30 novembre 2006

le coq est mort ce soir


Lors de la promenade dominicale, nous avons fait un léger détour par un cimetiere rural, histoire de regarder avec indifférence les mamies mortes à 89 ans et émotion les tombes d'enfants.
Tirouquin, qui a sans doute oublié le cochon d'inde enterré dans notre jardin, a considéré d'un oeil sagace le monument au mort sis au milieu du cimetière et s'est exclamé, un peu étonné quand même :

"Oh ! y a un coq qui est mort aussi !"


(fidèle à ma réputation de mauvais père, je ne me suis pas fatigué à le contredire, et puis d'abord qu'est-ce que j'en sais qu'il n'y a pas de coq mort dessous ?)



Nous avons également croisé la route de 3 cygnes blancs et d'un moulin, semblant tout droit sortis d'un conte où une jeune soeur se blesse les mains à tresser des orties pour lever le sort sur ses frères, de quelques abrutis de chasseurs (sorry pour la redondance),

et de très nombreuses ronces et orties (justement) que tirouquin bastonnaient d'importance, sans doute en raison d'une inimitié ancienne et de torts passés.

Et pour faire comme tout le monde mais en moins bien, j'ai perdu une heure de sommeil pour essayer de recoller des photos en une image panoramique. J'espère que Dieu me la rendra un de ces jours.



et zut, elle n'apparait même pas dans sa taille d'origine. grrrr

25 novembre 2006

omnia mutantur

A propos des découpages topologiques de la note précédente... je voulais faire une vidéo de la fabrication + explications professorales avec, mais c'est trop compliqué pour moi de filmer, scotcher, découper, et parler, tout en même temps. Je retenterai peut-être quand le courage sera revenu.

Pour ceux que le sujet intéressait, voici plus globalement ce que j'ai compris des futures politiques pour l'université française.
Il faut concurrencer les IUT (voire les écoles d'ingénieurs) sur leur propre terrain : la professionnalisation des études.
Que l'université et l'étudiant soient plus en contact avec le monde du travail et les entreprises.
Jusqu'à présent l'étudiant trouvait à l'université des connaissances, il doit y trouver maintenant des compétences.
Il en sortait avec des diplomes, dorénavant il doit en sortir avec un métier, presque un emploi.
L'université ne doit plus être un lieu à l'écart du monde, dédié au savoir pur et désintéressé et à la recherche fondamentale.
Suivant ses convictions personnelles chacun s'en réjouira ou s'en indignera.


J'avais envie de vous faire deviner à quoi avait bien pu me servir l'épluche-légume samedi après-midi pendant mon activité bricolage "pose d'étagères au-dessus du bureau de fifille", mais je ne vois pas comment vous auriez deviner que pour suivre les directives maternelles quant à la solidité de l'ensemble j'ai pris les plus grosses chevilles à expansion, et se trouvant également les plus longues, la première a traversé la cloison, déchirant la tapisserie de la chambre voisine, et que je me suis dépêché de recoller la dite tapisserie à la superglu avant que la maitresse de maison ne s'aperçoive de la chose, que je m'en suis mis sur les doigts, que la superglu c'est une vraie saleté pour ça et que je n'ai réussi à m'en débarasser qu'avec l'épluche-légume de cuisine, sans me blesser en plus.

Fifille avait une invitée pour le week-end, et j'ai surpris cet échange lorsque les deux copines installaient 2-3 choses sur les étagères juste posées :

Copine : moi quand je vois des gens ranger, ça me donne envie de ranger.
Fifille : ah moi je risque pas d'être contaminée, j'ai un antivirus à la naissance.


22 novembre 2006

se/ce savoir mort

A force de ne pas cacher que je ne fais plus de recherche, certains profs se sont dits que je pourrais faire des trucs chiants genre responsabilités administratives, malgré ma condition d'inférieur (je ne suis que maitre de conf, titre ronflant mais hiérarchiquement inférieur à celui de prof).

Mais pas quelque chose avec du pouvoir comme coordonnateur, qui décide de qui fait quels enseignements, pas non plus responsable d'enseignements, qui décidera des emplois du temps, non, plutot la bonne poire qui va revoir pour les maths la maquette des diplomes pour la prochaine habilitation par le ministère (contrat 2008-2001).

