31 mai 2007

Mais tout ça c'est du boulot, du boulot, du boulot (copyright les Têtes Raides)

Je me rends compte avec surprise que j'ai bien du mal à écrire sur le reste de mon existence quand j'ai la tête trop au boulot. Alors autant en parler. Mais j'espère que ça ne va pas durer, autant pour vous que pour moi.

Ce matin, je suis à nouveau parti tôt pour la fac sans savoir si j'allais avoir un public.

Autrefois les étudiants français passaient leurs examens en juin, et s'ils échouaient ils avaient une seconde chance début septembre, lors de la seconde session, dite session de rattrapage.
Dans le louable but de ne pas leur gâcher leurs 3 mois de vacances d'été, il a été décidé de rapprocher les deux sessions, et de mettre la première en mai et la seconde en juin. Exit la si odieuse session de septembre.

L'enfer étant pavé de bonnes intentions, c'était sans compter sur une autre réforme arrivée en même temps : la semestrialisation.
Aucun enseignement ne dure plus toute l'année. La moitié ont lieu de septembre à Noël, l'autre de janvier à mai. Ce qui fait que c'est seulement pour la moitié des enseignements que les deux sessions se sont rapprochées. Pour l'autre moitié elles se sont plutôt éloignées par rapport à la situation de jadis. Un étudiant collé en décembre à un examen le repasse en juin, en ayant entre temps consacré ses neurones et ses efforts à d'autres enseignements.
Heureusement il y a le soutien pour lui rafraichir un peu la mémoire.

Car comme les profs ne semblent pas faire grand chose entre les deux sessions pourquoi ne pas les occuper en leur faisant faire du soutien inter-sessions aux étudiants ayant raté la première ? ce qui augmenterait peut-être les taux de réussite de la 2e session, qui sait ?
(l'idée de la seconde session m'a toujours laissé perplexe, les mêmes causes produisant les mêmes effets, je n'ai jamais trop compris comment un étudiant qui n'avait pas le niveau pouvait bien l'avoir trouvé 1 mois ou même 2 mois plus tard, sauf à supposer qu'on baisse le niveau demandé à la session de rattrapage, mais là je ne vais pas me faire des amis de mes lecteurs ayant obtenu leurs diplomes en plusieurs fois).
Dans tous les cas le soutien a un effet pernicieux, c'est que les étudiants espèrent que les quelques heures de soutien vont leur éviter de longues révisions solitaires et que, en gros, le prof va traiter pendant le soutien le sujet d'examen qu'il va leur donner quelques jours plus tard. En quoi ils n'ont même pas vraiment tort.

Donc à cette époque de l'année, l'enseignant d'université se met au soutien scolaire, ça peut même lui rappeler des souvenirs de jeunesse, bien que ça ne doit pas être le but premier, j'imagine.
Là où ça devient rigolo c'est dans des enseignements peu fréquentés et où en plus le taux de réussite est élevé, de telle sorte qu'il y a peu d'étudiants collés, donc peu d'étudiants concernés par un éventuel cours de soutien, qui n'a rien d'obligatoire.
Ce matin j'allais donc pour voir si parmi les deux étudiants de licence de physique qui devaient repasser leur enseignement de maths du premier semestre il y en aurait 0,1 ou 2 d'intéressé par la perspective de passer 4 heures en ma compagnie.
J'espérais -un peu comme lundi- qu'il n'y en aurait pas, et comme lundi j'ai été déçu dans mes espérances.
Il y en avait 1 que cela intéressait.
J'aurais pu espérer qu'il trouverait que 4 heures c'était un peu long, seul avec un prof, mais non il a tenu le coup pendant 4 heures de cours particulier (je crois bien que ça s'appelle comme ça lorsqu'il y a un seul élève pour un enseignant).
Un cours particulier gratuit pour lui mais pas pour vous (du moins si vous payez vos impots en France)
Parce que ces 4 heures de cours particulier comptent dans mon service d'enseignement et que si on suit l'opinion vulgaire qui veut que les profs soient en vacances quand ils ne sont plus devant les élèves, et qu'on divise mon salaire par le nombre d'heures que je passe effectivement devant mes élèves, le cours particulier que j'ai donné ce matin coute plusieurs centaines d'euros.
Et cerise sur le gateau, c'était un étudiant anglais du programme Erasmus.
Cela ferait surement plaisir à notre bien aimé président fan de charters d'apprendre que l'état dont il a désormais la charge débourse plusieurs centaines d'euros pour offrir un cours particulier à un étudiant étranger, non ?
(même si on peut supposer que mini-président préfère les étrangers anglais aux étrangers gabonais, par exemple)

D'un autre côté s'il n'était pas venu, j'aurais été payé pareil, juste pour être passé constater l'absence d'étudiants.

