement adaptable à son interlocuteur et aux questions posées.
A la maison il se précipita vers l'ordi, qui avait du lui manquer horriblement aussi.

Plus tard, quand j'ai pu capter à nouveau son attention, j'ai essayé de lui tirer les vers du nez, façon Harry Bosch mais ce fut façon Derrick, beaucoup de temps pour un résultat mince comme une top model cocaïnomane anorexique :

- à la cantine j'étais comme un ogre, parce que moi je SUIS un ogre
- y avait des choses qui étaient bonnes ? qui te plaisaient ?
- oh trop bonnes. tu rigoles
- et quoi par exemple ?
- alors c'était quoi déjà ? ah oui c'est un secret

- t'as dormi avec qui ?
- avec Kill*ian, Gab*in, et euh Ra*yan, et St*even. On était 5. Et y avait Ju*lien.
(un accompagnateur) mais pas le même Jul*ien, hein, un autre Jul*ien.

- il y avait beaucoup de pluie ?
- oui
- vous avez joué à l'intérieur ?
- non, on a fait des jeux dehors , dans la foret. Les lutins, pendant que y avait un monsieur qui avait perdu ses objets, on les a retrouvés. parce que les lutins les avaient volés, et les avaient cachés. on les a cherchés dans la forêt et c'était très dur.
- dans la nuit, avec la lampe de poche ?
- oui, c'était trop bien.

- tu as bien dormi ?
- oui, sauf que jul*ien il m'avait piqué la lampe dans la nuit. parce que ste*ven avait fait un cauchemar.
après c'était dur de se lever parce que Jul*ien il voulait pas se lever. c'était ballot. et en plus, c'est pas tres drole parce que jul*ien il voulait vraiment pas se réveiller alors on a attendu longtemps longtemps longtemps, alors que les autres étaient réveillés, au déjeuner.

- tu t'es lavé les dents le soir ?
- non
- pourquoi ? tu avais toutes tes affaires, n'est-ce pas ?
- oui la trousse de toilettes elle était avec des jolies fleurs
- alors pourquoi tu t'en es pas servi ?
- mais si je m'en suis servi, le premier jour je m'ai pas brossé les dents mais le deuxième jour je m'ai brossé les dents.

- vous avez fait la cuisine ?
- on a fait un gateau aux poires, et après on va faire un gateau au chocolat.
- mais vous n'y retournez pas.
- on a fait deux gateaux, un gateau aux poires et un gateau au chocolat, pour l'anniversaire de un cuisinier. On les a pas mangés.


Pour savoir vraiment tout ce qu'ils ont fait en 2 jours, je vais attendre patiemment de voir le cahier que fera certainement la maitresse et la classe, avec textes et photos, pour raconter leur séjour.

23 mars 2006

tirouquin en classe découverte

A l'heure où j'écris ces mots (avec deux doigts) tirouquin dort (ou pas) loin de nous.
Il est parti ce matin pour un mois pour 2 jours et 1 nuit, en Sibérie à 10 kms d'ici, avec sa classe, sa maitresse, une lampe de poche, un duvet, et une quantité de choses que même Arielle D. n'oserait pas emporter pour 3 semaines mais il a appris la liste par coeur et il n'était pas question de lui mettre moins de 2 gants et 2 serviettes éponge comme c'était marqué.
Sans parler du maillot de bain particulièrement utile sous la pluie qui est prévue pour ces deux jours.
Cela fait quelques mois qu'ils s'y préparent. Il y a quelques semaines il m'expliquait encore : "et je dormira et je mangera à B."
Avant-hier il semblait avoir du mal à se remémorer certains détails pourtant essentiels :
"- tu viendras avec moi ? - non. - et maman ? - non plus. Mais y aura quand même Ant*oine et Noé*mie ?!? - ben non. - Je vais être tout seul à la maison ? (voix qui tremblote) - patate, tu seras pas à la maison, tu seras à B. avec tes copains et ta maitresse. "

Ce matin il était debout le premier, et il a fallu que je m'extirpe de mon lit douillet à 7h pour faire son petit déjeuner. Sur le chemin de l'école il a dit encore : "j'espère que je vais attraper les lutins noirs".

