11 novembre 2006

route 66

La base de l'idée d'aller moi-même chercher fifille à Lyon c'était de faire un peu honte à mon cher père qui avait refusé de venir nous voir à P. au moment où cela permettrait en même temps de rapporter fifille. Sans doute ça lui donnait l'impression qu'on voulait profiter de lui.

A cette base s'est greffée, quand j'ai commencé à visualiser l'opération aller-retour, l'occasion qui ne se reproduirait peut-être pas de passer 6 heures en tête à tête avec ma fille avec guère d'autres occupations que parler elle et moi. (fifille ne dort jamais en voiture, on ne sait pas pourquoi mais c'est un fait aussi bien établi que la dérive des continents).

Il restait encore l'aller que j'envisageais comme ennuyeux et pénible mais qui ne le fut pas, sauf quand même la dernière heure. Je déteste la voiture et j'ai hâte que les longs trajets se terminent mais c'est peut-être surtout lié à la présence, en général, d'enfants qui ne les apprécient guère, et qui sont parfois un peu casse-c....s.

Là tout seul j'étais zen au point que ni les grands-pères allant au marché du village à 5 kms/h ni les théories de camions ne m'irritaient, je n'étais plus pressé, personne ne m'attendait au bout de la route à part moi-même (un peu de philo de pacotille).
J'avais emporté des cassettes audios de ma jeunesse enfuie (un soupçon de lyrisme de pacotille), que je n'avais pas réécoutées depuis plus de 10 ans (surtout faute de magnétophone fonctionnant encore à la maison) et j'ai médité sur ma vie en traversant les paysages de bocage pour ovins du sud de la Vienne et du nord de la Haute-Vienne au son des musiques de Michael Nyman écrites pour les films de Peter Greenaway, puis la Creuse et l'Allier et leurs champs de bovins au son des bandes originales des films de Kieslowski composées par Zbigniew Preisner, les montagnes du Puy de Dôme et du Forez en compagnie de Kathy Berberian chantant les folks songs de son époux Luciano Berio, et en me rapprochant des lieux où j'ai grandi les disques de Genesis des années 70 que j'écoutais ado, tout en zigzaguant entre les terrils stéphanois et en descendant la vallée du Gier ou grimpant dans les Monts du Lyonnais.

Au retour, la première heure j'ai raconté ma vie (enfance et adolescence disons) à fifille de 10 ans, l'occasion ou jamais, avant trop jeune pour comprendre, après elle sera ado. Elle semblait sincèrement intéressée, ensuite on a parlé de sa vie à elle et de ses projets futurs (travailler avec les animaux en général et les chevaux en particulier) et comme je suis irrécupérablement prof dans l'âme j'ai terminé en lui racontant ce que je sais de biologie, de génétique et de lois de l'évolution, à priori elle en aura besoin pour obtenir les diplomes conduisant à ces métiers, n'est-il pas ?
Bon peut-être pas mais j'avais envie.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Prendre le temps de ces petits tête-à-tête père/fille c'est vital! A X-ans (!!) j'adore encore quand je me retrouve seule avec mon père pour qu'il écoute tous mes malheurs et moi ses bonheurs!! Il sait mieux que quiconque comprendre ce qui me tracasse... c'est un papa super! Fifille n'en pense pas moins j'en suis sure (enfin, au cas où, n'insiste pas trop sur les théories de l'évolution... elle pourrait écourter vos tête-à-tête! ;o)

Anitta a dit…

Eh oui ! Les longs trajets en voiture, il n'y a rien de tel pour pousser les feux d'une conversation vraiment privée... Et bravo si tu en as profité pour faire découvrir Michael Nyman à fifille (les autres, comme Vroumette je ne les connais pas ;)

Anonyme a dit…

Wow, je ferais bien 6 heures de route dans de telles conditions : à l'aller au milieu de tous ces paysages fabuleux (mmm, le Puy du Dôme, que de beaux souvenirs) et au retour, en tête à tête avec une de mes fifilles (mes gars ne sont pas trop bavards, les 6 heures auraient semblé un peu longuettes). Avec de la super musique en plus, n'importe quand!

Anonyme a dit…

ahhh les longs trajets en voiture

j'avoue adorer ca, seule ou avec les lutins , a deviner la couleur de la voiture qui nous double, prendre le temps de s'arreter de revasser

j'avoue attendre l'ete avec impatience afin de refaire mes periples a travers la france

et je decouvre les grandes discutions avec grandlutin de 5 ans....

tirui a dit…

nanoo, j'espere que de temps en temps tu as des bonheurs à raconter à ton papa ;-)
(il n'y a pas d'histoires vraies plus prodigieuses que l'histoire des êtres vivants pendant les presque 4 derniers millions d'années).

vroumette, pas chiche, je n'aime pas les motos. (mais j'aimais bien siouxsie)
j'ai écouté des tas de trucs, surement comme toi aussi mais le monde des musiques est aussi vaste que l'humanité; si j'étais plus doué en informatique j'aurais mis des extraits.

anitta, à vrai dire je préfèrerai faire la même chose (long tête à tête) pendant une randonnée à pieds mais j'ai pris l'occasion qui m'était offerte par le destin. Par contre la musique c'était seulement seul à l'aller, on n'aurait pas bien pu causer si j'avais mis de la musique avec fifille.

mamounia, c'est parfois l'inconvénient des grandes familles, non ? on est rarement en tête à tête avec les uns et les autres.

cahuette, comment ? tu te fais doubler ? et tes lutins ne protestent pas ?
(tu as encore quelques mois à attendre l'été avec impatience, hein)

leymia a dit…

Bon d'accrod ça valait le coup de faire le trajet. Mais quand même t'as du courage, parce que moi déjà, pour aller jusque dans l'Allier 2 fois par an je trouve la route longue et chiante alors jusqu'à Lyon ...

tirui a dit…

leymia, tu n'as pas de chance parce qu'effectivement la route est longue et chiante...seulement jusqu'à l'Allier hu hu
après c'est que de l'autoroute et ça s'avale en 2h et quelques. :-)