Et c'est ainsi que m'est échue une responsabilité que j'ai acceptée sans savoir de quoi il retournait, par mauvaise conscience de ne pas faire de recherche, et qui m'envoie à des réunions de plusieurs heures où je découvre en soupirant le jargon administratif : les cadrages ministériels, la logique de l'excellence et de la compétitivité, les orientations stratégiques de la politique contractuelle, le développement d'un système de pilotage par la performance, et ces braves gens en costume-cravate nous demandant de jeter nos savoirs morts, de les réexaminer en termes d'offres de compétences professionnelles, et de parcours à objectifs métiers.

Outre le côté kafkaien de vouloir estimer chaque enseignement en termes de compétences professionnelles (la topologie fournit des compétences pour calculer les distances SNCF ? ils font comment en fac de philo ? ) ce qui m'a le plus sidéré est cette histoire de savoir mort.
Je vous transmets tel que je l'ai découvert :

"Je les connais les enseignants, ils levent leurs boucliers en masse dès qu'on parle de diminuer les heures des enseignements fondamentaux. Ils défendent leur savoir, mais c'est un savoir mort en réalité. Moi je prends les étudiants 2 ans plus tard et je leur demande ce qu'ils ont retenu. Pas grand chose. C'est ça un savoir mort, un savoir que vous enseignez et que les étudiants oublient presque aussitôt. Croyez-moi ça va en libérer des heures lorsque vous aurez élagué tous ces savoirs morts."

ça m'a ouvert des perspectives, cette idée d'enseigner en fonction de ce que va retenir l'apprenant.
Ayant passé 9 et 7 ans à faire de l'allemand et de l'anglais sans que j'ai jamais été capable de parler ces langues, je vais demander la suppression de l'apprentissage des langues étrangères au collège et au lycée.
Non mais.
Et d'y réintroduire la rhétorique car je me souviens parfaitement des quelques fois où un prof de français nous a parlé d'anacoluthe, d'oxymore et de métonymie. J'étais fasciné et enthousiaste.

Et puis va falloir que je me trouve un autre métier parce que je vois bien quand je retrouve mes étudiants de licence un an après, à la préparation au capes : ils ont oublié presque tout ce que j'ai tenté de leur apprendre.
Ou bien en tant que dépositaire d'un savoir mort je demande la protection de Nicolas Hulot.
Ah zut je ne suis pas une espèce en voie de disparition.

Pour ceux qui n'auraient pas peur des savoirs qui remuent à peine, une mini série de devinettes issues de la topologie mais qui n'utilisent qu'un rectangle de papier, du scotch et des ciseaux.


question 1 : qu'obtient-on lorsque on scotche ensembles 2 côtés opposés d'un rectangle ?

1-a. un carré
1-b. un cylindre
1-c. une sphère

question 2 : qu'obtient-on lorsqu'on scotche à nouveau les bords restants de la surface précédente ?

2-a. une pyramide
2-b. une sphère
2-c. une chambre à air

question 3 : Reprenons notre rectangle de papier de départ. Un rectangle de papier est une surface à 2 faces. On scotche à nouveau 2 côtés opposés du rectangle mais cette fois après avoir opéré une torsion du rectangle de papier de telle sorte que sont scotchés ensembles des sommets qui étaient sur la même diagonale du rectangle de départ. La surface obtenue (un ruban) possède-t-elle :

3-a. une face
3-b. deux faces
3-c. trois faces

question 4 : A l'aide du ciseau découper le ruban précédent en deux dans le sens de la longueur. Obtient-on

4-a. un ruban à deux faces
4-b. deux rubans à une face
4-c. un ruban à une face


question 5 : On redécoupe en deux dans le sens de la longueur la chose précédente. Obtient-on :

5-a. un ruban à une face
5-b. deux rubans à deux faces
5-c. deux rubans à une face

20 novembre 2006

la fin des superstitions


ah non je ne crois plus au pere noël

(il réfléchit un court instant)

ni aux lutins

(moi je croirais presque aux anges quand je regarde cette photo-là. Et oui je souffre aussi du syndrome bien connu "mes enfants c'est les plus beaux". Inutile de me conseiller des thérapies, c'est une maladie incurable mais pas mortelle, que seul le temps qui passe atténue légèrement)

(le directeur de son école lui a sorti qu'il ressemblait au soleil, lors de la discussion avec moi et madame G., vendredi dernier. Il doit être atteint aussi)

18 novembre 2006

tirouquin et la cantine

ça ne s'arrange pas.