(les lutins noirs sont des lutins assez pénibles qui volent des objets et colorient les lapins blancs, lutins que nos nains de jardin sont sensés chasser en nuit dans le parc, d'où les lampes de poche)



En plus des lutins et des lapins blancs coloriés, il y aurait du y avoir des poules mais celles-ci ont été sacrifiées sur l'autel des pandémies grippales. Il reste peut-être des chèvres et des moutons mais j'en saurais plus demain, après l'interview de l'explorateur de continents mystérieux.

Il y a un numéro de téléphone (seulement 0,34€ la minute, était-il écrit) grâce auquel les parents inquiets pouvaient pendant ces 2 jours écouter le ou les messages enregistrés par la maitresse depuis la lointaine contrée de B.
Comme on aime bien se gausser des parents inquiets, on n'a pas noté le numéro en question, mais quand même à 16h15 en récupérant fifille, j'ai demandé à une maman de passage ce qu'il y avait sur le message enregistré. (en fait rien à part qu'ils sont bien arrivés à destination).
Parait que certains enfants étaient déçus en arrivant au Chateau de B., parce que en fait de chateau, c'est juste un manoir racheté par la ville pour servir de centre d'hébergement à des classes découvertes, des centres de loisirs, etc...
Je vois bien Tirouquin dans les déçus, au mot de chateau il avait du imaginer Minas Tirith, pas moins.
Mais plus que du seigneur des anneaux, le chateau de B. tient de Blanche-Neige car il s'y trouve une cuisine digne de celle des 7 nains de Disney, où tout, depuis les tables, les chaises, les meubles, les plats, les ustensiles, éviers, fours, plans de travail, est à échelle d'enfants.
Avec un peu de chance demain quand tirouquin reviendra, il aura appris à se préparer tout seul son ptidèj et je pourrais rester au lit jusqu'à 8h tous les jours.

22 mars 2006

le passé est ce qu'on emporte avec soi (*)

India a inventé un questionnaire nanti d'une seule question que voici :

Racontez votre plus lointain souvenir, celui qui vous paraît le plus ancien, qu'il soit bon ou mauvais.

Je lui souhaite une longue et hasardeuse déambulation dans la blogosphère et je m'y colle à mon tour.

Bien que je ne sois pas le candidat idéal pour ça, n'ayant quasiment pas de souvenirs lointains (d'avant mes 10 ans).

Celui qui me parait le plus ancien est le souvenir de ma rentrée en primaire.
Il y avait plein d'enfants dans cette immense cour et une grande personne faisait l'appel classe après classe, élève après élève, pendant un temps qui me semblait infini et durant lequel je m'interrogeais : je fais quoi si à la fin je n'ai pas été appelé ?
Dans mon souvenir j'étais seul, dans cette cour d'école dont je ne connaissais pas un enfant ni un adulte, et où la possibilité d'être oublié ne me semblait pas invraisemblable du tout. Atterrissant directement en CE1, venu d'une école maternelle dans une autre banlieue de la région lyonnaise. Chaque classe une fois complète disparaissait dans l'école, et quand la dernière aurait disparu, je resterais invisible dans cette cour.

