19 janvier 2006

les écureuils, les lapins et les amis

je blogue moins parce que je travaille plus.
ça va en faire rire quelques uns qui savent le nombre d'heures exact mais c'est qu'ils n'ont pas réfléchi au fait que la nature a horreur du vide et qu'à ma connaissance tous les gens remplissent leur temps d'une façon ou d'une autre (retraités y compris).
Alors lorsqu'un changement intervient, une reprise de travail par exemple, c'est toute notre façon de régir notre temps qu'il faut revoir.
Il a bien fallu que je place mes cours et la préparation de mes cours dans ce temps qui était le mien et ne l'est plus autant.
Il faut bien que je prépare des étudiants à devenir enseignants afin qu'ils enseignent les maths à leur tour, aussi bien, ou aussi mal, que je les leur ai enseignées.
A mes enfants en particulier, ce qui me motive ou me désespère, selon l'humeur.
En attendant et tandis qu'ils tâchaient de résoudre l'équation différentielle que je leur avais aimablement fournie, je vis par la fenêtre de la classe un écureuil s'approcher à petits pas vifs et brusques d'un platane et y grimper à toute allure, suivre une branche horizontale, se jeter sur une branche du platane suivant, la descendre en accélérant en direction du tronc, et recommencer comme ça 5 ou 6 fois, avant de redescendre au sol au pied de celui sur lequel il était arrivé, 50 ou 60 mètres plus loin.
Maintenant je me demande pourquoi il n'avait pas fait tout cela à terre mais sur le moment ça paraissait naturel et logique.
Et enchanteur tant la nudité complète des arbres me laissait profiter de tous ses gestes et cabrioles.
Une fois à terre il est arrivé au bord de la route, et il l'a traversée, puis je l'ai perdu de vue. Mais ce qui m'a scié c'est qu'il s'est arrêté un instant au bord du trottoir comme pour regarder avant de traverser.
C'est peut-être la sélection naturelle qui fait que maintenant les écureuils regardent avant de traverser, ou bien les écureuils ont plus d'intelligence que je ne leur en prêtait, en humain prétentieux.
Beaucoup de bavardage pour dire que sur le campus de temps en temps je vois des écureuils, à intervalles très irréguliers.
Ce n'est pas la peine de se lever le matin en se disant "je vais chercher du regard un écureuil aujourd'hui et je vais en découvrir un", ça ne marche jamais.
Pas plus que de se lever le matin en se disant "je vais trouver un ami".
Les écureuils et les amis arrivent mystérieusement.
Les lapins aussi.
Je veux dire il m'arrivait aussi de croiser des lapins sur le campus, mais pas depuis quelques années. Peut-être ils ont déménagé.
Les lapins et les amis ne disparaissent pas de la même façon. Quand un ami disparait c'est plutôt comme une porte qui claque si fort que toutes les vitres se brisent et que tous les tableaux tombent des murs.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

moi, c'était les hérissons écrasés, puis les canards puants, maintenant c'est les pigeons dans les bâtiments.

tes amis partent en le signalant au moins, les miens font ça plus subtilement, comme une onde sournoise que tu ne perçois pas (veux pas percevoir ?), t'y crois encore (on est vivant, tant qu'on est… jconnais pas la suite), et puis un beau jour (ou peut-être… nan, j'arrête) tu te retournes et tu t'aperçois que t'es tout seul sur le chemin, que l'autre marche toujours, mais ouh là, far far away... arf, pincement juste-là-ousque-ça-pince-toujours mais tant pis…

les martinets sont partis, mais ils reviendront… l'année dernière, ils étaient là le 9 mai. C'est seulement à ce moment que tu peux te dire que c'est le "beau temps", pour de vrai. Aucun rapport.

dé.K.lée a dit…

je regarde par la fenetre de mon bureau et je ne vois rien.
mais parfois j'apperçois un ami ou un colibri.
parfois...

tirui a dit…

B., je préfère mes écureuils dis-donc, mais je ne sais pas si je préfère mon modèle d'amis à ceux dont tu parles, peut-être ça me conviendrait mieux qu'ils s'en aillent petit à petit.

dé.k.lée, je ne suis pas spécialiste en oiseaux mais je ne crois pas qu'il y ait des colibris par ici, d'un autre côté tu n'as peut-être pas d'écureuils tout là-bas, ça compense. :-)

Anitta a dit…

Equation différentielle pour tes étudiants, équation tangentielle pour l'écureuil (les branches des arbres utilisées par l'écureuil étant inclinées à 60°, calculez sa vitesse de déplacement et déterminez, du coup, la vitesse de rotation de la Terre), équation temporelle pour l'auteur de ce blog (travaillant x heures par semaine, consacrant y heures à ma famile, trouvez le nombre de billets z que contiendra ce blog le 2 mai 2006, fin de l'année universitaire)... Je trouve cette note très philosophique, Tirui. Finalement, à te lire je suis d'accord avec toi : la vie est une grande équation au résultat improbable et mouvant, et dont nous sommes les inconnus...

tirui a dit…

sauf que les maths c'est bien plus simple que la vie. (hélas)

ps : la vitesse de rotation de la terre diminue, mais pas à cause des écureuils, à cause de la lune.

Anonyme a dit…

Pareil pour les leprechauns, ils traversent quand tu ne t'y attends pas !

tirui a dit…

ah ! eux par contre je ne crois pas les avoir vus sur le campus.

LiliLajeunebergere a dit…

sur le campus de poitiers, il y a aussi des oiseaux qui se splatchent contre les vitres.
Comme nous, des fois.

est-ce que tu as moyen de savoir si mon prof chéri enseigne toujours de l'autre côté de la route?

LiliLajeunebergere a dit…

j'ai trouvé la réponse grâce à gougueule.
Je vais venir faire un pélerinage à poitiers huhu

tirui a dit…

ah ? moi j'ai cherché "prof chéri jeune bergère" avec google mais j'ai pas trouvé. :-/

ps : je te l'ai déjà dit mais quand tu viens à poitiers tu as le droit de passer prendre le gouter (thé + gaufres au nutella)