Et pourtant il y va de moins en moins. (d'accord c'est peut-être justement pour ça)

Hier soir sa maitresse me demande d'un air douloureux si elle peut me parler de tirouquin. Je réponds oui. Elle me redit 2-3 fois que si je veux ça peut être un autre jour. Je reste patient et je l'assure que maintenant tout de suite c'est parfait.
Je patiente encore le temps qu'on retourne dans la classe pour être plus à notre aise, tirouquin suit, ainsi que fifille.
Je patiente ensuite pendant qu'elle essaie de convaincre tirouquin de raconter lui-même parce que ce serait mieux mais tirouquin fait sa tête butée de martyr qu'il prend de temps en temps, le nez baissé sur ses chaussures, et refusant le moindre contact visuel (et vu sa taille il faudrait presque se coucher par terre pour ça)
Je finis par être relativement inquiet et du coup je suis presque soulagé quand elle m'explique que tirouquin ce matin lui a dit que son grand frère était mort, ajoutant quelques détails de son cru pour rendre la chose vraisemblable. La maitresse n'y croyait sans doute pas trop mais ne pouvait pas non plus prendre ça à la légère, et il ne lui a dit qu'un peu plus tard que ce n'était pas vrai.

Il semble presque assuré que la raison de cette invention pas très originale serait d'éviter la cantine pour laquelle il était programmé, vu que le vendredi je suis bloqué à la fac et qu'en plus le menu lui convenait plutot (poisson-coquillettes c'est quand même mieux qu'épinards-oeufs durs).

Le midi il a donc mangé à la cantine malgré sa ruse et s'est fait attraper par Vanessa en train de tenter de planquer son babybel dans sa manche pour ne pas le manger.

Après la discussion avec la maitresse, nous sommes allés voir la responsable de la cantine qui se trouve être la responsable de la garderie (Madame G. bien connue de services de la blogosphère), puis le directeur de l'école est passé par là comme par hasard, et on a tous discuté du cas de monsieur tirouquin, et le directeur a décidé de faire une réunion avec lui et les dames de la cantine en début de semaine prochaine pour trouver une solution afin que manger à l'école soit un plaisir pour tirouquin. Je n'ai pas dit que le mot "plaisir" me semblait d'un optimisme échevelé car je suis bien content que les choses bougent.
De mon côté je diminuerai encore ses passages à la cantine à 1 ou 2 repas par semaine, quand je ne pourrais faire autrement.

Autocritique (à la mode PCF des années 70)
Depuis des années je ruse avec les emplois du temps de la fac pour être toujours là à 8h30 et 16h15 et leur éviter la garderie, et je pensais être un bon communiste père. Pffff
A y regarder de plus près, c'était pour moi, afin de papoter avec les mamans de mon quartier à l'entrée et la sortie de l'école, et non pour eux car la garderie ça ne leur déplairait pas d'y aller, contrairement à la cantine où je les laissais même quand j'étais à la maison. mea culpa, mea maxima culpa.

16 novembre 2006

rodeo

Si certains se demandaient à quoi sert le judo, la réponse est sur cette vidéo :

le Judo sert à tenir sur un grizzli déchainé quand on est sur son dos.

Mais il peut également servir pour jouer à une version douloureuse du saute-mouton :

Ou apprendre à se faire tomber tout seul si on manque de grizzli sous la main.

J'ai gardé le plus intéressant pour la fin (quoique avec un lectorat aussi féminin, c'est pas sûr), le judo sert également à essayer de déshabiller et peloter les filles.


Filsainé a demandé tout d'un coup à faire du judo lui aussi. Plutot tardivement à la mi-novembre, et après 12 années d'indifférence marquée. Alors qu'il est même jamais venu voir ce que faisait son petit frère sur un tatami. Curieux, je demande pourquoi cet intéret soudain.
Pour se défendre.
Je vois. J'ai douché ses espoirs en lui disant que faire du judo ne lui permettrait pas particulièrement de se défendre au collège (et je sais de quoi je parle, j'ai fait du judo et ça m'a servi à rien au collège). Il a quand même insisté en disant que s'il allait jusqu'à la ceinture noire, si, il pourrait se défendre.
Contre qui, je ne sais pas trop.
Il ne parle plus des segpa, il a sans doute appris à les éviter.