C'est le souvenir tel qu'il est enregistré dans mes neurones, de manière probablement irréversible.
Et pourtant, surtout depuis que j'ai vécu des rentrées d'école en tant que parent, il laisse plus que dubitatif le possesseur actuel du cerveau concerné.
Passons sur le rituel quasi militaire de l'appel, je n'ai pas vu procéder ainsi ces dernières années, mais peut-être qu'à l'époque il n'était pas aussi évident que maintenant de fabriquer des affiches pour chaque classe, avec les listes de noms, et peut-être que la coutume actuelle de faire rentrer les parents avec leurs enfants et jusque dans les classes pour le premier jour, peut-être que cette coutume n'avait pas encore cours.
Je suis déjà nettement plus sceptique sur le fait que j'ai débarqué pour la première fois ce jour-là dans ce groupe scolaire.
Certes je ne doute pas du fait que né en janvier, je me suis tapé une 4e année de maternelle, année pendant laquelle ma mère m'aurait appris à lire (pas de souvenirs), et qu'à 6 ans 2/3, du coup, on m'a fait sauté le CP pour atterrir en CE1. Mais l'aurait-on fait pour un enfant inconnu venu directement après un déménagement ?
N'ai-je pas plutot déménagé un an avant, au moins, et fait cette dernière année de maternelle dans le même groupe scolaire, où les instits de la maternelle auraient conseillé à leurs collègues de la primaire de m'envoyer en CE1 ?
Dans ce cas je connaissais des enfants dans cette cour, même si j'en fus séparé, ceux-ci se rendant en CP. L'école elle-même ne m'était pas si inconnue et étrangère.
Enfin le plus invraisemblable serait que ma mère, qui était mère au foyer à cette époque, ne serait pas restée au minimum dans la rue derrière la grille le temps de l'appel, si la cour était interdite aux parents. Ou bien elle est partie de suite pour mettre ma soeur à la maternelle ?
bizarre. bizarre.
Est-ce là ce que Freud appelle des souvenirs-écrans ? Nos plus lointains souvenirs individuels sont-ils aussi triturés, réécrits, malaxés, transformés, aussi faux que les mythes et les légendes des civilisations ?
Un souvenir là pour me convaincre que je suis transparent et invisible, que l'on m'a oublié et que l'on m'oubliera toujours. Que même moi je m'oublie en oubliant mon passé.

Le titre de ma précédente note était une allusion au premier roman de Kate Atkinson, romancière fascinée par le temps, le titre de cette note est une citation de ce même roman (Dans les coulisses du musée, en français), à rapprocher de celle-ci :

Le passé est un placard plein de lumière, et tout ce qu'on a à faire, c'est trouver la clé qui en ouvre la porte. (*)

Si quelqu'un trouve la clé, ce serait gentil de m'en faire un double.

Ou bien j'attendrais la fin de l'histoire, en espérant que la théorie de Ruby, l'héroïne de "Dans les coulisses du Musée", soit vraie :

Ma théorie est que, quand nous mourons, nous sommes amenés devant un grand Placard aux Objets Trouvés où tout ce que nous avons perdu dans notre vie a été conservé pour nous - chaque barrette, chaque bouton, chaque crayon, chaque dent, chaque clé, chaque boucle d'oreille, chaque épingle (...) tous les livres de bibliothèque, tous les chats qui ne sont pas revenus à la maison (...) Et peut-être aussi d'autres choses moins tangibles : la patience, la contenance, le sang-froid (...) la foi, l'innocence, et puis du temps, beaucoup de temps, énormément de temps. (...)
Sur les rayons inférieurs du placard, il y aurait les rêves que nous oublions au réveil, nichés tout contre les journées perdues en rêveries mélancoliques (...)
Et, tout à fait au bas du placard, entre les copeaux de crayons et les cheveux balayés sur le carrelage des salons de coiffure, vous trouverez les souvenirs perdus. (*)


Sur ce, je confie à Madeleine, Bellzouzou, gaëna, anne et amandine le soin de faire vivre et prospérer le questionnaire d'India.


(*) : Kate Atkinson, Dans les coulisses du Musée, editions du fallois.

18 mars 2006

dans les coulisses du musée

Ce n'était pas n'importe quel dragon qui a brûlé la semaine passée, c'est un dragon d'ici.
Hier tirouquin et sa classe sont allés lui rendre visite au musée, là où il est conservé, sur les lieux mêmes de ses anciens exploits lorsque c'était une abbaye, dans les caves de laquelle le monstre rodait.



