la valeur n'attend point le nombre des années

Les rodomontades de tirouquin me font sourire mais m'inquiètent parfois, surtout quand je m'aperçois que le sens des réalités n'est qu'à peine plus développé chez le préado de 11 ans, qui a depuis septembre une clé et le droit d'aller et venir seul entre la maison et le collège.
De temps en temps je me souviens que je dois les instruire de certains dangers et je leur rappelle les régles de base et on me répond :

"si je rencontre un voleur d'enfant je lui mets un coup de genou dans les c... puis je l'assomme"

si c'est tirouquin j'ai droit à des trucs en plus

"et je le découpe les jambes avec mon sabre laser"

Pas question pour eux d'envisager de crier ou d'appeler au secours, non non, pas besoin et puis trop la honte.
Le plus curieux c'est que préado n'envisage pas de se défendre contre les segpa qui l'agressent, puisqu'ils sont plusieurs contre lui, mais un adulte prédateur tout seul, aucun problème. Il en fait son affaire.
Peut-être parce que c'est un fantôme vague et imprécis ?
Je ne me souviens plus comment j'étais au même âge, mais je doute avoir pensé ainsi.
Je me demande s'il pourrait y avoir un lien avec une tendance forte de la littérature jeunesse actuelle, que je découvre avec eux, aimant lire ce qu'ils lisent.
Le plus symbolique est ce jeune héros d'une série d'espionnage, Alex Rider.



Les livres sont plaisants à lire, je souris tout seul en comptabilisant les millions de personnes qu'Alex Rider a sauvé au cours de 6 aventures qu'il a vécu entre 14 et 15 ans, et les dizaines de criminels, brutes et autres tueurs qu'il a neutralisé à lui tout seul, grâce à un mélange d'astuce, de courage, de prises de karaté et de gadgets à la James Bond.
Fifille et Préado qui les dévorent ont-ils la même conscience que moi de l'irréalisme total de ces romans ?
Les héros de la littérature-jeunesse ont souvent été des enfants et des adolescents, mais j'ai le sentiment que maintenant ces héros sont capables de triompher des adultes avec une facilité déconcertante, comme si les adultes étaient les faibles et les enfants les plus forts.
Dans le monde de la magie le même principe de base prévaut : à part Dumbledore, aucun adulte n'arrive vraiment à la cheville d'Harry Potter, et il survit même, là où Dumbledore périt.

Les filles ne sont pas en reste, Atalante, à peine sortie de l'enfance, triomphe d'un sanglier fantastique tandis que des chasseurs expérimentés échouent. Seule différence, les héroïnes n'aiment pas la violence et si Atalante sauve un roi et une amie pendant la guerre de Troie, elle ne combat pas.



A cet âge je lisais également une série d'espionnage simpliste (Langelot agent secret), mais le héros tout jeune qu'il soit, était adulte. (de justesse, 18 ans)

Ou alors c'est moi qui vieillit et m'imagine à tort qu'un adulte est presque toujours plus fort, plus expérimenté, plus savant, ou plus dépourvu de scrupule, qu'un jeune ?
Ou peut-être qu'au fond les jeunes le savent bien que ce monde est celui des adultes qui y font régner leur loi sans partage, et ces livres sont un baume pour l'amour-propre meurtri de mineurs généralement abonnés à l'obéissance.

Mais ça ne résout pas mon problème éducatif, tout ça.