Cette année de 5e, son seul ennemi connu de moi est une ennemie (horrible à son goût, superjolie au mien), qui est dans sa classe, le suit jusque chez lui, lui envoie des lettres, l'appelle au téléphone, et avec qui il échange généralement des insultes. (voir plus bas)

L'amusant c'est que cette Ennemie je la vois tous les mercredis au judo de tirouquin, puisque tirouquin fait du judo avec la petite soeur de l'ennemie de son grand frère (faut suivre, hein).
Et qu'elle est là, l'Ennemie, avec sa maman avec qui je discute et qui se demande comme moi si c'est du lard ou du cochon, de l'amour ou de la haine, entre nos deux collégiens.
L'Ennemie me fait des grands sourires et échange volontiers 2 mots avec moi, en sachant parfaitement qui je suis, pas les mêmes mots que ceux qu'elle envoie à mon fiston (cf missive ci-dessous).

Je me suis renseigné auprès d'elle car je sais qu'elle fait du judo depuis l'an dernier, en disant que filsainé voulait s'inscrire aussi. J'ai vu l'Ennemie pâlir très nettement de peur à l'idée de voir son Ennemi de classe venir faire du judo avec elle, mais heureusement pour elle, filsainé refuse tout net d'aller au même cours de judo que l'Ennemie.
Il fera peut-être du judo quand même, il existe au moins un autre club dans le coin.

Annexe : voici la dernière lettre d'amour envoyée par l'Ennemie à Filsainé. Comme bru elle ne me déplairait pas, autant pour son franc-parler que pour sa beauté. (ou le contraire)

13 novembre 2006

les chaises musicales

Nous sommes 5 et il y a 5 chaises autour de la table. (une bijection tout ce qu'il y a de plus logique, naturelle et même canonique)
Récemment nous avons adopté un chat perdu sans collier (mais tatoué, castré, vacciné, pov bête) et lui avons installé sa gamelle par terre, à la fois pour lui faciliter ses repas, faciliter les notres (l'odeur des croquettes pour chat est un véritable coupe-faim pour toute personne désireuse de faire un régime) et éviter d'acheter une 6e chaise que de toute manière nous n'avons pas la place de mettre autour de la table.
Titou semble penser différemment avec sa cervelle de matou : chaque fois que l'un de nous se lève pour aller chercher un plat, du sel, du vin de l'eau, un raton-laveur, une machine à coudre ou un parapluie sur une table de dissection, il saute sur la chaise ainsi libérée et se roule en boule sur le coussin confortable avec l'espoir forcément vain d'avoir le temps d'y faire un petit somme. Il s'en fait chasser mais peut recommencer 10 fois pendant le repas. Soit il est stupide, soit ça le ravit d'entendre les éclats de rire des enfants chaque fois que l'un de nous part à la chasse et perd sa place.

Petite devinette à l'attention des amis et connaisseurs de félins. Trouver sur ces photos précisément l'endroit de prédilection élu par Titou pour pioncer les 3/4 de la journée et une fraction importante mais non estimée de la nuit :

12 novembre 2006

je reviens de loin

(même si, en définitive, je n'y suis pas allé)

Une hantise de l'enseignant de fac c'est de perdre une copie d'exam.
J'en vois sourire mais c'est vrai, c'est comme égarer une preuve cruciale pour un enquêteur ou laisser un scalpel dans un patient pour un chirurgien.

ça fait un bail qu'on ne rigole plus avec les modalités d'examens, au moindre écart les étudiants insatisfaits s'engouffrent dans les brêches et font annuler les examens par le tribunal administratif.