Vous pouvez trouver sur le net diverses versions mais je vous livre celle de tirouquin que j'ai interviewé spécialement pour vous :

- comment c'était le musée ?
- il était grand le musée.
- à quoi elle ressemblait la Grand'Goule ?
- un dragon pas très fier.
- pas très fier ?
- oui elle mangeait les jeunes filles, comme toujours. Ste Radegonde elle a adopté la Grand'Goule. Après la Grand'goule elle est devenue gentille.
- qui c'est Ste Radegonde ?
- Ste Radegonde c'est la réhoïne, l'héroïne de l'histoire. La fausse fin de l'histoire c'est qu'elle l'a tué avec une croix magique.
- et la vraie fin c'est qu'elle l'a adopté ?
- oui, et elle l'a apprivoisée, même.
- vous avez fait autre chose dans ce musée ?
- une dame nous aidait à trouver les animaux qui étaient cachés dans les tableaux. Et on a vu Hercule en statue, qui tenait la corne du taureau, mais il était tout nu, hein. C'était drole. On a fait des dessins, moi j'ai fait un taureau furieux avec des ailes.
J'ai fini ce que j'avais à dire.
(traduction : fiche-moi la paix avec tes questions)

17 mars 2006

passage du temps IV

Certains s'en souviennent peut-être, je l'ai fait pour chacun des trois enfants :

grandfils , fifille , tirouquin

Cela faisait un moment que je voulais faire l'expérience sur moi, la repoussant en me disant que j'avais trop de lacunes dans mes photos des divers âges de la vie, que c'était de plus passablement exhibitionniste, mais ça va peut-être m'aider à répondre à des questions du genre : qu'est-ce qu'on devient ? la somme de tous les états passés ? le résultat d'une évolution faite de soustractions autant que d'additions ? vers quoi est-ce que je tends ? les lunettes étaient-elles vraiment affreuses dans les années 80 ? dois-je faire un régime avant la plage cet été ?



ah et puis j'ai une surprise pour vous, assez inattendue pour moi : il y a bien 6 mois je cherchais le moyen de mettre des vidéos en ligne sur ce blog, j'avais pensé avoir échoué avec google vidéo mais après 6 mois de réflexion intense ils ont décidé, chez google, que ma vidéo ne comportait aucune scène choquante et vous pouvez voir ma fille (tout à fait à droite) en mouvement, après l'avoir vue si souvent figée sur des photos. (là avec des cousines à moi et des cousines à elle).

fifille apprend les danses armé*niennes

(si je disparais sans prévenir, ce sera que mes cousines sont arrivées sur ce blog et m'ont tué sauvagement)

16 mars 2006

CPE , mon amour

alors que leur université est aujourd'hui à la pointe de la mobilisation contre le CPE, les étudiants de Poit.....

C'est pas moi qui le dit, c'est Libé

Cocorico !

Je suis allé voir de plus près cet après-midi, il faisait beau, c'était mignon tous ces jeunes étudiants joyeux et ces vieux syndicalistes blanchis sous le harnois (FO, CGT, FSU, etc) réunis dans une même lutte, chantant "motivés, motivés"



Au début j'hésitais à les photographier, bien que n'ayant pas, à priori, une tête de flic des RG, mais quand j'ai vu que plein de jeunes prenaient des photos avec leur téléphone, j'ai fait pareil. (sans téléphone, j'en ai pas)
Y avait même des caméras de TF1 curieusement (peut-être pour le journal de JPP entre les rempailleurs de Sologne et les rémouleurs du Haut-Doubs).

Les revendications se nichent dans des endroits imprévus parfois, et les sires de Vile Pain et Sâr Cosi ont du souci à se faire pour les extirper :
Ce matin fifille participait avec sa classe au concours kangourou des mathématiques, je n'ai pas vu les énigmes qu'elle a eu à faire mais j'ai récupéré au conseil d'école ce soir un best-of pour plus grands, des questions imbibées d'un réjouissant mauvais esprit antigouvernemental, sur les économies d'énergie, le foulard à l'école, le budget de l'agence pour l'environnement, et enfin sur l'educ nat :

5) C'est une diminution en Somme...