14 commentaires:

Anonyme a dit…

depuis quand les étudiants Erasmus vont-ils en cours ? :-D

Marianne a dit…

Ouah un cours particulier avec Tirui, la chance ! :-)

Pour les sessions de rattrapage, je dirais que c'est pour éviter que des événements extérieurs n'empêchent quelqu'un de méritant d'avoir son diplôme. Par exemple pour quelqu'un qui avait la grippe le jour de l'examen... non ?

leymia a dit…

50 % de présents je trouve que c'est un bon score ;-)

tirui a dit…

erika, je n'en connais pas beaucoup, les quelques uns que j'ai eu me semblaient bosser, au moins autant que les autres, ce qui n'est peut-être pas une référence, remarque.

marianne, je crois bien que c'était pour lui comme pour moi un devoir bien plus qu'un plaisir ;-)
moui la grippe le jour de l'examen, ça arrive parfois, mais bon.

leymia, c'est ce que m'a dit un de mes collègues qui a eu 33% (1 étudiant sur 3) :-))

FD-Labaroline a dit…

J'adore la reflexion de la fin...y a t il d'ailleurs encore beaucoup d'étudiants gabonais..? Pour ce qui est des sessions de rattrappage (version juin-septembre à mon époque) j'ai presque toujours bénéficié de ces largesses de l'Administration universitaire ; cela permettait à mes camarades et à moi de séparer nos révisions : nous révisions à fond la moitié des matières et on gardait non pas le meilleur pour la fin mais comme font les gamins dans leur assiette, le kkberk (pardon...)à réviser l'été, l'esprit plus dispo. Du coup oui, on pouvait passer de 02/20 en droit du transport en juin à 12/20 dans la même matière en septembre. Tu n'y avais pas pensé à cette technique-là ?!

Anonyme a dit…

moi aussi je veux un cours particulier !!!
mais pas en maths....

Anonyme a dit…

je viens de m'appercevoir en me relisant que mon commentaire precedent est un poil tendancieux

mais non non c'est pas ca , juste que je veux pas des cours de maths , heing??!! d'autre chose...

je m'enfonce??

ok, je suis au cafe alors.....

tirui a dit…

non, FD, je n'y avais pas pensé, j'étais bête et discipliné, je voulais toujours réussir mes examens du premier coup et je travaillais toute l'année et pas particulièrement à l'approche des examens O:-)
(d'un autre côté je n'avais pas de trucs aussi enthousiasmants (!) que le droit du transport)

cahuette, tu es mignonne, hein, on va mettre tout ça sur le compte des pertes neuronales dues à la grossesse :-))
(tu veux des cours d'anatomie comparée ? )

L'archipel d'Arthur a dit…

C'est quand même très cool que dans ta fac il y ait des cours de soutien gratuit entre les deux sessions...

Moi même qui suit en vacances (ouf) depuis quelques jours (et d'ailleurs mes études de cinéma sont pas exeptionnellement difficiles), mais pour certaines personnes qui suivent des cursus bien durs ces cours de soutien ça les aiderait bien. Mais peut-être que certains profs n'ont pas envie de vraiment faire l'effort...

Petite question que je me pose souvent quand je vois les profs à la fac : "sont ils très occupés une fois que leurs cours sont donnés ?"

C'est le mythe du prof qui glande, en tout cas ton blog nous montre que les profs savent avoir de l'humour !!!

Anonyme a dit…

pfff je ne repondrais meme pas....

Anonyme a dit…

Ah, ça je l'ai toujours dit que les profs sont trop payés ;-)) mais personne veut me croire ... chcomprends pô

tirui a dit…

bertrand, le soutien est décidé au niveau des UFR, pas au niveau des profs donc par exemple quand j'ai du soutien ce n'est pas un choix personnel, hein (même si j'aime bien, c'est plus cool qu'un cours normal)
Vaste question de savoir ce que fait un prof de fac en dehors des heures (rares) où il est devant des étudiants. Pour ce que j'en sais ils vont à la fac du matin jusqu'au soir, alors que rien ne les y oblige. Peut-être il ou elle veut échapper à un conjoint ou des enfants pénibles, qui sait :-))
enfin moi je n'aime pas y passer mes journées.

cahuette, du strict point de vue de la logique mathématique je te signale que tu as répondu, démentant ainsi ta propre affirmation. ;-)

pingouinelle, je pense que c'est surtout les allocations pour familles très nombreuses qui sont ridiculement élevées :-))

Anonyme a dit…

Ben dis donc, tu cherches à nous auto-saborder en disant qu'on ne doit être payé que les heures devant élèves ???
Bon, alors je veux que les ministres ne soient payés que quand ils sont en conseil, les députés que quand ils sont à l'assemblée, les vendeurs que quand il y a des clients, etc... ;-)
Tiens, finalement, c'est une bonne idée, en fait ;-p

tirui a dit…

eddie, je suis bien content d'apprendre que je fabrique des bonnes idées sans le savoir. O:-)