Aussi l'enseignant qui a perdu une copie est regardé d'un oeil plus que mauvais par ses collègues et les étudiants et pour la même raison : il oblige tout ce petit monde à recommencer le cirque des épreuves.
Dix ans plus tard, il croise encore sur le campus des jeunes gens qui chuchotent
"regarde c'est le prof qui a perdu une copie en 1976"

Il y a quelques temps mon collègue C. partage un paquet de copies entre lui et moi.
Une erreur que je fais rarement : je ne recompte pas combien de copies il me donne, et j'écoute distraitement ce qu'il me dit. M'a-t-il annoncé 20 copies ? Je ne sais plus.
Je les trimballe un peu partout avec deux autres paquets, et jusqu'en Bretagne.
Mon collègue me transmet sans qu'on se voit, la feuille d'émargement avec ses notes notées dessus. Je recopie mes notes aussi et m'aperçoit qu'en face de la signature d'un étudiant présent il n'y a pas de note. Gasp.
41 présents, 40 notes. Je vérifie mes copies, je n'ai pas la copie de cet étudiant. Apparemment. En lecteur de romans policiers je cherche le coupable :

Il y avait 41 copies, C. a partagé le paquet en deux parties aussi égales que possible à priori, et il a inscrit 21 notes au final. Logiquement je devrais en avoir 20 et je n'en ai que 19. Il ne me vient pas à l'idée qu'il aurait pu en prendre 22 et m'en donner 19 seulement par pure bonté d'âme, et oublier en plus de relever une note. Même si ça m'était venu à l'idée ça m'aurait semblé trop improbable, non ?
L'enfer est pavé de bonnes intentions. C'est bien ce qu'il avait fait, justement. Ce que j'ai découvert seulement après avoir retourné ma maison sans dessus dessous pour retrouver cette copie mystérieuse. Avoir fouillé deux voitures, mon bureau à la fac. Avoir téléphoné en Bretagne, comme si une copie de maths avait pu se cacher sans se faire découvrir chez une instit, un ingénieur, et un bambin de 20 mois.
Avoir écrit un mail précautionneux à mon collègue où je lui exprimais ma crainte d'avoir perdu une copie et lui demandais si à tout hasard il pourrait regarder dans les siennes, sans que cela paraisse une manoeuvre pour lui faire porter le chapeau de ma très probable faute tragique. Et bien sûr avoir tourné et retourné dans ma tête tous les endroits que j'avais pu faire visiter à ces fichues copies. Avoir été désagréable ou distrait avec famille et amis. Avoir songé au seppuku et rejeté l'idée pour cause d'absence de sabre rituel dans les environs.
Et tout ça pour un étudiant qui aurait surement apprécié que je perde réellement sa copie et sa note de 4,5 sur 20 avec.

11 novembre 2006

route 66

La base de l'idée d'aller moi-même chercher fifille à Lyon c'était de faire un peu honte à mon cher père qui avait refusé de venir nous voir à P. au moment où cela permettrait en même temps de rapporter fifille. Sans doute ça lui donnait l'impression qu'on voulait profiter de lui.

A cette base s'est greffée, quand j'ai commencé à visualiser l'opération aller-retour, l'occasion qui ne se reproduirait peut-être pas de passer 6 heures en tête à tête avec ma fille avec guère d'autres occupations que parler elle et moi. (fifille ne dort jamais en voiture, on ne sait pas pourquoi mais c'est un fait aussi bien établi que la dérive des continents).

Il restait encore l'aller que j'envisageais comme ennuyeux et pénible mais qui ne le fut pas, sauf quand même la dernière heure. Je déteste la voiture et j'ai hâte que les longs trajets se terminent mais c'est peut-être surtout lié à la présence, en général, d'enfants qui ne les apprécient guère, et qui sont parfois un peu casse-c....s.

Là tout seul j'étais zen au point que ni les grands-pères allant au marché du village à 5 kms/h ni les théories de camions ne m'irritaient, je n'étais plus pressé, personne ne m'attendait au bout de la route à part moi-même (un peu de philo de pacotille).
J'avais emporté des cassettes audios de ma jeunesse enfuie (un soupçon de lyrisme de pacotille), que je n'avais pas réécoutées depuis plus de 10 ans (surtout faute de magnétophone fonctionnant encore à la maison) et j'ai médité sur ma vie en traversant les paysages de bocage pour ovins du sud de la Vienne et du nord de la Haute-Vienne au son des musiques de Michael Nyman écrites pour les films de Peter Greenaway, puis la Creuse et l'Allier et leurs champs de bovins au son des bandes originales des films de Kieslowski composées par Zbigniew Preisner, les montagnes du Puy de Dôme et du Forez en compagnie de Kathy Berberian chantant les folks songs de son époux Luciano Berio, et en me rapprochant des lieux où j'ai grandi les disques de Genesis des années 70 que j'écoutais ado, tout en zigzaguant entre les terrils stéphanois et en descendant la vallée du Gier ou grimpant dans les Monts du Lyonnais.