La Somme, en 2005, perdait 58 postes d'enseignants dans les collèges, 58 postes dans les lycées, 15 dans le primaire alors que le nombre d'élèves augmentait de 253. Sachant que la Somme compte 111 687 élèves et 4 454 profs. Si de telles diminutions et augmentations se reproduisaient chaque année, combien y aurait-il d'élèves scolarisés lorsqu'il n'y aurait plus de profs ?

je vous laisse chercher.

15 mars 2006

les dents de la mer, le retour de la vengeance

Tirouquin est allé chez le dentiste ce matin, sans moi car je faisais mon jogging.
A nos retours respectifs, je pose LA question :

- alors le dentiste t'a fait mal ?
- TRES mal. Et il s'est fâché contre moi.


En interrogeant d'autres témoins j'ai pu reconstituer un certain nombre de dialogues ayant eu lieu pendant la consultation :

Tirouquin : je suis vexé.
Dentiste : pourquoi es-tu vexé ?
Tirouquin : parce que tu vas me faire mal avec ton aspirateur.
.
.
.
Dentiste : AIE ! arrête, tu me MORDS !

faut pas croire mais dentiste c'est un métier à risque.

Je voulais également vous parler de MAFALDA, Machine spécialisée dans la Fabrication de Labyrinthes et de Dédales aux tracés Aléatoires. Un site où vous pouvez occuper aussi bien des tirouquins, que des fifilles, ou des grandfrères, ou des adultes, en leur collant des labyrinthes adaptés à leurs capacités.
Mes lecteurs étant très intelligents, je vous en ai fabriqué un assez complexe qui est l'occasion d'un petit jeu pour répondre à la question :

Les calvaires respectifs de tirouquin et de son dentiste sont-ils terminés pour un certain temps au moins (jusqu'à la prochaine carie) ou bien ont-ils déjà prévu de se revoir ?

Trouvez votre chemin dans ce labyrinthe pour le savoir :





ps : ne tirez pas de conclusions hâtives de certaines expressions utilisées, je fais du jogging comme Hedwige, une heure par semaine, les bonnes semaines, pour faire accroire que je suis sportif.

14 mars 2006

veni vidi pas permi

Fifille est partie avec sa classe et revenue de la prévention routière assez désappointée et fort marrie :

"j'ai pas eu mon permis".

Et oui les gendarmes ne lui ont pas donné son permis vélo car elle ne s'est pas arrêtée à un stop.
Explication : il était trop haut et elle ne l'a pas vu.



Je devrais peut-être tenter cette justification la prochaine fois que je me fais arrêter ?

Tirouquin est légèrement vexant :

"tes yeux ils sont couleur pas beau"
, m'annonce-t-il.



Peut-être qu'il a pas tort, surtout à travers des verres de lunettes sales.
Mais il lui sera beaucoup pardonné, parce qu'après tout avec lui les mots ne veulent pas forcément dire ce qu'on croit :

par exemple "des fleurs extra-terrestres" c'est une tapisserie des années 70

"mes bras sont de la lave"
, ça veut dire qu'il a trop chaud.

"regarde maman les jolies vagues sur les rochers"


et "les nuages c'est son lit au soleil", sont plus difficiles à traduire mais s'en passent, finalement.

Grandfils est content, en ce moment, il a nettement moins de devoirs et son père a nettement moins d'excuses du coup pour le torturer longuement le soir.
A peine un peu d'allemand à se mettre sous la dent, et pour la forme je lui fais remarquer que ça sert à rien d'apprendre par coeur un mot dont il n'a pas la plus petite idée du sens. On regarde ensemble, Schildkröte, contrairement à ma première idée ce n'est pas une crotte d'enfant..., c'est une tortue.
Curieux, je farfouille dans le dico et je vois que pour les allemands, une tortue c'est un crapaud-bouclier.
Ils sont fous ces allemands.
(et moi assez fatigué alors vous vous contenterez de ça)

11 mars 2006

dragons

Amandine voulait voir le dragon reçu par tirouquin alors le voici :



Les dragons sont à la mode car à la maternelle c'est ce qu'ils ont fabriqué pour Carnaval et sorti en grande pompe hier :



suivis d'une centaine d'enfants de 4 classes, chaque classe ayant un déguisement et un instrument spécifique, dont tirouquin très fier de son couvre-chef et de son baton de pluie, faits de ses petites mains.



