18 juin 2005

Bénédiction de Dieu dans la solitude

ça fait 2 ou 3 ans que j'ai appris grâce aux bruits de couloirs que dans le zouli métier que j'ai :

- "il faut ouvrir grande la porte du bureau quand on reçoit un(e) étudiant(e)" (limite faut l'enlever de ses gonds et la mettre dans le couloir qui bruisse)

- "il ne faut pas faire cours à un(e) étudiant(e) tout(e) seul(e)". (je ne crois pas que ça compte s'il vient avec son caniche mais s'il vient avec sa grand-mère, ça doit être bon, sauf si elle est sourde et aveugle peut-être)

Jusque là ça me faisait rire mais ça ne me dérangeait pas trop, de toute façon j'ai jamais osé faire des avances à une étudiante quand j'étais jeune et beau, je vais pas essayer maintenant que je suis vieux et décrépi. (le crépi est tout parti, ça s'appelle l'érosion, y a rien à faire, tout s'Hérode, comme disait Salomé)
(et puis pas non plus à un étudiant, ça me branche pas, sorry)
Donc j'ouvre ma porte grande ouverte. (redondance ou pléonasme, that is the question)

Bon je dis ça mais en réalité je n'ai jamais reçu le moindre papier officiel causant de ça, si ça se trouve ce sont mes collègues qui se sont mis d'accord pour me faire une blague compliquée et de longue haleine dont l'intéret m'échappe totalement.

Un truc qui n'est pas de la blague et qui s'accidente avec les régles non écrites ci dessus (enfin maintenant si, elles sont écrites ci-dessus), c'est la réforme LMD.
LMD pour licence master doctorat, pas pour Libérons le Monde Diplomatique ni Louons le Marketing Direct;
et réforme, à mon avis y a pas de rapport avec les vaches de réforme qu'on engraisse pour les tuer, quoique...

Peut-être c'est pas là dedans d'ailleurs mais comme c'est arrivé en même temps, je suis excusable si je me plante, il y a le rapprochement des deux sessions d'examens et l'apparition des cours de soutien entre les deux. (et non l'apparition de la Vierge entre l'âne et le boeuf).
Pour être plus clair, en 1 seul mois il faut qu'il y ait des examens, qu'ils soient corrigés, qu'on ait remonté les notes autant que la décence le permettait au cours de délibérations sottegrenues, qu'on donne des cours de soutien aux étudiants qui ont réussi à rater, qu'on redonne des examens, et qu'on redélibère avec espoir et fermeté (encore que la fermeté, bon, ça dépend, certains la réservent peut-être aux années bissextiles impaires avec neige au mois d'avril).

Avec ce nouveau petit jeu il arrive que presque tous les étudiants soient reçus dès la première session, sauf un, vraiment incurable.
Alors quand il se pointe forcément tout seul au cours de soutien, on lui dit "non désolé, fallait pas être le seul cornichon recalé", et le jour de l'examen, "désolé, vous reviendrez quand vous serez plus nombreux".

Bon en fait non, j'ai juste laissé la porte grande ouverte, faut pas déconner, on ne peut pas être aussi cinglés qu'aux States. Enfin pas déjà, ils sont précoces là-bas, et nous un peu retardés.
Et je lui ai donné son diplome parce que quand même il s'est déplacé (tout seul) deux fois, ça force le respect, et puis comme ça il ne me fera pas de proces pour harcelement sexuel rien que pour se venger...

Une qui aurait presque pu c'est la jolie Fanny de géosciences. Elle aussi elle est venue toute seule à un cours de soutien. Non pas qu'elle était recalée, elle n'en savait rien la pauvre, car mes collègues géologues ils sont fortiches, ils font les délibérations après les cours de soutien, comme ça les étudiants ils se demandent comme Hamlet : "ai-je raté et dois-je aller en cours de soutien ? vais-je y aller pour rien alors que j'ai réussi ?"
Tous les étudiants ont opté pour la deuxième solution, sauf une, courageuse et méritante. J'aurais du lui répondre : "désolé, mais tu t'es déplacée pour rien, tu aurais mieux fait de rester au lit comme les autres, à cause desquels je ne peux pas te donner un cours de soutien".

Au lieu de ça j'ai laissé la porte béante et je me suis assis juste à côté d'elle, à faire des maths en contemplant ses bras blancs satinés et son profil juvénile, pas seulement pour le plaisir des yeux, aussi afin de la récompenser de sa motivation pour réussir.
J'aurais pu me garder ma récompense absurde d'ailleurs car 3 jours plus tard, elle a enfin su qu'elle avait eu son diplome dès la première session.
Au contraire de 6 ou 7 rigolos qui s'étaient pas déplacés.

Tout ça pour dire que si vous passez par là, la porte est toujours grande ouverte comme dans la maison bleue adossée à la colline et vous êtes les bienvenus.

4 commentaires:

*isadora* a dit…

Jamais de "Louons le Marketing Direct", malheureux !

Mettre du Shakespeare dans l'inorganisation, bravo ;)

tirui a dit…

pourquoi ça , isa ?
le marketing direct, c'est pas quand un papy vient vendre au marché les fruits de son verger ?

a n g e l a dit…

c'est rigolo ce que tu racontes mais en même temps ca m'affliges tiens. La prochaine fois essaie de ne pas me laisser le cul entre deux chaises, la position est périlleuse.

tirui a dit…

j'essaierais mais d'un autre côté comme j'ai rien compris à ce qui te chagrinait, la seule solution c'est que j'arrête ce blog, ce qui est plutot bien parti puisque je passe mon temps à remplir mes commentaires au lieu de poster de nouvelles entrées dedans.