Au retour, la première heure j'ai raconté ma vie (enfance et adolescence disons) à fifille de 10 ans, l'occasion ou jamais, avant trop jeune pour comprendre, après elle sera ado. Elle semblait sincèrement intéressée, ensuite on a parlé de sa vie à elle et de ses projets futurs (travailler avec les animaux en général et les chevaux en particulier) et comme je suis irrécupérablement prof dans l'âme j'ai terminé en lui racontant ce que je sais de biologie, de génétique et de lois de l'évolution, à priori elle en aura besoin pour obtenir les diplomes conduisant à ces métiers, n'est-il pas ?
Bon peut-être pas mais j'avais envie.

08 novembre 2006

pendant ce temps (à la demande de Madeleine)

fifille avait été kidnappée par ma propre mère qui l'avait ramenée à Lyon, consentante et en train.
Même si dès le premier soir au téléphone elle avait dit "mes frères me manquent" (les parents peuvent se brosser pour ce qui est de manquer à leur progéniture, apparemment)

Comme d'habitude le séjour à Lyon (plus exactement dans la banlieue familiale) est l'occasion de faire de l'algèbre et plus particulièrement des permutations circulaires :

1e nuit : fifille dort chez ma mère, avec sa cousine ainée M.
2e nuit : fifille dort chez mon père avec 1 ou 2 cousines. (info incertaine)
3e nuit : fifille dort chez ma mère sans cousine.
4e nuit : fifille dort chez ma mère avec seconde cousine L.
5e nuit : fifille dort chez ma soeur avec ses 2 cousines.
6e nuit : fifille dort chez ma mère avec sa cousine L.
7e nuit : fifille dort chez mon père avec sa cousine L.
8e nuit : fifille dort chez ma mère sans cousine.
9e nuit : fifille dort chez ma mère avec moi qui suis venu la rekidnapper.

La beauté de la chose c'est qu'ils savent à peu près toujours où sont les enfants et n'en égarent jamais.

Les journées ne sont pas moins belles que les nuits, ni moins animées :

1er jour : fifille va en ville avec ma mère et sa cousine M., faire les bouquinistes et déguster une glace. Les bouquinistes sont fermés ainsi que les vendeurs de glace, mais elles boivent un coca en tee-shirt tellement il fait beau.

2e jour : fifille part avec mon pere et 3 cousins pique-niquer aux roches-qui-dansent et visiter le palais idéal du facteur Cheval.

Une photo pour ceux qui ne connaissent pas ce sommet du kitsch :





3e jour : fifille va avec ma mère au parc de la tête d'or visiter la plaine africaine, et faire les bouquinistes ouverts cette fois. Il parait que le papa girafe a refusé de déménager dans la plaine africaine contrairement à madame et girafon, et est resté seul comme un con dans son enclos habituel. Je crois bien que les hommes n'aiment pas qu'on bouleverse leurs habitudes.

4e jour : Fifille rend visite au médecin pour une angine et une infection à l'oreille pour cause de boucles d'oreille qu'elle s'est faite elle-même mais en vil métal et qu'elle a inconsidérément portées jour et nuit.

5e jour : Fifille pique-nique avec sa cousine L. et ma mère sur le massif du Pilat, à la cascade du Gier, où elles font des barrages et de l'escalade. (peut-être pas ma mère, pour ces dernières activités). Le soir elles font halloween dans le lotissement des cousins.