Le dragon crache même du feu, c'est dire s'il est réaliste !



un peu trop peut-être



carrément trop même, ont du penser les enfants réunis pour assister à un bûcher, amusement devenu rare depuis que le Moyen-Âge a pris fin.



On peut se demander si ce n'est pas la grippe à plumes la cause de cet acharnement sur un volatile plutot que sur un classique bonhomme carnaval ?



Un dragon n'est-il pas une sorte de dino volant ? les zozios eux-mêmes ne sont-ils pas des descendants des dinosaures ?

Après s'être débarassé symboliquement de ses peurs, l'homo scholasticus s'est confiné tout seul dans l'école pour y faire la fête, bien protégé de la menace venant du ciel





09 mars 2006

précautions de principe

Le bois de St-Pierre est un bois, comme son nom l'indique, bien que je doute que St Pierre soit venu par ici, avec des grandes allées pour faire vélo, ou tricycle, voire poussette, des jeux en divers endroits, un zoo gratuit, une piscine découverte pour l'été, un mini golf, et un endroit où emprunter moyennement finances des poneys placides.

La Mairie de P. a décidé de fermer le zoo au public pour cause de grippe oiseauphile.
Bon
mais pour protéger les oiseaux des hommes ou pour protéger les hommes des oiseaux ?
et jusqu'à quand ?
l'extinction de la grippe ou de l'espèce humaine ou de la classe des oiseaux ?

Les poneys ne sont pas menacés pour l'instant par les épidémies de précautions, heureusement.
Fifille nous avais montré sur un poney ce qu'elle fait sur des chevaux chaque jeudi soir.







La Communauté d'agglomération de P. n'est pas plus que la ville suspecte de déficit de précautions :
Jeudi dernier à la voltige fifille se fait éjecter par son cheval, retombe douloureusement sur sa cheville, au point que tout le monde craint pour une entorse. Il n'en sera heureusement rien, fifille sautillera à cloche-pied toute une journée, ce qui lui permettra de louper un vendredi d'école, et ensuite il n'y paraitra plus, et elle est retournée toute sautillante mais sur ses deux pieds au centre équestre ce soir.
Dans l'intervalle elle aura reçu un courrier que voici :



Outre la précision toute bureaucratique et le choix tout juridique des phrases, ce qui m'amuse c'est l'absence remarquable du cheval : non seulement il n'y est pour rien mais il n'a même pas l'air d'avoir été là ! Il a probablement un alibi.

Pour en revenir au zoo c'est dommage qu'il soit fermé parce que j'aurais apprécié de voir comment grandissait le bébé lama qui était né (dans le Poi*tou à sa grande surprise surement) le matin même du jour où nous passions par là après le tour de poneys.



Y en a un autre qui est un peu perdu c'est tirouquin :

- dis, la planète des martiens, comment elle s'appelle ?

- Je serai médecin. Je veux soigner les animaux, même les petits louveteaux.

- J'ai 35 maintenant - Déjà ! tu es adulte ? - je suis pas adulte, je suis professeur.


05 mars 2006

c'était bien la peine d'aller si loin et si haut

pour trouver de la neige,
ce week-end c'est elle qui s'est déplacée chez nous, et pas juste un peu pour frimer, mais de quoi faire des bonhommes de neige géants dans le parc public d'à côté :



et changer mon petit bout de jardin en taïga sibérienne (ou en forêt canadienne au choix) :



le reste des photos du jour par là

Depuis presque 15 ans que je suis dans la ville de P., je n'avais jamais vu autant de neige, et jamais 2 fois au cours de l'hiver. Je soupçonne que c'est de notre faute car les deux fois c'était pendant le gouter d'anniversaire d'un de nos enfants, d'abord fifille puis ce week-end tirouquin :



Dois-je tenter le diable pour l'anniversaire de l'ainé en mai ?

Curieusement tirouquin avait invité Killi*an, son ennemi préféré, dont mes lecteurs attentifs se souviennent certainement que tirouquin en disait pis que pendre, et qui s'est révélé plutôt calme, gentil comme tout, et a apporté à tirouquin la cadeau qu'il a préféré : un dragon dont le ventre s'éclaire de l'intérieur, en rouge ou en jaune au choix !
Il cracherait du feu pour de vrai qu'il serait parfait.

Avant de rendre l'antenne,
une tirouquinerie récente pour la route :

"On est serré comme des saucisses euh comme des sardines, hmmmh ... comme des batons de sucette !"

04 mars 2006

quand les lois de Murphy chaussent des skis

Le second jour le temps était plus clément. (private joke)
Les deux grands connaissent le ski parce qu'ils sont allés en classe de neige l'an dernier. Je ne sais pas ce qu'ils y ont appris, apparemment seulement le chasse-neige. Leur mère en est au même point, elle n'en a fait qu'une fois, il y a quelques années. On a vu que Tirouquin débutait, et moi j'en ai fait pas mal au cours de mes 20 premières années lyonnaises, et une fois seulement dans les 20 années suivantes, mais c'est comme le vélo apparemment, ça ne s'oublie pas.
Une fois terminé le quart d'heure réglementaire de tirouquin sur des skis avant qu'il ne se lasse, je l'ai laissé à sa mother pour emmener les deux grands découvrir les hauteurs. Je me disais bien qu'étant de la même capacité skiatoire je n'aurais aucun mal à les gérer tous les deux.
Je les ai emmenés vers le petit télésiège pour commencer.
à 2 places. dilemne.
J'ai fait le choix de le prendre avec ma fille car elle est plus petite, en pensant que la personne qui monterait avec mon grand gèrerait l'instrument si lui ne savait pas trop.
Je sais pas comment il s'est débrouillé, vu qu'il était juste derrière nous au départ, mais il a réussi à se faire doubler par 6 personnes et à n'avoir personne pour prendre le télésiège avec lui.
De loin je ne voyais pas s'il avait bien rabattu la barre de protection et j'ai fait l'erreur de faire part de mon inquiétude à fifille qui s'est mise à sangloter :
"des fois, mes frères, ils m'énervent et sont pas gentils avec moi, mais je ne veux pas en perdre un, bouhhhhh"
A l'arrivée on a constaté que grandfrère n'était pas content (d'avoir été abandonné) mais était vivant et s'était fort bien débrouillé avec le télésiège.
Beaucoup d'émois pour arriver pas bien haut, il y avait un téléski qui montait un peu plus haut et je décidais de continuer vers les sommets.
J'hésitais en apercevant un écriteau "téleski difficile" mais fifille me dit qu'elle en a déjà pris en classe de neige. Prudemment cette fois je fais passer les deux devant moi, d'abord l'ainé puis la cadette. L'ainé arrive en haut, la cadette tombe aux deux tiers de la montée. Ce serait pratique de pouvoir se couper en deux. Encore un choix à faire...
Je m'arrête à la hauteur de fifille. A cet endroit on ne voit pas la piste bleue que j'avais prévu au programme, seulement une piste rouge méchamment pentue et verglacée.
Fifille m'explique : "papa, je t'ai dit que j'avais déjà pris des téléskis difficiles mais je t'ai pas dit que j'étais tombée dessus".
J'essaie de faire monter fifille en escalier mais je dois renoncer, elle n'en a pas la force, et descendre parait bien dangereux pour elle. Grandfrère doit attendre à l'arrivée en se demandant où nous sommes.
Je dis à fifille de ne pas bouger, que je vais m'occuper de son frère d'abord. Je redescends, je reprends le téléski en me demandant si je vais vraiment retrouver fiston qui aura eu la patience d'attendre 20 minutes ?
Oui, il avait encore plus peur de descendre tout seul une piste inconnue.
On descend la piste bleue, il est lent et pas assuré du tout, je le presse à cause de sa soeur qui attend, il est encore moins assuré du coup. On arrive au bas du téléski, tiens fifille a déchaussé ses skis et est en train de descendre la piste rouge sur les fesses, pourquoi n'y ai-je pas pensé moi-même !
"j'en avais marre d'attendre et de pleurer toute seule", me dit-elle.
On redescend tous les 3 sans plus se séparer.