6e jour : Fifille va à ciné-filou avec ses cousines, voir le Secret de Kelly-Anne et passer 45 minutes dans la cabine de projection avec un projectionniste passionné. Elle repart nantie de connaissances cinématographiques et de 3 grandes chutes de pellicule pour elle et ses deux frères (là encore les parents peuvent se brosser)

7e jour : fifille fait les bistrots de la place des Terreaux avec sa cousine L. (et sans doute autre chose, et un seul bistrot, en fait)

8e jour : fifille va voir avec sa cousine L., Azur et Asmar, le nouveau dessin animé de Michel Ocelot.

05 novembre 2006

gaïa



Il y a plein de choses en Bretagne mais ce que je préfère c'est ça

ces rochers omniprésents aux formes torturées, qu'on pourrait croire météorites tombées du ciel ou moraines délaissées par des glaciers,
ces falaises succédant à d'autres falaises, ces ilots, ces récifs, cet univers minéral fantasque et fantastique, toujours renouvelé et jamais identique.

Pour notre première promenade ce fut une plongée dans le passé historique,


lointain avec les alignements de menhirs de Lagatjar, sorte de Carnac de poche,

plus proche avec les ruines du manoir de Saint-Pol-Roux, que les deux gars ont explorées avec enthousiasme, imaginant les pièces telles qu'elles étaient avant,




et avec une quantité sidérante de bunkers allemands, curieusement survolés par un hélicoptère de l'armée d'aujourd'hui.
Bunkers que ces deux mêmes garçons ont parcouru en recréant les conditions d'il y a une demi-siècle, les canons allemands tirant sur les bombardiers alliés les pilonnant jusqu'à les faire taire pour toujours.



Pour notre seconde promenade je projetais d'aller voir de plus près la pointe et le sémaphore de Toulinguet, attiré par ces rochers à l'allure de Titanic de granite en train de sombrer.

Mais c'était sans compter sur l'obsession du secret de l'armée française, interdisant par un rempart l'accès à toute la pointe.





On s'est alors rabattu sur la plage de Pen-Hat, et les rochers la bordant, où les deux gars se sont distraits avec leur occupation favorite : observer les vagues explosant sur les récifs.
L'un les observant d'assez près pour se faire éclabousser, à sa grande joie, et l'autre d'assez loin pour se recueillir tel un sage à la robe de safran.



Il y avait aussi grâce aux nuages et au soleil des superbes jeux de lumière, avec des puits de blancheur tombant sur la mer en divers endroits.


Difficiles à rendre en photo.


Pour notre troisième promenade on repartit des bunkers pour aller jusqu'à l'extrémité de la pointe de Pen-Hir, tirouquin grognant qu'il avait froid, qu'il avait faim, et qu'il était fatigué, tout ça au bout d'un quart d'heure, ce qui ne l'a pas empêché de finir la promenade deux heures plus tard en courant sans manteau dans les sentiers de la lande, y trébuchant d'ailleurs, ce qui explique que le jeune homme tient sa main blessée par des ajoncs méchants qui s'étaient indignement mélés à la bruyère gentille.

Encore plus de photos en cliquant

03 novembre 2006

6 jours en petite Bretagne


Il était difficile d'aller plus à l'ouest sans tomber dans l'océan, nous étions à Camaret, à une des pointes de la presqu'ile de Crozon.

(ou alors il aurait fallu être un géant pour sauter d'un ilot à un autre des Tas de Pois)

En quelques jours la température est passée de 20 à 10 en milieu de journée, rendant les sorties et promenades plus pénibles qu'agréables.

Sans parler des brumes et crachins qui, n'en déplaise à ma consoeur Alice dans son micro-climat du golfe du Morbihan, ne sont pas rares dans le Finistère à la Toussaint.






Du coup, à l'abri des murs de mon beau-frère nous avons eu tout loisir de nous perfectionner en construction de kaplas.

Et tirouquin a aidé à la pose de la tapisserie pour la chambre jaune et verte d'un futur mini-cousin à naître prochainement. Bien que sa participation fut plus symbolique qu'effective, elle gagnera certainement l'immortalité grâce à ces quelques secondes de film.



Il serait malhonnête d'affirmer que nous n'avons pas profiter du soleil et de la mer mais ce sera conté et montré dans une prochaine note, de même que les joies et les peines de fifille qui elle était partie dans la direction opposée et que d'ailleurs je dois aller chercher à Lyon demain, malgré les dragons vindicatifs, les armées ennemies, et les plus probables embouteillages.