Deux jours plus tard j'ai la matinée seul avec les 3 pendant que ma compagne fait une rando en raquettes. Je ne sais pas ce qui m'a passé par la tête mais je décide de les emmener tous les 3 tout en haut avec le grand télésiège, celui où la montée dure 10 minutes pendant lesquelles on se gêle.
Tirouquin passe tout son temps à m'interroger "mais comment on va redescendre ???"
Ce que j'ai prévu c'est que voyant des papas skieurs faire des descentes avec leur enfant entre les skis et se tenant à leurs batons à l'horizontale (comme la petite zébue), je me suis dit que je pouvais faire la même chose. Mais soit que je suis moins bon skieur qu'eux, soit que tirouquin soit moins tranquille et pousse des "j'ai peur, je veux redescendre en télésiège", ce ne fut pas une réussite, et on a même réussi à se gameller 2 fois tous les deux.
Pas autant de fois quand même que les deux grands qui passaient plus de temps les fesses dans la neige qu'en l'air.
A l'arrivée, tirouquin ne voulait plus entendre parler de téléski et de piste bleue, l'ainé non plus, à cause du vertige à la montée et des chutes à la descente, seule fifille avait trouvé l'expérience enrichissante, et d'ailleurs le lendemain les deux gars n'ont pas skié, fifille si, et a même redemandé tout le reste de la semaine des pistes difficiles, qu'elle descendait avec une adresse croissante et une volonté de fer. Qui a dit que les filles c'était faible, fragile, et sans défense ?



à suivre...

03 mars 2006

on va enfin pouvoir skier

Oui grâce au Bon samaritain de l'épisode précédent, nous sommes sur le parking de la station, avec tout un versant de montagne qui semble se précipiter sur nous en petits morceaux portés par le vent, au point qu'on doute qu'il y reste de la neige dans une heure.
Sont-ce des conditions pour faire découvrir les joies du ski à un enfant aussi conquérant et sans peur que Tirouquin ?
Non évidemment. Déjà il a du mal à goûter un cube de 5 mms de côté de nourriture inconnue, comme un lardon par exemple.
Mais on n'a pas échappé à la mort dans la montée pour redescendre maintenant...

On chausse et on y va donc.
Les deux grands se mettent dans la file d'attente du plus petit téléski, celui de la piste verte pour débutants. Pas une mauvaise idée.
Tirouquin les suit sans une hésitation. Il ne pose aucune question sur la pratique de la machine, il avance tranquille tandis que derrière je cherche mes mots pour lui expliquer dans les 21 secondes qui restent. Je renonce au bout de 20 secondes, j'attrape la perche, je la lui mets entre les jambes, je m'y accroche d'une main et de l'autre je le tiens au cas où et nous montons ensembles.
Si ça se trouve il aurait réussi du premier coup sans préparation et sans aide mais là j'ai créé un précédent fâcheux, tout le reste de la semaine il estimera que c'est comme ça que les enfants de presque 6 ans prennent le téléski, avec leur papa derrière.
Tirouquin a une vision claire et simple de la pratique du ski : Comme dans les duels pour fillettes où on arrête au premier sang, Tirouquin fait du ski jusqu'à la première chute. Ensuite il fait de la luge (où il tombe plein de fois mais là apparemment ça compte pas).
Pour éviter qu'il arrête au bout de 15 secondes, je dois le tenir par le bras quand il skie.
Il ne veut pas faire le chasse-neige ("je sais pas faire") alors je lui apprends à skier parallèle directement. Si on peut appeler ça skier, sachant que les virages se font en le soulevant à moitié par le bras pour le faire tourner.
Ce qu'il préfère finalement c'est skier sur le plat, devant l'Ecole de Ski Français où il refuse de prendre des cours.